«J'ai joué avec des professionnels étrangers contre la Tunisie» «Tahanouti était un président et surtout un père» Dans cette troisième partie, Benchikha nous parle de son transfert à Bordj Menaïel et ne tarit pas d'éloges sur le défunt président Tahanouti. Il évoque également son départ en Tunisie où il a joué à Zarzis et n'a pas manqué de dire sa déception après que son transfert au CS Sfax n'eut pas abouti, mais il ne regrette pas, en revanche, d'être resté dans le club qui lui a permis de se distinguer en tant qu'entraîneur. Un métier qui le passionnait depuis son enfance. Benchikha reconnaît qu'il doit beaucoup au CRB et son président Djillali Selmi, un homme plein d'idées. ----------------------------------------------- «J'ai terminé ma carrière à Zarzis dans l'axe de la défense et je me suis consacré pour le métier qui me passionnait» «A Zarzis, je jouais au poste de défenseur axial, au lieu de latéral gauche. Ma reconversion s'est faite facilement, du moment que j'étais fort dans les duels que je remportais généralement. J'ai vécu de bonnes choses à Zarzis, notamment sur le plan individuel, avec la naissance de ma fille en 1995. Sur le plan sportif, j'ai regretté de ne pas avoir animé la finale de la Coupe de Tunisie, après notre défaite face à Béja aux tirs au but. J'ai transformé mon tir grâce à une «Panenka», alors que Mourad Guettouche, qui était avec nous, et un autre joueur, à savoir Trabelsi, ont raté leurs tirs. La saison d'après, je me suis blessé au tendon d'Achille, suite à une intervention musclée au stade de Bizerte. J'ai décidé de mettre un terme à ma carrière à l'âge de 32 ans. Je suis revenu en Algérie et j'ai entamé une nouvelle aventure dans le métier d'entraîneur qui était mon objectif depuis le début. Après avoir décroché le baccalauréat, je pouvais choisir la médecine, le droit ou autre chose, mais j'ai opté pour ce métier qui me passionnait depuis l'enfance. J'ai eu mon diplôme du 3e degré en 1997.» ----------------------------------------------- «C'est grâce à Larbi que j'ai joué à Zarzis» «Au début des années 90, El Hadi Larbi, qui jouait à Zarzis, m'a proposé l'idée de le rejoindre dans son club. J'ai immédiatement accepté dans le but d'améliorer ma situation sociale. Je m'étais marié en 1988 et je suis resté 11 ans sans avoir de logement. Il est vrai que j'ai possédé des véhicules de tous genres, mais je n'ai jamais eu de logement avant d'entraîner le CRB. Mon départ en Tunisie s'est fait pour des raisons purement financières et je ne le regrette pas. J'ai passé trois belles saisons avec Zarzis entre 1991 et 1994, avant de mettre un terme à ma carrière de footballeur en 1995, suite à une grave blessure (rupture du tendon d'Achille). C'est à l'âge de 32 ans, alors que je n'avais plus d'ambitions en tant que joueur, que j'ai décidé de passer à une deuxième étape : devenir entraîneur.» ----------------------------------------------- «Tahanouti était un président et surtout un père» «C'est une photo avec la JS Bordj Menaïel, sous la tutelle de l'entraîneur russe Arzamatchaf, que je considère comme le meilleur entraîneur avec qui j'ai travaillé dans toute ma carrière. Il était très fort en méthodologie de travail. Avec cette équipe et sur le terrain en tuf de Takejrad, on jouait à une touche de balle et on jouait le titre chaque saison. J'ai quitté El Biar dans le but de rejouer en première division. Après le Service national, j'étais avec Ould Amer, Bouzmada, Ali Boudar, Zeggour et le président Tahanouti m'a contacté. Le professeur Toumi (le médecin personnel de l'ancien président de la République Chadli Bendjedid) m'a convaincu de jouer pour la JSBM, en contrepartie d'un appartement que je n'ai malheureusement pas eu. Mais je n'ai pas regretté d'avoir joué pour ce club. J'ai côtoyé le défunt président Tahanouti qui était une personnalité exceptionnelle. C'était aussi un père pour nous. Sur le plan financier, le club était au sommet et c'est ce qui m'a permis de me marier. Cette photo a été prise au stade de Béjaïa lors d'un match de coupe contre la JSK.» ----------------------------------------------- «Le CS Sfax m'avait proposé 20 millions de dinars tunisiens et je regrette de ne pas y avoir joué» «Lors des trois saisons passées à Zarzis, j'ai réalisé de bons matchs devant les ténors du championnat tunisien, à l'instar de l'Espérance de Tunis qui était le meilleur club dans le monde arabe et africain à l'époque. Cette photo a été prise lors d'un match contre cette équipe avec ses stars Hassan El Gabsi et Tarek Tabet. Ma prestation n'a pas laissé indifférent le club sfaxien qui m'a fait une offre alléchante. Son président m'avait proposé 20 millions de dinars tunisiens et j'ai accepté. J'ai rejoint l'équipe où je me suis entraîné pendant deux mois, mais je n'ai pas reçu ma lettre de libération de Zarzis. Un milliardaire répondant au nom de Bouaouadja, un ancien député, a pris en main l'équipe et m'a proposé le même montant pour rester à Zarzis. J'y suis retourné. J'ai regretté de ne pas jouer pour le CS Sfax où j'aurais pu m'illustrer davantage. Mais je me plaisais aussi à Zarzis.» ----------------------------------------------- «J'ai joué avec des professionnels étrangers contre la Tunisie» «Là, je suis avec un groupe de joueurs étrangers qui évoluaient dans le championnat tunisien en 1994. La Tunisie a organisé la Coupe d'Afrique cette année-là, avec une participation catastrophique de sa sélection. Un nouvel entraîneur a été nommé, et des changements radicaux ont été opérés au niveau de l'effectif avec l'arrivée de jeunes joueurs, comme Zoubir Beya, Benslimane, Kaïs El Ghodbane, Hatem Trabelsi. Il fallait donc expérimenter cette équipe et on a eu l'idée de former un effectif composé de joueurs étrangers évoluant en Tunisie qui lui servirait de sparring-partner une fois par mois. J'avais la chance de jouer un ou deux matchs aux côtés d'autres Algériens, comme Mourad Djahmoune, un excellent joueur à Sfax, Guettouche mon camarade à Zarzis, Saïd Boutaleb qui n'a pas eu le même succès au Club Africain. On ne lui a pas accordé assez de temps pour qu'il puisse montrer ses capacités. Il y avait aussi Boudjemâa Lamri, l'ex-joueur de Collo, qui était à Djerba, en plus de joueurs brésiliens et sénégalais.» ----------------------------------------------- «Djillali Selmi aurait pu remporter la Ligue des champions africaine» «Avec le CRB, et je le dirai à haute voix, c'est le Chabab qui a fait Benchikha l'entraîneur, et sans ce club, je ne serai rien dans ce métier. Il est vrai que j'ai travaillé avant avec la sélection des Espoirs aux côtés de Charef. Et on a participé avec une équipe composée de Mezouar, Madoui, Ould Mata, Belhamel à un championnat arabe, mais dans des conditions difficiles et avec des moyens restreints. Franchement, on n'était pas bien payés. Negazi m'a proposé l'idée de rejoindre le CRB. J'ai rencontré Selmi et le défunt Abdelouahab qui m'ont proposé un salaire respectable. J'ai accepté, et c'était le début d'une belle aventure avec des victoires, des titres et du beau jeu. Je n'oublierai pas ce que Djillali Selmi a fait pour moi, lui qui a cru en moi. Il me le disait à plusieurs reprises en aparté. C'était peut-être la vision de l'ancien grand joueur qu'il était ou le dirigeant compétent. Lorsque j'étais parti aux Emirats Arabes Unis, c'est lui qui m'avait convaincu de revenir de nouveau au CRB. Si Djillali Selmi, que je salue à l'occasion, avait seulement un peu d'argent, il aurait pu remporter la Ligue des champions africaine et terminer dans les quatre premières places du championnat, chaque saison.»