Le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar a commenté le sondage réalisé sur le phénomène de la violence dans les stades. Nous livrons ici l'intégralité de sa contribution. La violence dans les enceintes sportives ne doit pas être considérée comme un phénomène caractéristique de la jeunesse algérienne. Il s'agit, en effet, d'un phénomène qui n'est circonscrit ni dans l'espace ni dans le temps. Dans l'espace, de nombreux pays y sont confrontés. Ils le ressentent, dans le domaine du football en particulier, comme un problème majeur qui dénature le jeu tout en ayant à l'évidence de graves répercussions sur l'ordre public. Dans le temps, l'histoire du football est jonchée d'incidents, parfois très graves. De 1902 au stade de Glasgow où il y a eu 25 morts à 1989 à Sheffield où il y en a eu 95, en passant par Buenos Aires avec 72 morts en 1968 et Moscou avec 60 morts en 1982, le phénomène de la violence des spectateurs a toujours constitué une préoccupation des pouvoirs publics et des organisateurs de spectacles sportifs. En Algérie, au cours des quatre dernières saisons sportives, il a été enregistré 1 078 incidents qui se sont soldés par 806 blessés et 4 décès. Les tentatives pour comprendre cette violence se fondent sur les recherches effectuées sur l'agressivité par les spécialistes. Chacun apporte sa part d'explication, mais chacun tend à privilégier son approche et à vouloir réduire l'explication à la dimension de sa propre spécialité. Les tentatives pour comprendre ce phénomène s'adossent également à d'autres facteurs, comme l'âge des spectateurs (adolescents), le caractère parfois inadéquat des infrastructures, l'insuffisance dans l'encadrement des supporters, l'absence de stadiers, l'inefficacité des mesures dissuasives adoptées et autres éléments dont le Comité national de coordination intersectorielle pour la prévention de la violence dans les enceintes sportives a fait l'inventaire. À ces facteurs classiques se greffe, dans le cas de notre pays, le fait que la génération des 20-30 ans qui se trouve aujourd'hui au cœur d'un tel phénomène, a été confrontée de manière précoce aux contextes dramatiques du désordre et de la violence induits par la crise nationale de la dernière décennie du siècle écoulé au cours de laquelle elle a grandi. Quoi qu'il en soit, le phénomène est là. C'est un phénomène de société dont il faut prévenir l'extension dans le cadre d'une riposte collective où la presse en général et la presse sportive en particulier, ont un rôle majeur à assumer aux côtés des autres acteurs concernés, à savoir la famille, l'école, les collectivités locales, ainsi que les principaux organisateurs des spectacles sportifs que sont les clubs, les ligues, les fédérations et les OPOW. Car les services de police à eux seuls ne peuvent pas juguler un tel phénomène qui va à contre-courant des valeurs d'éducation, de respect, de solidarité, de fair-play, de convivialité et d'honnêteté qui sont censées nourrir le sport et l'esprit olympique. Il est réconfortant de constater, à cet égard, qu'une prise de conscience quant à la nécessité d'une mobilisation contre la violence dans les enceintes sportives et pour la promotion du fair-play commence à prendre forme. La réponse enthousiaste des artistes que le ministère de la Jeunesse et des Sports a sollicités ainsi que celle des jeunes supporters des clubs sportifs à travers l'ensemble du pays en sont une parfaite illustration. Il en est de même des mesures prises récemment par le ministère de l'Education dans le but de prévenir la violence à l'école. Le sondage que publie aujourd'hui le quotidien Liberté est de nature à contribuer grandement à la sensibilisation sur l'obligation qui nous incombe à tous de transformer nos stades en lieux de fête, où chaque Algérienne et chaque Algérien qui le souhaitent puissent se rendre en toute quiétude pour supporter non seulement le club qui a leur préférence, mais aussi celui qui est le mieux doué, qui se prépare le mieux à la compétition et qui respecte aussi bien son adversaire que les arbitres et le public. Car c'est cela le véritable esprit sportif. Je tiens donc à remercier Messieurs Abrous Outoudert, Okba Khiar et Mustapha Aïnouche pour ce travail rigoureux et utile. Je tiens également à réitérer mon appel à la presse sportive afin qu'elle fasse du phénomène de la violence dans les enceintes sportives l'une de ses principales préoccupations. J'exhorte enfin les clubs et leurs comités de supporters à œuvrer sans relâche à la promotion du fair-play. Le ministère de le Jeunesse et des Sports n'est pas en reste. Il consolidera les initiatives prises en poursuivant son action, de concert avec l'ensemble des intervenants. Bon courage à tous dans la lutte contre la violence dans le domaine du sport et pour le travail visant à faire de l'esprit sportif l'un des traits culturels majeurs dans notre pays. H. D. (*) Le ministre de la Jeunesse et des Sports