Le Barça devient également l'équipe la plus sacrée (8 trophées), à égalité avec la Juventus Turin et l'AC Milan. Le 55e Ballon d'Or, qui sera décerné aujourd'hui à Zurich, ne devrait pas échapper à l'un des deux joyaux des champions du monde espagnols, Andres Iniesta ou Xavi, au cours d'une cérémonie qui pourrait tourner à la célébration du football ibérique. Comme après chaque Mondial, la compétition reine de la FIFA servira de juge de paix pour l'attribution de la plus prestigieuse récompense individuelle de la discipline et il suffit parfois d'un été de rêve pour obtenir l'adhésion des votants, comme pour Zinédine Zidane en 1998, Ronaldo en 2002 et Fabio Cannavaro en 2006. Les deux joueurs ibériques, leaders techniques de la Roja, partent donc logiquement avec une bonne longueur d'avance sur leur coéquipier du FC Barcelone et lauréat en 2009, Lionel Messi, 3e joueur encore en lice mais qui n'a qu'un titre de champion d'Espagne à faire valoir. Créateur hors pair, que ce soit avec sa sélection nationale ou le Barça, Iniesta a marqué les esprits avec son but en finale du Mondial-2010 face aux Pays-Bas (1-0 a.p.). A 26 ans, il ferait un Ballon d'Or très crédible mais il ne devra pas sous-estimer Xavi, métronome du milieu et qui représente l'âme du jeu espagnol dont il maîtrise toute la science. Il pourrait très bien être couronné, à bientôt 31 ans (le 25 janvier), pour «l'ensemble de son œuvre». L'ombre de Messi Annoncé comme l'une des grandes vedettes de la Coupe du monde, Messi (23 ans) a en revanche traversé le tournoi de manière discrète avec l'Argentine, ne trouvant jamais sa vraie place dans le dispositif de Diego Maradona. Résultat : aucun but marqué, une sortie sans gloire en quart de finale et sans doute des rêves de doublé au Ballon d'Or envolés. L'incertitude reste pourtant totale, le changement de formule de cette distinction honorifique rendant tout pronostic aléatoire. Créé par le magazine France football en 1956, le Ballon d'Or a fusionné avec le prix du meilleur joueur de l'année de la FIFA et son mode d'élection a été bouleversé. Aux journalistes, seuls votants jusque-là, se sont ainsi ajoutés les sélectionneurs et les capitaines des 208 équipes nationales affiliées à la Fédération internationale. De quoi ajouter au suspense et ne pas désespérer Messi, qui peut faire valoir son titre officieux de «meilleur joueur du monde». Quoi qu'il en soit, ce Ballon d'Or sera un hommage appuyé au FC Barcelone et à son centre de formation, la Masia, dont sont issus les trois prétendants. Art du dribble, sens de la passe, jeu en mouvement et dans les intervalles, le trio a été à bonne école, prouvant qu'à l'heure des physiques de déménageurs, il y avait encore de l'espoir pour les créateurs, au Barça et en Espagne tout du moins. Jamais d'ailleurs dans l'histoire du trophée, trois joueurs faisant au maximum 1,70m n'avaient occupé les trois premières places. Assurés de truster le podium, les Blaugrana rejoignent l'AC Milan des années Sacchi (1988, 1989), seul club à avoir réalisé un triplé. Le Barça devient également l'équipe la plus sacrée (8 trophées), à égalité avec la Juventus Turin et l'AC Milan. Mais au-delà du FC Barcelone, c'est tout le football espagnol qui serait, en cas de succès probable d'Iniesta ou de Xavi, enfin reconnu, lui qui domine la planète depuis l'Euro-2008 mais dont le dernier Ballon d'Or date de 1960 (Luis Suarez). Un duel Del Bosque-Mourinho La soirée pourrait d'ailleurs être celle de la consécration totale pour l'Espagne, si Vicente Del Bosque ou Pep Guardiola s'emparaient du prix du meilleur entraîneur de l'année. Mais le sélectionneur des champions du monde et le technicien barcelonais auront un adversaire de poids en la personne du charismatique José Mourinho, auteur du triplé Ligue des champions-championnat-Coupe avec l'Inter Milan.