«La JSK est la locomotive du football national.» La veille du coup d'envoi de la rencontre au sommet entre la JSK et le TP Mazembe, nous avons joint par téléphone le technicien algérien Saïd Haddouche. De Belgique, il nous a apporté comme à son habitude une analyse très enrichissante sur le jeu de la JSK et la façon avec laquelle elle doit jouer pour espérer marquer 2 buts. Suivez-vous le parcours de la JSK en Ligue des champions ? Même si je n'ai pas eu la chance de suivre l'intégralité des rencontres, je suis l'actualité du club quotidiennement. Aussi, j'ai pu voir certaines rencontres lors des phases des poules. Que pouvez-vous nous dire sur cette équipe en ce début de saison ? J'ai constaté dans un premier temps que la JSK a beaucoup progressé depuis la saison dernière. Cette progression a débuté depuis le match de championnat face au MCO, lorsque les Kabyles étaient allés gagner à l'extérieur. Avant, la JSK ne gagnait pratiquement pas en dehors de ses bases. Mais en suivant son parcours en phases de poule, on constate que la JSK a appris à gagner hors de Tizi en ne perdant aucun match, ni à Al Ismailya, ni au Caire, ni au Nigeria. Mais elle a perdu sur le score de 3 buts à 1 face au TP Mazembe à l'aller ; comment expliquez-vous cela ? Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une rencontre des demi-finales. Ça se joue en aller/retour et tout est possible. Pour répondre à votre question, je pense qu'encaisser deux buts en un court laps de temps et à la fin de la rencontre est synonyme de relâchement. Les Canaris ont été victimes du manque de concentration. Mais cela ne remet rien en question les qualités de cette équipe. Ce résultat est loin d'être une catastrophe. Quel est le joueur qui a attiré votre attention ? En général, je me focalise sur le collectif et non sur les performances individuelles. La plupart des joueurs sont talentueux. En défense, on trouve Oussalah qui est expérimenté, aux côtés de Coulibaly qui est intraitable derrière. Au milieu, il y a Douicher qui lui aussi bénéficie d'un grand capital expérience. En attaque, il y a Tedjar, Aoudia et Hamiti qui sont des joueurs puissants. Chacun de ces éléments joue très vite individuellement. Comment évaluez-vous le collectif de cette équipe kabyle ? Le fait d'avoir garder l'ossature de l'équipe a influencé positivement sur le collectif. Ce qui a aussi facilité la tâche à l'entraîneur Geiger. Je dirai qu'en regardant la JSK jouer on prend du plaisir. Je ne vous cache pas que je suis leurs matchs à chaque fois que j'en ai l'occasion. Je considère que la JSK et l'ESS sont les locomotives du football national. A votre avis, quel est l'état d'esprit qui prévaut actuellement chez les Canaris ? J'imagine qu'ils vivent depuis plus de 10 jours avec cette rencontre. Ce n'est pas chaque saison que l'on dispute un match de demi-finale de la Ligue des champions. Ils auront du mal à dormir, mais c'est une pression positive. Les joueurs savent qu'ils ont un retard de deux buts, ce qui n'est pas une performance impossible à réaliser. Que faut-il faire à votre avis pour renverser la tendance ? Dans un premier temps, les joueurs doivent croire en cette qualification. Il est impératif d'avoir un gros mental pour battre le TP Mazembe qui est loin d'être un foudre de guerre. Ils sont appelés à sortir les tripes pour ne rien regretter à la fin. Il est aussi important de faire douter l'adversaire en exerçant une énorme pression sur lui dès les premières minutes de la partie. Le public aussi devra faire le nécessaire pour pousser les joueurs à se donner à fond. Certains estiment que la JSK a revalorisé le joueur local. Partagez-vous cet avis ? Je suis d'accord. Ce qu'a fait la JSK au Caire et Al Ismailya est exceptionnel. Comme je le disais, la JSK renferme des joueurs très talentueux. J'ai eu l'occasion de le dire sur Canal Algérie par le passé : le joueur local a du talent. Aujourd'hui, et avec le résultat catastrophique réalisé au Centrafrique, le joueur local mérite sa place. Mon souhait est aussi de voir les autres formations renfermer de bons éléments. C'est la seule façon pour élever le niveau de notre championnat. Vous qui connaissez le football africain, quel est votre point de vue sur le comportement des dirigeants du TP Mazembe, qui ont débarqué une semaine avant le match sans avertir ? Vous savez, j'ai formé plus de 850 entraîneurs qui travaillent aujourd'hui un peu partout en Afrique, et je peux vous dire que ce genre d'agissement n'est qu'une guerre psychologique. Les Congolais ont essayé d'impressionner leurs adversaires, ce qui est de bonne guerre. Il ne faut pas prêter attention à ce comportement, car ce qui compte le plus c'est la qualification de la JSK en finale. Un commentaire sur la défaite des Verts face en République Centrafricaine ? Je ne peux que regretter cette sortie ratée. J'ai l'impression qu'ils ne savent plus comment gagner. Vous n'imaginez pas toute ma déception. Nous nous sommes fait battre par une petite équipe qui était plus motivée que nous. Les Centrafricains étaient aussi motivés que les Algériens face à l'Egypte en novembre dernier. Les joueurs de l'EN ne sont plus motivés comme ils l'étaient avant le Mondial. Ils ont perdu cette rage de vaincre d'Oum Dormane. En second lieu, je dirai que nous n'avons pas de collectif. Comment peut-on juger Ziaya qui joue aux côtés de Ghezzal et Djebbour alors qu'ils ne se connaissent même pas ? Quelle est la solution d'urgence, d'après vous ? Il faut avant tout se trouver de nouveaux objectifs pour motiver ces joueurs. En second lieu, il est impératif de construire un collectif. C'est bien de ramener de nouveaux joueurs comme Feghouli, mais cela pourrait nuire au collectif car cela peut déstabiliser l'ossature de l'équipe. Il faut intégrer les nouveaux éléments progressivement.