Le parcours de la JSK a réhabilité le joueur local. Les locaux font enfin parler d'eux ! Le sélectionneur national en personne en a fait référence, hier matin dans l'émission Football Magazine, sur la Chaîne III. En déclarant qu'il suivait avec attention les joueurs évoluant dans le championnat national dans la perspective d'en intégrer quelques -uns en sélection, Rabah Saâdane semble céder à la presse populaire et à celle des médias pour donner leur chance à certains éléments qui, de l'avis de beaucoup, ont le potentiel pour postuler à une place parmi les Verts. Reste l'essentiel : oser franchir le pas. Les sacrifiés ont toujours été des locaux C'est que le challenge est, en effet, d'oser. Saâdane, qui s'était longtemps obstiné à faire confiance au même groupe, avait dû se raviser après la gifle reçue le 3 mars face à la Serbie. Il avait sacrifié de nombreux joueurs, majoritairement des joueurs locaux, justifiant son choix, lors d'une la conférence de presse animée le 4 mai pour annoncer la liste des joueurs retenus pour les stages de Suisse et d'Allemagne, par le fait qu'il n'avait pas le temps de leur apprendre à jouer. Cela avait été mal perçu pour les acteurs du championnat d'Algérie. Dans le fond, Saâdane n'avait pas tort, car il est indéniable que les professionnels étaient mieux formés sur le plan tactique, mais c'est sa généralisation de son jugement qui n'a pas été accepté. Quand même, il doit bien se trouver deux ou trois joueurs locaux valables. Laïfaoui ne sait s'il doit être fier de son statut ou s'en inquiéter Or, le coach national n'en a pris qu'un seul : Abdelkader Laïfaoui. Ne parlons pas des gardiens de but car leur intégration dans la comptabilité ne serait qu'une ruse mathématique. Pour Saâdane, de tous les joueurs évoluant dans le championnat algérien, seul Laïfaoui mérite une place en Coupe du monde. On ne sait pas si le défenseur de l'ESS devrait en tirer matière à fierté ou matière à inquiétude. A-t-il été retenu pour ses qualités ou est-il juste un alibi pour que la préférence donnée aux professionnels ne soit pas trop flagrante ? La question reste en suspens. Ce qui est certain, en revanche, c'est que l'alibi ne tient plus car deux données sont venues chambouler la politique du sélectionneur. Pour les Mondialistes, finie la période de grâce ! La première est que la sélection nationale ne gagne plus. Avant la Coupe du monde, cela pouvait passer et être digéré car l'opinion publique était encore sous la magie de l'exploit de Oum Dourman et de la fièvre de participer à un Mondial après une longue éclipse. Or, maintenant que tout le monde a remis –pour certains, brutalement- les pieds sur terre, ça ne prend plus. Finie, la période de grâce ! Le peuple se remet à exiger des résultats, quitte à remettre au goût du jour son moyen de revendication le plus classique : les insultes. Les joueurs, tout comme le sélectionneur, ne sont plus aussi intouchables qu'ils ne l'étaient. Il y en a même dont le rendement est contesté. La nécessité d'apporter du sang neuf est devenue donc, sinon une obligation, du moins un moyen de faire diversion et faire croire au changement. Le parcours de la JSK a réhabilité le joueur local La deuxième donnée est le parcours formidable que la JSK est en train d'accomplir en Ligue des champions africaine. Avec pratiquement des gamins, puisqu'il ne reste que Nassim Oussalah, Idrissa Coulibaly, Mourad Berrefane et Nabil Mazari comme rescapés plus ou moins expérimentés du groupe qui avait remporté le championnat en 2008, le club kabyle caracole en tête d'une poule qui renferme Al Ahly du Caire et Al Ismaïly, les deux meilleurs clubs égyptiens à l'heure actuelle, le premier étant un habitué de la compétition et principal pourvoyeur de la sélection nationale égyptienne. Si les jeunes joueurs de la JSK ont pu, en jouant à dix toute la deuxième mi-temps de leur match contre Al Ahly au Caire, tenir tête à une équipe dont sept joueurs ont joué contre l'Algérie quelques mois auparavant, de surcroît dans l'enfer du Cairo Stadium, c'est qu'il ne faut pas du tout désespérer du footballeur local. Comme ce match, sensibilité des relations algéro-égyptiennes oblige, a été hypermédiatisé dans les deux pays, les supporters algériens verront désormais d'un mauvais œil qu'on ne donne pas leur chance à quelques locaux. Le CHAN, puis on verra… Rabah Saâdane va vraisemblablement tenir compte de cette «revendication populaire». C'est également une revendication des responsables de la FAF qui, en le reconduisant comme sélectionneur, lui ont exigé d'intégrer trois à quatre joueurs de champ dans son effectif. Il a annoncé qu'il est en train de suivre les joueurs de la JSK et de l'ESS (les Sétifiens ont eu le mérite, de leur côté, de tenir en échec à l'extérieur le champion d'Afrique des clubs en titre, TP Mazembe), en attendant de suivre les autres lorsque le championnat national débutera. Ce qui est certain, c'est que l'intégration de nouveaux joueurs ne se fera qu'après le CHAN-2011 (Championnat d'Afrique des locaux), soit pas avant le mois de février prochain. En plus clair, le déplacement en République centrafricaine à la mi-octobre se fera pratiquement avec le groupe actuel. Soit parce que la prospection prendra du temps, soit parce que le peuple, peut-être, aura oublié alors…