«Messi et Ronaldo sont les meilleurs du monde, mais...» «En Italie, la relève n'est pas encore à la hauteur» Jusqu'à lundi prochain 6 décembre, date à laquelle seront révélés les trois finalistes du FIFA Ballon d'Or 2010, des invités de francefootball.fr analysent cette course au trophée 2010. La parole est aujourd'hui donnée à un ancien lauréat, l'Italien Paolo Rossi, sacré en 1982. Paolo, quels sont vos favoris pour le FIFA Ballon d'Or 2010 ? C'est une année de Coupe du monde. Et, comme toujours en pareille circonstance, ceux qui se sont bien comportés dans cette compétition occupent forcément une place de choix. A commencer par les Espagnols, notamment Iniesta et Xavi, qui ne devraient pas être loin du podium. Tous deux ont vécu une année vraiment exceptionnelle. Personnellement, je penche pour Iniesta. C'est lui qui a inscrit le but victorieux en finale. Et il a fait d'excellentes choses avec le FC Barcelone. Iniesta ou Xavi, il n'y aurait rien de plus juste que de primer le représentant d'une école footballistique qui, tant en sélection qu'en club, domine la scène internationale et assure le spectacle. Avant le Mondial 2010, l'Espagne n'a-t-elle pas remporté l'Euro ? Et comment oublier les exploits du Barça ? Qui pourraient inquiéter les joueurs de la Roja ? La présente année a également été marquée par l'extraordinaire triplé de l'Inter (Scudetto-Coupe d'Italie-Ligue des champions). Et quoi de plus logique que de voir l'un de ses représentants aux premières loges. Je pense avant tout à Wesley Sneijder. Ce dernier, outre les trois trophées de l'exercice 2009-10, ainsi que la Supercoupe d'Italie en août, a atteint la finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Et le Néerlandais n'a jamais déçu, offrant toujours des prestations de haut niveau. Les autres Nerazzurri ont-ils une réelle chance de faire leur trou au classement ? Honnêtement, je pense que Sneijder va monopoliser l'attention. (une pause) Je regrette juste que Diego Milito n'ai pas été retenu dans la liste des 23 : ses buts à la pelle sur la route du triplé avaient forcé l'admiration de tous. Voyez-vous d'autres outsiders ? Je pense aux Allemands Özil, Schweinsteiger et Müller, trois éléments prépondérants d'une Nationalmannschaft séduisante. J'accorde, en revanche, peu de chances à Cristiano Ronaldo et Messi. Ces deux-là sont probablement les meilleurs au monde et font étalage de leur classe chaque semaine, mais ils n'ont pas brillé au Mondial 2010. Et par expérience, nous savons qu'il est difficile de bien figurer au Ballon d'Or après avoir réalisé une Coupe du monde moyenne. Mieux vaut le contraire : ne pas se singulariser pendant l'année, mais réussir sa Coupe du monde. Vous parlez en connaissance de cause... En effet, en 1982 je n'étais revenu de suspension que quelques semaines avant de participer au Mondial en Espagne. Mais là-bas, j'ai inscrit six buts, terminé meilleur buteur et je suis devenu le symbole du titre conquis par l'Italie. Vingt-huit ans plus tard, les Italiens sont totalement absents du Ballon d'Or... C'est la démonstration de la crise que traverse notre football. Je ne vois pas comment un Italien aurait pu intégrer la liste des 23 candidats : la Nazionale a réalisé un Mondial désastreux, l'Inter Milan a gagné la Ligue des champions sans pratiquement aligner d'Italiens. Nos joueurs les plus forts restent Totti et Del Piero, mais ils ne sont plus depuis longtemps dans le giron de la sélection et leurs clubs n'ont pas brillé en Coupe d'Europe cette année. Nous arrivons à la fin d'un cycle et le problème est que je ne vois pas dans l'immédiat une relève à la hauteur. Notre seul véritable espoir est Mario Balotelli, mais il a encore quelques échelons à gravir.