Après le Prophète, le rêve va tenir une place importante dans la société musulmane, une place qui sera conservée jusque de nos jours. C'est que le rêve, quand il vient de Dieu, constitue un guide pour le croyant. Le Prophète n'a-t-il pas dit, le jour de sa mort : «Il ne reste plus, après la prophétie, que les bons signes, c'est-à-dire les rêves pieux ?» Ce hadith signifie qu'après le Prophète, la Révélation a été clôturée mais que Dieu continuera à guider les Croyants au moyen de rêves véridiques. Les successeurs du Prophète, puis les rois, les juristes, les théologiens et bien d'autres personnes invoqueront des rêves pour justifier des décisions, énoncer des préceptes. Certains parviendront, grâce au rêve, à vaincre leurs hésitations et à passer à l'action. C'est le cas de Tariq Ibn Ziyad, le conquérant berbère de l'Espagne. En 711 de l'ère chrétienne, il s'était embarqué à la tête d'une flotte, pour la conquête de la péninsule ibérique. Dès qu'on a commencé à approcher des côtes espagnoles, il est pris d'une certaine appréhension, craignant d'essuyer un revers, face aux troupes wisigothes qu'il devinait plus nombreuses que ses cavaliers. Il s'est endormi et il a vu en rêve le Prophète et un groupe de ses compagnons, qui s'apprêtaient à livrer bataille aux païens. Le Prophète s'est approché de Tariq et lui a dit : «N'hésite plus ! Va de l'avant pour réaliser ton but !» Il lui a aussi recommandé d'être bon et fidèle à ses promesses, puis il a fait signe à ses compagnons et, ensemble, ils sont entrés en Andalousie. Tariq, en se réveillant, a vu dans ce rêve l'annonce de la victoire. Il n'a plus hésité et a débarqué. La suite, on la connaît.