«Je connais bien les deux sélections et je peux vous dire que la rencontre se jouera sur des détails» Préférant souvent éviter les déclarations au sujet de l'EN et notamment de sa crise de résultats actuelle, l'ancien sélectionneur des années 1980, Mahiedine Khalef, qu'on a accosté lundi soir en marge de la cérémonie de remise du Ballon d'Or Le Buteur-El Heddaf, a accepté exclusivement de nous accorder cet entretien et d'évoquer avec nous la situation que traversent en ce moment les Verts. On n'a pas manqué aussi de parler avec lui de cette importante rencontre qui mettra aux prises les poulains de Benchikha avec ceux de Gerets, au mois de mars prochain. Un match, dit-il, qui se jouera sur «des détails». Bougherra, Ballon d'Or algérien de l'année 2010. Un commentaire ? Je dirais que c'est une distinction méritée. Bougherra est un joueur talentueux qui sait très bien faire son boulot. C'est aussi un gars très discipliné et très posé et ça ne me surprend pas qu'il soit arrivé à ce niveau-là. Néanmoins, je pense que, désormais, il doit quitter le championnat écossais et rejoindre un autre plus huppé. En Ecosse, il n'y a que deux clubs qui dominent le championnat, les Rangers justement, et le Celtic, et cela ne lui permettra pas de progresser. Vous lui conseilleriez de rejoindre quel championnat par exemple ? Au vu de sa grande force physique et technique aussi, je le vois bien en Angleterre, en Italie ou même en Espagne. Il doit changer de club pour élever encore plus son niveau et il ne doit pas de ce fait se contenter uniquement de gagner des titres qu'en Ecosse et se dire, «c'est bon, je suis arrivé». Il doit opter pour un grand club européen, jouer régulièrement la Ligue des champions et s'imposer comme l'un des tout meilleurs défenseurs en Europe. Il en est capable, j'en reste persuadé. Parlons un peu de vous, coach. Quelles sont vos nouvelles ? A vrai dire, actuellement, je me repose, tout en suivant l'actualité du football, que ce soit ici en Algérie ou à l'étranger. Je suis lié au football et, par rapport à mon métier de consultant, je dois me tenir informé de tout ce qui s'y passe. Vous vous êtes quelque peu éloigné de la scène footballistique algérienne. Peut-on un jour vous voir reprendre du service ? Vous savez, le football algérien coule dans mes veines. Je suis un Algérien avant tout et il est clair que je ne pourrai jamais tourner le dos à mon pays. Si on fait appel à moi pour aider, soyez certain que je répondrai présent. Je n'ai jamais refusé une sollicitation de mon pays. Même de la JSK ? Ecoutez, la JSK, c'est mon club. Il n'y a rien à dire là-dessus. Justement, on a dit récemment que M. Khalef allait être le président d'honneur du club, vous confirmez ? Je n'ai pas besoin d'en être le président d'honneur. A la JSK, je suis comme chez moi et rien ne m'empêche de lui apporter mon aide et mon soutien régulièrement. Et si on vous sollicite pour l'EN, que répondriez-vous ? Il faut savoir qu'il y a des responsables et des entraîneurs de qualité en place qui savent faire leur boulot. Ils maîtrisent bien la situation et il ne faut pas tout le temps semer la zizanie. On doit laisser tout ce beau monde travailler et ne pas toujours parler que pour parler et critiquer. Cela peut très bien contrarier le coach qui est en place et lui mettre davantage de pression, ce qui ne sera sans doute pas une bonne chose pour notre football. Il faut savoir rester positif et ne pas chambouler tout le temps les choses. Cependant, et comme je viens de vous le dire, si on me demande des conseils et de l'aide, je le ferai sans aucun problème. Mais le public algérien a toujours envie de connaître votre avis et lire vos analyses par rapport aux rendements de la sélection… Je pars du principe qu'il faut laisser les gens travailler. Comme je viens une nouvelle fois de vous le signifier, il y a un coach en place et il faut l'aider, non pas le casser. Ce n'est pas une tâche facile, comme peuvent le penser certains. Il y a eu beaucoup de changements récemment. Une Coupe du monde qui se termine et hop ! On reprend direct. Faire des déclarations ne fera que nuire à la bonne marche de l'équipe. Mais il y a aussi la critique positive qui sert en général à apporter les corrections nécessaires… Oui, je vous l'accorde, mais ce n'est pas toujours le cas, malheureusement. Dans un autre registre, vous qui connaissez très bien le football marocain, quels seront, d'après-vous, les clés qui permettront à l'EN de surclasser son vis-à-vis en mars prochain ? Le match est encore loin. L'EN a connu une période difficile ces dernières semaines, mais je suis sûr que d'ici à cette rencontre face à nos voisins marocains, et avec le retour des nombreux joueurs actuellement blessés, elle montrera un tout autre visage. Comment voyez-vous cette rencontre ? C'est un match derby et il est évident que la lutte sera acharnée sur le terrain entre les joueurs des deux camps. On ne peut pas, là maintenant, dire avec exactitude qui sortira vainqueur des deux matchs, c'est impossible. Je connais très bien les deux sélections et je peux vous dire que la partie du mois de mars prochain se jouera à coup sûr sur des détails et j'ajouterai même que ce n'est pas forcément le meilleur qui gagnera, mais bien le plus chanceux. La rencontre opposera avant tout deux pays frères, il faut rester sportifs et laisser la politique de côté. J'espère vraiment qu'on assistera à une bonne ambiance et surtout à un beau spectacle.