Tel est le bilan des services du ministère de la Jeunesse et des Sports sur les actes de violence enregistrés sur les terrains de foot de la République durant la saison actuelle. Tel est le bilan des services du ministère de la Jeunesse et des Sports sur les actes de violence enregistrés sur les terrains de foot de la République durant la saison actuelle. Un chiffre petit et grand, sensationnel et normal à la fois, pour un pays de l'envergure de l'Algérie, mais aussi au vu des données suivantes : Le chiffre est grand et sensationnel, parce qu'il s'agit de quatre morts et 1.078 blessés qui ne sont pas tombés au champ d'honneur ou pour une cause nationale honorable, mais juste pour un pitoyable match perdu, parfois même un nul ou à la suite de quelques troubles survenus après une erreur d'arbitrage, ou en l'absence de mesures de sécurité dans les stades, ou encore parce que certains parents ont laissé leurs enfants mineurs se déplacer d'une ville à l'autre sans mesurer les risques qu'ils encourent à leur âge. Le chiffre est grand et sensationnel, parce que nous appartenons à un pays dont les valeurs et les traditions n'acceptent pas qu'on meurt pour un simple match de football, à un pays qui ne devrait pas passer sous silence ce genre de drame. La vie est sans doute devenue vile à ce point chez nous pour que ni les autorités, ni la population, ni les médias ne se soucient de la gravité de la situation alors que sous d'autres cieux, de tels chiffres auraient choqué tout le monde et déclenché un état d'urgence en haut lieu. En revanche, le nombre de morts et de blessés cette saison pourrait paraître faible et normal si l'on tient compte des problèmes des jeunes qui affrontent la mort au quotidien en voulant traverser la mer, du nombre de clubs en Algérie, de la quantité de matches qui se déroulent dans les différents stades du pays et la nuée de supporteurs qui y affluent chaque semaine. 1.200 clubs pour 600 matches seniors chaque semaine, à raison de 5.000 spectateurs pour chaque rencontre. Soit quelque 3 millions d'âmes qui viennent déverser la misère de leur quotidien dans les stades, avec des conditions de transport souvent difficiles pour rallier des stades qui ne répondent pas aux normes de sécurité qu'exigent de tels rassemblements, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'enceinte. Ajouter à tout cela, les erreurs d'arbitrage qui enveniment un peu plus une situation déjà tendue, et le refus des chauvins d'accepter la défaite ou même le match nul. Ces 3 millions de supporteurs sont sous la responsabilité des services de police et de gendarmerie, dont la mission est de les accompagner et les protéger, à défaut de voir ce rôle assumé par la famille, l'école, la mosquée, les comités de supporteurs et toute les associations qui gravitent autour de la jeunesse, mais montrer leur efficacité, se souciant de gesticuler uniquement par à-coups lors des événements majeurs, afin de se faire montrer tels des opportunistes qu'ils sont, devant les grands décideurs de l'Etat. La situation est d'une gravité affolante et ce qui se passe dans les petites divisions est pire. Les décisions justes et sévères prises par la FAF ne serviront pas à grand-chose si l'Etat ne se décide pas à alléger les souffrances de la jeunesse, si la famille aussi ne joue pas son rôle éducateur, si la mosquée également n'appelle pas assez au retour vers les vraies valeurs spirituelles, si les associations de la société civile ne reviennent pas elles-mêmes à leur rôle social. 4 morts et 1.078 blessés… Ce record sera sans doute battu si l'on ne décide pas à réagir extrêmement vite et de manière réellement efficace. N'y a-t-il personne dans notre pays pour sauver notre chère jeunesse ??? Hafid Derradji [email protected]