Il y avait un problème de communication et de réception. Je pensais qu'il allait couper des têtes. C'est ce qu'aurait fait le Domenech que j'ai connu. Le défenseur du Panathinaïkos s'est confié à la rédaction de Chronofoot. Après avoir évoqué sa situation personnelle, l'international français parle de Raymond Domenech et des Bleus. Vous avez encore les Bleus dans un coin de votre tête ? Ce serait un honneur de représenter mon pays, mais j'ai signé trois ans au Panathinaïkos pour sourire. La joie doit d'abord passer par le club, que ce soit sur un plan sportif et humain. Ensuite si ça sourit avec l'équipe de France, ce sera super. Dans ma tête, je ne suis plus focalisé sur les Bleus. Mon choix de carrière ne s'oriente pas forcément en fonction de l'équipe de France. C'est plus une question de feeling. Ce qui compte aujourd'hui, c'est le plaisir sur le terrain et en dehors. La qualité de vie au quotidien rentre également dans ma réflexion. J'ai une femme et des enfants et je pense à eux quand je fais mes choix. Vous expliquez que vous ne mettez pas l'équipe de France au cœur de votre réflexion. C'est exactement l'inverse de ce que souhaite Laurent Blanc ? Je m'explique. Il a raison sur ce point. Mais la situation est différente à mon âge. Je ne serais pas venu ici à 21-23 ans. A 31 ans, c'est différent. Laurent Blanc sait très bien qu'on fait ses choix en fonction des opportunités que l'on a. A ce stade de ma carrière, c'est quelque peu différent. Je ne dis pas que je me fiche de l'équipe de France. En plus, ce ne serait pas juste envers le Panathinaïkos de dire que c'est un club indigne d'avoir des joueurs qui représentent l'équipe de France. Bien que ce ne soit pas du même acabit que le Milan AC ou l'Inter, c'est un club qui est souvent en Ligue des Champions. Vous avez déclaré que Raymond Domenech avait été l'un des meilleurs entraineurs que vous ayez eu dans votre carrière. Vous tenez toujours le même discours ? Oui, je confirme. Raymond Domenech a été l'un des meilleurs entraineurs de ma carrière. Sur les derniers mois avec les Bleus, il n'a pas fait les bons choix. Son introspection n'a pas été bonne. Le Domenech des derniers mois n'était pas le même. C'est lui qui a complété et terminé ma formation de joueur professionnel. Il m'a appris beaucoup de choses. Racontez-moi… Le positionnement sur le terrain, la résolution de certains problèmes… Raymond Domenech m'a inculqué cette culture tactique. Son discours était très bon et bien préparé. Pourtant, il n'a jamais été reconnu comme un maitre tacticien au cours de sa carrière d'entraîneur, et en particulier avec les Bleus... Il n'a pas appliqué les principes qui ont fait sa force autrefois. Ses équipes ne prenaient jamais beaucoup de buts. Certes, elles ne développaient pas un jeu flamboyant, mais c'était solide. Sa force : Il sait mettre en difficulté l'autre équipe. Comment expliquez un tel échec alors ? Il n'y a pas que ça. Il faut que le message passe. Sur la fin, la transmission de son message n'était plus assurée. Il y avait un problème de communication et de réception. Ça va dans les deux sens. Je pensais qu'il allait couper des têtes. C'est ce qu'aurait fait le Domenech que j'ai connu. Il l'a fait avec Benzema, Nasri… Je pense également à d'autres joueurs. Il aurait dû être plus intransigeant. Il aurait dû trancher, être plus incisif. Sur la discipline et le plan sportif. Vous avez gardé contact avec lui ? Je n'ai plus de contact avec lui depuis des lustres. La dernière fois qu'il m'a appelé, ça remonte à des années. On n'avait pas besoin de ça. Il y a toujours eu ce respect mutuel. Comment avez-vous ressenti ce qui s'est passé à Knysna (la grève des Bleus) vous qui connaissez si bien ce groupe ? C'était stupide, une connerie. Ça prouvait bien que les joueurs vivaient dans leur bulle. Ils étaient loin de l'essentiel et du réel. Ils étaient écartés de la réalité. Mais c'est une chose qui devient assez fréquente en ce moment. On oublie l'essentiel et les valeurs, que sont le respect, l'humilité. Et je ne vise personne en particulier, tout le monde sportif est responsable à son niveau. Chacun a sa part de responsabilité. Evidemment les premiers fautifs sont les joueurs. Ce sont sur eux qu'il faut taper, mais les dirigeants et même les journalistes ont participé à ça. Vous pensez à la Une de L'Equipe sur les insultes d'Anelka ? Entre autres. Tout ça est fait pour vendre. Il faut arrêter de trouver des héros là où il n'y en a pas. Tu peux être un super joueur sans être pour autant un super mec. Il faut arrêter de croire que le football est au centre du monde, il y a autre chose. Knysna est la preuve de cette dérive. Je ne veux pas jouer les moralisateurs, mais il y a des dérives dans le foot qui sont graves. Il ne faut pas oublier que c'est un sport et un spectacle avant tout. Toute cette violence et ce business. Certains ne se rendent même pas compte qu'ils sont dépendants de ce système. Il faut respecter une certaine éthique. Tout le monde doit se remettre en question. Pour vendre plus, on s'éloigne de l'essentiel.