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Andres Iniesta : «Guardiola est le modèle des modèles»
Publié dans Le Buteur le 19 - 06 - 2009

Teint blafard, l'air fiévreux, Iniesta ressemble à un petit oiseau malade. Look de puceau, voix mal assurée, c'est à peine s'il ne s'excuse pas de répondre.
C'était latent la saison passée, c'est désormais officiel, Andres Iniesta est le successeur de Ronaldinho. Sur le terrain, le passage de témoin avait été déjà plus ou moins officialisé en milieu de saison dernière (Ronnie n'était plus titulaire, laissant de fait son aile gauche à Iniesta). Côté marketing, le changement est aussi prononcé, Nike a fait d'Iniesta la nouvelle star du Camp Nou où trône son portrait près du moindre swoosh visible. Côté boutique, c'est le maillot le plus mis en avant (Messi étant un joueur Adidas). On s'étonne d'ailleurs de ne trouver aucun maillot de son concurrent direct sur le côté gauche : Thierry Henry. Les deux joueurs partagent aussi la “sala presidencial” où le 14 donne une interview à un média japonais, dans un espagnol parfait, pendant que se présente la nouvelle star du Barça. Teint blafard, l'air fiévreux, Iniesta ressemble à un petit oiseau malade. Look de puceau, voix mal assurée, c'est à peine s'il ne s'excuse pas de répondre. Profil de Bayrouiste ibérique en puissance, ni trop chaud, ni trop froid, sa position préférée, c'est, comme il dit, «au milieu».
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Vous réagissez comment face à ça (le jour de l'interview, il fait la Une du célèbre quotidien catalan Sport, Iniesta en photo titrée “Tan bueno como Ronnie” - “aussi bon que Ronaldinho) ?
Je la découvre, ben oui, c'est sûr que ça fait plaisir, c'est assez flatteur, ça veut dire que je fais bien mon travail non ? Disons que c'est aussi une source de motivation pour continuer.
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C'est aussi quelque part une certaine forme de pression ?
Non, non vraiment pas. Ce que vous pouvez appeler “pression”, moi je vais l'appeler responsabilité, et cette responsabilité, je la ressens chaque fois que je suis sur le terrain.
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Vous avez commencé à jouer au football avec Albecete qui, traditionnellement, fournit les équipes de jeunes du Real Madrid, mais vous vous êtes retrouvé au FC Barcelone...
La vraie histoire, c'est que suite à un tournoi que j'ai disputé lorsque j'avais 12 ans, des gens du Barça sont venus me voir. D'une manière assez classique, ils m'ont proposé de venir voir de moi-même les installations du club, j'ai aimé La Masia (la célèbre cantera, le centre de formation de Barcelone, ndlr), la philosophie qui l'entourait ; ma famille s'est tout de suite sentie en confiance et a constaté le sérieux du club, j'ai dit oui et c'est comme ça qu'a commencé mon histoire au FC Barcelone.
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A 12 ans à peine, dans une autre ville, une autre région, sans amis ni parents...
(il coupe) Oui ça a été très difficile pour moi, et pour être franc, j'espère que ce seront les mois les plus difficiles de toute ma vie. Quitter son nid à 12 ans pour devenir footballeur, c'est quelque chose de très compliqué.
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Vous aviez eu envie de tout arrêter ?
Je mentirais si je disais non, oui, j'y ai pensé dans des moments délicats, notamment la nuit, où l'état d'esprit n'était pas au mieux. Mais heureusement, les coéquipiers, ou même le directeur de la Masia, m'ont beaucoup aidé.
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Vous sentiez que vous aviez quelque chose de plus que vos coéquipiers ?
Oui et non. Vous sais, quand vous êtes enfant, vous ne pensez qu'à vous amuser avec le ballon, mais à la fois, je savais très bien que je mettais les pieds dans une institution très importante, chacun de nous avait ce rêve d'un jour jouer pour le Barça, pour notre équipe première.
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A partir de quand avez-vous senti que ça pouvait devenir vraiment sérieux ?
Vers mes 16 ans. Quand vous jouez avec le Barça B, c'est qu'il y a déjà quelque chose, que ça peut se concrétiser.
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C'est Van Gaal qui vous faisiez débuter. Van Gaal, c'est quelqu'un qui ne laisse personne indifférent dans l'histoire du club. Il représente quoi pour vous ?
Pour moi, c'est bien entendu un des hommes qui ont le plus compté dans ma carrière, c'est lui qui m'a lancé, il m'a imposé dans l'équipe pour laisser Riquelme sur le banc, ce sont des décisions que j'imagine dures à prendre, et peut-être qu'à sa place, d'autres ne l'auraient pas fait. Ce qui est vrai, c'est qu'il ne jouit pas d'une bonne image, ça je ne le nie pas, en revanche, tous les gens qui l'ont côtoyé n'ont jamais dit du mal de lui (sic).
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Sa méthode de travail était tout de même particulière...
(Sourire gêné) Chacun a sa façon de faire, lui aimait beaucoup parler, toujours, il aimait être sur le dos des joueurs, corriger sans cesse, il avait ses propres critères d'exigence.
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Vous avez joué milieu relayeur, milieu défensif, offensif à droite, offensif à gauche et même deuxième attaquant sous Van Gaal. Pour vous, quelle est votre position idéale ?
(Cherchant et fuyant le regard d'Henry) Moi, je suis un milieu de terrain axial, voire un mediapunta (sorte de faux avant-centre) mais qu'est-ce qui se passe, j'ai travaillé avec des entraîneurs qui pensaient que je pouvais être intéressant à d'autres positions à un moment donné ; moi mon travail, c'est de m'y adapter.
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Mais j'imagine qu'on a une préférence de positionnement en tant que joueur ?
Alors je vous réponds dans l'axe.
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Un joueur de football est assez déconnecté de certaines réalités de la vie, notamment en matière de rapport à l'argent...
C'est un sujet difficile. Je ne sais pas si les joueurs gagnent trop d'argent, je crois qu'on paie ce que génère ce sport. Dans le football, il y a énormément de fric, maintenant je ne suis personne pour dire si ce que gagne Untel est justifié ou pas, je crois que chacun fait en sorte de faire au mieux pour ses intérêts.
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Et la politique, ça compte dans votre vie ?
Moi, les rapports entre foot et politique, je ne les comprends pas. Pour moi, ce ne sont pas des choses à associer. Mais la politique, disons pure, ça reste important dans la vie de quelqu'un. Je ne comprends pas trop non plus.
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C'est que vous ne comprenez pas ou que ça ne vous intéresse pas ?
Je crois que la vie, c'est savoir et connaissance, je ne me sens pas proche d'un parti ou d'un autre, disons que ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse comme pourrait m'intéresser un autre sport par exemple.
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La religion ?
Je suis quelqu'un de croyant, je crois en la bonté originelle des gens. Je prie beaucoup, et autant quand les choses vont bien que quand elles vont mal. La foi, c'est important selon moi.
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Un footballeur est meilleur joueur s'il est amoureux ?
(Rires gênés) L'important, c'est d'être heureux, amoureux ou non. Il y a des gens qui sont heureux amoureux et d'autres heureux sans être amoureux. Un footballeur reste avant tout un homme, et quand les choses ne vont pas bien, ça l'affecte, mais bon, l'important, c'est d'être heureux.
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Vous avez déjà eu peur avant de jouer un match ?
Avant de jouer, vous avez une sorte de peur mais positive, vous pensez que vous êtes un privilégié dans le sens où vous pouvez faire ce que vous aimez le plus au monde devant des millions de gens. La première des responsabilités sur un terrain, c'est de prendre du plaisir en jouant je crois.
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Prenons un exemple concret, finale de la Champion's League 2006 à St Denis contre Arsenal, vous perdez 0-1 avant que vous ne rentriez, à ce moment-là, vous ressentez quoi ?
J'ai avant tout très envie de jouer, je suis déçu d'avoir commencé sur le banc, j'avais tellement envie d'inverser le cours du match.
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Pourquoi après ce match, le Barça s'est-il écroulé, que s'est-il passé ?
Premièrement, chaque saison est différente, tous les joueurs ne sont pas toujours au même niveau. Si c'était le cas, on serait champions chaque saison.
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On parle tout de même d'une équipe exceptionnelle...
Oui, là-dessus, c'est vrai qu'on avait un groupe extraordinaire mais si ça s'est mal passé, c'est surtout de ne notre faute. On a fait beaucoup d'erreurs.
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Lesquelles ? Sur le terrain ?
Pas que sur le terrain non, l'entourage du groupe surtout.
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L'envie n'était plus la même après avoir tout gagné si rapidement ?
On n'a pas fait ce qu'il fallait, quand vous gagnez un trophée, votre première pensée, c'est de le remporter une seconde fois. Le football, ça dure 10/15 ans, c'est rapide, à la fin de votre carrière, vous pouvez regarder en arrière et faire le bilan de votre palmarès, donc non, je ne crois pas qu'il s'agissait d'un manque d'envie. On s'est trompés, on pensait qu'on gagnerait facilement, et quand vous vous trompez, vous perdez toujours.
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Vous changerez ces deux années catastrophiques pour la victoire à l'Euro austro suisse ?
Si c'est possible, moi je choisis gagner et gagner. Je ne veux rien sacrifier. On a vécu deux saisons de déceptions, l'Euro, c'est une autre compétition, une autre équipe.
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Vous pensez la sélection capable d'aller au bout ?
Disons qu'on avait, qu'on a toujours, un très bon groupe, une bonne ambiance. On ne s'est pas donné d'objectifs, on a commencé par prendre les matchs les uns après les autres avec en point de mire ces fameux ¼ de finale. Une fois passé ce quart, nous, l'équipe et le pays tout entier se sont mis à y croire. Ensuite lors de la demi-finale, on joue, selon moi, notre meilleur match de la compétition, et au nom du niveau de jeu pratiqué durant ce match, on n'avait pas le droit de ne pas remporter le trophée.
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Pourtant, il n'y a presque aucune différence entre l'Espagne qui sort en 1/8 contre la France lors du Mondial 2006 et cette équipe championne d'Europe 2008...
C'est pour dire combien le haut niveau se joue pas à grand-chose. Les penaltys sont une vraie loterie, ça nous a souri, je crois que chaque nation championne a, dans son parcours, eu ce petit déclic, ce petit coup de pouce qui vous lance vers le succès. Ça a enfin été notre tour et je suis persuadé que ça va nous donner de la tranquillité pour la suite.
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Vous regardez le match de la finale depuis ?
Je l'ai revu plusieurs fois oui. Souvent seul. C'est quelque chose qui me rend heureux.
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On a la sensation que vous vous sentez davantage responsable du jeu de la Seleccion que de celui du Barça ?
Non, il s'agit de deux équipes différentes et de deux systèmes distincts, les joueurs sont différents, les entraîneurs sont différents mais moi ce qui m'intéresse sur un terrain, c'est d'être toujours plus fort que celui qui est en face de moi.
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Vous ne marquez plus en sélection...
C'est vrai. Je ne sais pas pourquoi. Ce sont les circonstances qui font que. Mais crois-moi, j'ai tout autant envie d'en mettre avec mon équipe !
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Vous restez donc plus un passeur qu'un buteur...
Le but, c'est tout de même la culmination d'une action. C'est ce pourquoi on joue à ce jeu. C'est important pour moi, tout autant qu'une passe décisive.
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Parfois vous prenez le temps d'analyser ce que vous vivez, soit être joueur professionnel, gagner un Euro ?
Bien sûr que j'en suis conscient. Je suis une personne qui sait la chance qu'elle a, je sais d'où je viens, je sais que beaucoup de mes anciens coéquipiers n'ont pas pu réussir, moi, par chance, par travail, ou par je ne sais quoi, j'ai réussi, je sais ce que ça vaut.
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Vous gardez contact avec vos anciens coéquipiers ?
Plus que jamais, mon meilleur ami était avec moi à la Masia, la Masia sera toujours pour moi une famille.
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Cette année, on comptait parfois dans l'équipe titulaire six joueurs provenant de la Masia (Iniesta, Valdes, Xavi, Puyol, Messi, Busquets et Bojan, qui rentra en seconde mi-temps ainsi que Pedro et Piqué qui étaient sur la feuille de match, ndlr), vous avez conscience que c'est unique en Europe ?
C'est qu'on y travaille bien non ? Ici on sait s'occuper de nos jeunes. On joue de la même façon depuis qu'on est petits, c'est évident que c'est plus facile pour nous sur le terrain. Après c'est aussi parce qu'ici, on donne aux jeunes la chance de faire leurs preuves, il existe une vraie continuité dans la façon de travailler, c'est une vraie formation de footballeur.
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Vous vous sentez obligé d'aider un jeune du centre qui intègre l'équipe première ?
Oui même si je ne veux pas aider uniquement celui qui vient de chez nous, mais j'ai envie de lui transmettre ce qu'on m'a transmis quand moi-même j'ai débarqué en équipe première.
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Qui était votre parrain ?
Moi, c'était Victor (Valdes), il était là depuis quelques saisons, il a fait en sorte que je ne me prenne pas trop la tête, que je relativise sur ma situation.
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Le fait que Guardiola, qui a connu une trajectoire de joueur similaire, soit aujourd'hui votre entraîneur, ça vous aide ?
C'est surtout une source de motivation pour moi ; pour les gens d'ici, il a toujours été la vraie référence, le modèle des modèles.
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Du coup votre perception de Guardiola quand vous étiez enfant a changé maintenant ?
Non, c'est juste qu'aujourd'hui, c'est mon entraîneur.
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Il y a un joueur qui vous a impressionné plus que d'autres sur un terrain ?
Ronaldinho. Je l'ai vu faire des choses que je n'imaginais même pas envisageables. Je suis un joueur heureux d'avoir pu être son coéquipier.
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Vous vous êtes senti à un moment ou à un autre pas vraiment jugé à votre juste valeur ?
C'est possible que je l'ai ressenti oui. J'ai plusieurs fois pensé mériter jouer et ça n'a pas été le cas, je me trompe peut-être en même temps.
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Ce sont des sujets qu'on peut aborder avec ses coéquipiers ?
Oui et avec l'entraîneur aussi, lui demander pourquoi. Comprendre. C'est important de connaître la façon de penser de votre entraîneur, c'est lui qui va faire les choix, autant les comprendre. Ma satisfaction, c'est qu'avec tous les entraîneurs que j'ai pu avoir, j'ai été titulaire ou j'ai fini par le devenir.


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