« Je n'avais dit que la vérité. C'est vrai, l'ambiance n'était pas saine à Oum Dourmane, et les médias des deux pays en sont responsables. Aujourd'hui, je ne veux pas revenir sur cet épisode, il faut oublier et tourner la page.» Le capitaine du Ahly et de la sélection égyptienne, Ahmed Hassan, parle pour la première fois à un journal algérien depuis le match d'Oum Dourmane. Il revient sur ce triste épisode et nous parle du match d'aujourd'hui. A 35 ans, vous n'avez rien perdu de votre verve ni de votre niveau. Quel est votre secret ? Il n'y a pas de secret, il n'y a que le travail qui paye. Je suis quelqu'un d'ambitieux et mes objectifs n'ont pas de limite. Je veux toujours plus comme si j'étais un jeune joueur qui vient juste d'entamer sa carrière. Après tout ce que vous avez gagné durant votre longue carrière, et après tout ce que vous avez vécu, ne vous vous dites pas qu'il est peut-être temps d'arrêter ? Non, le football n'est pas une question d'âge. C'est une question d'envie et de motivation. Et tout se passe dans la tête. Si vous avez cette envie et cette motivation, vos jambes vont répondre. Et moi, je suis quelqu'un de professionnel qui ne se donne pas de limite. Tant que je jouis de cette condition physique et de cette joie de jouer, je ne raccrocherai pas. La preuve, pendant la dernière CAN, j'ai été élu meilleur joueur du tournoi après avoir gagné le trophée. Vous ne pensez pas à la retraite internationale comme l'a fait Barakat ? On ne peut pas fuir la retraite mais, pour le moment, je n'y pense pas. Comme je viens de vous le dire, tant que je me sens capable de donner, je continuerai à honorer mes sélections. Malgré toute cette belle carrière, riche en titres, une participation à une Coupe du Monde manque à votre palmarès. Avez-vous surmonté ce choc après votre élimination ? Je ne veux pas parler de choc. C'est vrai, nous aurions vivement souhaité nous qualifier en Coupe du monde, mais l'élimination après le match d'Oum Dourmane n'était pas la fin du monde. La preuve, quelques mois plus tard, nous sommes allés en Angola et nous avons décroché avec brio le titre de champion d'Afrique. En plus, nous avons réalisé ce qu'aucune équipe n'avait fait auparavant, gagner le trophée pour la troisième fois consécutive. Parmi tous les joueurs du Ahly ici présents, vous êtes le seul à avoir fait des déclarations qui incitaient à la haine, et vous avez même multiplié vos interventions à travers les différents médias. Une explication ? C'est normal, je suis le capitaine de l'équipe. Mais ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est de savoir si j'ai fait du mal ou non. Je pense n'avoir fait aucun mal, je n'avais dit que la vérité. C'est vrai, l'ambiance n'était pas saine à Oum Dourmane, et les médias des deux pays en sont responsables. Aujourd'hui, je ne veux pas revenir sur cet épisode, il faut oublier et tourner la page. Mais les Algériens ne peuvent pas oublier l'atteinte à leur dignité par les médias égyptiens et quelques artistes qui se sont attaqués aux symboles de l'Algérie… Je ne suis pas responsable de cela. Chacun est responsable de ce qu'il a dit ou fait. Par exemple, sachez qu'après notre défaite lors du match aller à Blida par trois buts à un, j'étais le premier à avoir démenti le fait que notre délégation ait été maltraitée, comme cette histoire d'empoisonnement que j'ai également démentie. Mais à Oum Dourmane, personne ne peut nier que le match s'est déroulé dans des conditions très difficiles. Moi, je veux oublier tout cela et il vaut mieux tourner cette page. Il faut redorer le blason, non seulement de l'amitié entre l'Algérie et l'Egypte, mais entre tous les pays arabes. Comment avez-vous trouvé l'accueil et les conditions d'hébergement au milieu de ce blocus sécuritaire instauré autour de vous ? On est très contents de l'accueil. Il n'y a rien à dire. C'est tout à l'honneur de la chabiba et des Algériens en général. Je pense que votre équipe a été aussi chaleureusement accueillie au Caire il y a quelques jours. J'espère que ces deux occasions vont sceller la réconciliation entre nos deux pays. Après, en parlant de la présence quasi permanente de la sécurité autour du groupe, j'avoue que je m'y suis préparé. On dira ce qu'on dira, on est là pour jouer un match de football et non pas pour faire du tourisme. Quoi qu'il arrive, nous sommes dans un pays musulman. C'est vrai qu'il y a un antécédent, mais ce qui est fait est fait. J'ai lu de la considération et du respect à notre égard. Cela ne trompe pas. J'espère seulement que tout le monde a retenu la leçon de ce qui s'était passé. Vous avez sans doute suivi le parcours de l'Algérie lors des phases finales de la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Sincèrement, ne vous êtes-vous pas dit à un moment ou un autre que c'est vous qui méritiez d'y aller ? Non. Tout ça n'est que pure spéculation. C'est l'Algérie qui y était et non l'Egypte. Le contexte aurait pu être différent. On pouvait se qualifier et, une fois dans la compétition, rater notre tournoi. Ça arrive aux meilleurs et je crois que cela s'est vérifié sur le terrain. Auriez-vous souhaité ne pas affronter la JSK lors de ces poules et éviter ainsi tout contact avec l'Algérie ? Ça ne m'a pas dérangé. J'ai pris ça du côté positif. C'est ça le football. Ce sport est censé unir plutôt que désunir les peuples. Ça m'a paru très ordinaire, sincèrement, que de jouer contre une équipe algérienne. Vous avez vu sans doute la JSK jouer, comment l'avez-vous trouvée ? Au-delà du fait que la JSK soit une grande équipe, j'espère que cette rencontre sera à la hauteur de la réputation de nos deux clubs. Savez-vous que la JSK ne recèle en son sein aucun international ? Oui, je le sais. Mais cela ne peut en aucun cas constituer une référence. Lors de la dernière CAN, l'Egypte s'était présentée à la compétition avec un seul joueur professionnel, alors que les autres sélections en possédaient en moyenne six ou sept. Qu'à cela ne tienne, c'est nous qui sommes champions. C'est pour ça que le fait de posséder ou non des internationaux ou des pros reste insignifiant. La pelouse constitue-t-elle un handicap pour vous ? Ça nous embête un peu. On n'a pas l'habitude de jouer sur du tartan, mais on n'a pas d'autre choix que de nous y habituer rapidement. Entretien réalisé par