Le successeur de Téléfoot et de Stade 2 Foot. Pierre Ménès, le commentateur qui ne passe jamais inaperçu. Alors que le championnat de France de football, la Ligue 1, est décrié comme certains qui lui reprochent sa faiblesse relative par rapport aux autres grands championnat européens, le bouquet Canal+ réussit la prouesse de positiver au maximum les matches de ce championnat non seulement lors de leurs retransmissions (les rencontres sont très bien filmées), mais aussi et surtout à travers l'émission Canal Football Club, la nouvelle «messe» du football français, diffusée tous les dimanches soir des week-ends où il y a une journée de championnat. Si l'émission Jour de Foot, diffusée à l'issue des matches du samedi, présente des résumés succincts des matches avec les buts comme moments forts, Canal Football Club se veut comme un récapitulatif exhaustif de la journée de Ligue 1, avec les buts, les moments forts, des commentaires, des analyses, des prospectives et un invité, le tout dans un habillage très «in» avec des effets visuels très évolués. Cerise sur le gâteau : cette émission est diffusée en toute légalité à l'adresse du public algérien, à travers l'abonnement à Canal+ Maghreb (les dimanches à 18h20 heure algérienne, puis à 19h20 à partir du 31 octobre, avec le passage à l'heure d'hiver), ce qui permet aux Algériens de suivre les joueurs algériens évoluant en Ligue 1. Le successeur de Téléfoot et de Stade 2 Foot Durant de longues années, l'émission dominicale dédiée au championnat de Ligue 1 était Téléfoot, sur TF1. Dans l'esprit de beaucoup de gens, les Français bien sûr, mais aussi les Algériens qui suivaient les programmes français avec une antenne parabolique, la Ligue 1 se confondait avec Téléfoot. Or, l'octroi des droits de l'émission se fait suite à un appel d'offres de la Ligue de football professionnel. Il se trouve qu'il y a quelques années, France Télévisions s'est montré financièrement mieux-disant que TF1, ce qui fait que l'émission est revenue à France 2 pour la saison 2007-2008 sous le nom de France 2 Foot. Présentée par Denis Balbir, elle n'avait pas connu un franc succès. En 2008, c'est Canal+ qui met le plus d'argent sur la table pour avoir l'émission, en s'engageant à ce que cela soit diffusé en clair, un préalable immuable imposé par la Ligue de football. Ainsi est né Canal Football Club. Hervé Mathoux et la soirée, grandes nouveautés Pour assurer sa réussite, plusieurs innovations y ont été introduites. Primo, l'horaire a été changé. Alors que Téléfoot et Stade 2 Foot étaient diffusés dans la matinée, Canal+ a choisi le début de soirée comme créneau dans le souci de montrer les comptes rendus de 9 des 10 matches de la journée, tout en introduisant le dernier match, celui de la soirée de dimanche. Secundo, on a mis à la présentation une icône de la chaîne à la présentation, Hervé Mathoux, très populaire depuis qu'il présentait L'Equipe du Dimanche et La Soirée Ligue des champions, épaulé par une figure féminine, Isabelle Moreau. Tertio, l'émission est présentée tel un véritable show moyennant de grands moyens techniques, de l'audace, des innovations et une qualité de réalisation exceptionnelle. Le tout dans un grand studio où peut s'installer un public de 280 personnes. Pierre Ménès, le commentateur qui ne passe jamais inaperçu Comme il y a des innovations chaque saison — l'habitude tue l'intérêt, c'est la philosophie de Canal+ —, le plus de la saison passée est le recrutement de Pierre Ménès, journaliste remarquable aussi bien par son physique bedonnant que par ses commentaires iconoclastes, qui a la grande qualité de ne pas se gêner pour dire des vérités, comme il le fait depuis plus de quatre ans dans son blog hébergé par le portail Yahoo !. Il avait été débauché de M6, où il «sévissait» dans l'émission hebdomadaire nocturne «100 % Foot», pour pimenter Canal Football Club par ses analyses briseuses de tabous. L'objectif était d'augmenter l'audience grâce à ce tribun populaire pour détrôner Téléfoot en termes de parts d'audience. La recette marche puisque Canal Football Club est devenu un rendez-vous incontournable pour les amateurs de football en France, surtout que les consultants sont de qualité — cette saison, il y a Elie Baup et l'ancien international italien, Marco Simone —. 150 personnes travaillent pour l'émission Vivre Canal Football Club de l'intérieur a été pour nous très instructif. Déjà, une confirmation : Canal+ n'a pas usurpé sa réputation de garant de la qualité. Pour une émission qui parle «seulement» d'une journée du championnat de Ligue 1, le travail dans le studio, situé à Boulogne, dans la banlieue sud-ouest de Paris, commence à 14h, alors que la diffusion débute à 19h20. «Chaque dimanche, quelque 150 personnes sont mobilisées pour réussir l'émission dans tous ses aspects», révèle Didier Lahaye, le producteur. Ne parlons pas de la préparation des sujets, qui commence à se faire la veille au soir, à la fin des matches, avec un coup d'accélérateur donné dans la matinée dans les cellules de montages du siège de la chaîne. «Il faut que tout «colle» pour ne pas dépasser la durée de l'émission car il y a un match juste après. Respecter le timing est notre plus grand défi, surtout qu'il y a parfois un ou deux sujets de dernière minute à insérer dans la feuille de route», précise Lahaye. Le timing, un vrai casse-tête Justement, la minutie est un vrai casse-tête dans la régie, où le chef d'édition coordonne avec la script et le réalisateur, Jérôme Revon, pour accélérer quand il le faut et ralentir le cas échéant afin de donner le maximum de sujets dans les temps impartis, sous la supervision de Karim Nedjari, directeur des rédactions sportives. Là où on risque de déborder, c'est dans les interventions des consultants et de l'invité, qu'on ne veut souvent pas interrompre. La coordination des directs, l'emphase sur les sujets d'actualité, le choix des habillages qui sautent, faute de temps, tout se décide rapidement, suivant des critères aussi bien sportifs que techniques. En vieux routier de l'audiovisuel, Hervé Mathoux profite des interludes publicitaires pour réajuster la feuille de route suivant le timing. On y sent le poids de l'expérience. Le public, discipliné et connaisseur, joue le jeu à fond, conscient qu'il assiste à un moment privilégié de télévision avec un plateau de présentateurs et de consultants relevé. Il adhère aux directives données par le préposé au public qui, avec un micro, l'encourage et l'oriente avec quelques bons moments, sans donner l'impression de le commander. Dans la loge, «Pierrot» mène la danse Canal Football Club, c'est aussi et surtout une bande de copains partageant la même passion : le foot. Dans la loge où présentateurs, animateurs, consultants et invités se retrouvent avant l'émission et durant le match de la soirée, ils suivent les matches à la télévision comme des morts de faim. Quand on aime le foot, même un match entre derniers est attractif. Romain Del Bello — Romain «Le Beau», dixit Mathoux le taquin —, chargé de présenter un résumé des deux matches de l'après-midi à la mi-temps du match de la soirée, scrute les deux écrans (il regarde les deux matches simultanément) afin de trouver des angles d'attaque différents de ceux qui seront développés dans les résumés faits par les commentateurs pour l'émission. Dominique Armand vérifie que les images de la séquence «palette» (décortication d'une action de jeu avec un logiciel de 3D) collent bien. «Pierrot» Ménès, qui fait rire comme il respire, fait déjà exercer sa langue, appelée à devenir scie quelques minutes plus tard. Hervé Mathoux, entre une éclipse pour s'habiller et un tour chez le coiffeur-maquilleur, prépare ses introductions à la lumière des résultats de l'après-midi. Baup et Simone suivent les matches en silence en gens avisés, réservant leurs commentaires pour le plateau. Tout cela se déroule dans une ambiance très détendue où l'humour semble être le dénominateur commun de tout ce beau monde. Isabelle Moreau en sentinelle sur le plateau Quant à isabelle Moreau, elle suit le grand match de la soirée sur le plateau afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de rupture brutale de la retransmission. «Cela nous était arrivé une fois», avoue Didier Lahaye. «Le faisceau de diffusion s'est interrompu. Il nous avait fallu continuer l'émission par de la parlotte sur le plateau. Dans de pareils cas, c'est aux animateurs et aux consultants d'assurer, le temps de rétablir la retransmission. Le cas échéant, nous diffusons des sujets de secours.» Canal+ a beau regorger de professionnels, rien ne peut être toujours parfait car il y a des aléas liés à d'autres facteurs extérieurs. Boudebouz et les Algériens, une valeur ajoutée Depuis qu'on a pris conscience, engouement ayant accompagné la qualification de l'Algérie à la Coupe du monde oblige, du poids des supporters de l'Algérie dans le marché, Canal+ met l'accent sur les joueurs algériens évoluant en Ligue 1. D'abord, ça intéresse les Algériens — très nombreux — vivant en France et qui sont autant d'abonnés potentiels. Ensuite, ça intéresse forcément les Algériens depuis l'avènement de Canal+ Maghreb. Un Ryad Boudebouz qui brille en ce début de saison est donc une excellente nouvelle pour le bouquet français, d'autant plus que Rafik Saïfi, un «bon client» ces dernières années, a arrêté. Il nous a été donné de constater à quel point c'était important pour Canal+ que des joueurs algériens émergent et s'illustrent. Même si les internationaux algériens ne sont plus nombreux en Ligue 1, ils peuvent attirer du public et, donc, des abonnés. Si la cible privilégiée reste le public français, les Algériens restent une valeur ajoutée dont Canal Football Club est tenue de tenir compte.