Drogba : "C'est une p... de honte !" Hiddink : "Je n'ai jamais vu pire" L'élimination ne passe pas ! Privés d'une deuxième finale de Ligue des champions consécutive dans le temps additionnel de leur demi-finale retour face à Barcelone mercredi (1-1), les joueurs de Chelsea ne digéraient pas les décisions de l'arbitre norvégien, M. Ovrebo, coupable à leurs yeux d'avoir omis de siffler trois penalties en leur faveur. Certains ont même dépassé les bornes, à l'image d'un Drogba qui risque gros. Leur fureur aura été à la hauteur de l'immense déception qui les a envahis au coup de sifflet final de cet intense Chelsea-Barcelone, demi-finale retour de la Ligue des champions (1-1). L'arbitre, M. Ovrebo, vient tout juste de mettre fin aux débats qu'il voit accourir vers lui, éructant, Terry, Cech, Ballack et autres, obligeant l'un de ses assistants à faire barrage de son corps, vite rejoint par quelques stewards. La cause de leur courroux ? Une minute plus tôt, sur l'ultime corner de la partie, alors qu'Iniesta vient d'égaliser au bout des arrêts de jeu (il restait 1' 30" à jouer dans le temps additionnel), la reprise de volée du gauche de Ballack est contrée dans la surface par le bras d'Eto'o, sans provoquer la moindre réaction du Norvégien, qui, dans la foulée, siffle la fin de la rencontre, envoyant le FC Barcelone en finale, trois ans après celle, gagnée aux dépens d'Arsenal, au Stade de France. Piqué reconnaît avoir touché le ballon de sa main La goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà bien plein pour les Londoniens, puisque le même M. Ovrebo s'était distingué auparavant en ne sifflant pas penalty sur des actions apparaissant pourtant plus flagrantes, en première mi-temps suite à une faute de Daniel Alves sur Malouda sur le côté gauche de la surface, en seconde sur une main de Piqué alors qu'Anelka tentait de s'ouvrir le chemin du but d'un sombrero. Le Catalan reconnaîtra d'ailleurs après-coup : "Le ballon a touché mon bras, l'arbitre a décidé qu'il n'y avait pas penalty, nous devons respecter ses décisions." Dans le camp des vaincus, on avait mercredi soir du mal, beaucoup de mal, à respecter les décisions d'un homme qui s'était déjà fait remarquer lors du dernier Euro en refusant un but parfaitement valable à Toni lors d'un match entre l'Italie et la Roumanie (1-1). Hiddink : "Je n'ai jamais vu pire" "Ce dont je suis sûr, c'est que dans ce genre de match, il faut avoir des arbitres de top niveau, avec beaucoup d'expérience dans les grands championnats, en Allemagne, Italie, Angleterre et Espagne", attaquera ainsi Guus Hiddink, arrivé tard en salle de presse avec à la main un DVD des actions litigieuses de la rencontre, comme pour mieux appuyer ses dires ! Et le Néerlandais, toujours calme malgré la tension ambiante, de poursuivre : "Les joueurs font des erreurs, les entraîneurs font des erreurs, les arbitres peuvent aussi faire des erreurs et c'est la raison pour laquelle nous leur donnons parfois le bénéfice du doute. Mais là, je me demande vraiment si j'ai déjà vu pire. On peut toujours se demander s'il y avait penalty en première mi-temps lorsque Drogba est tiré par le maillot, comme on aurait pu se demander la semaine dernière la même chose quand Henry a lui aussi été accroché dans la surface, mais quand il y a trois ou quatre situations litigieuses." Drogba : "C'est une p... de honte !" Trois-quatre actions que le coach de Chelsea se fait dans la foulée un devoir de décrire : "En première mi-temps, on voit clairement Malouda accroché dans la surface, l'arbitre était très bien placé pour le voir. Ensuite, il y a deux fois où on se retrouve dans des situations de main dans la surface, le ballon étant à chaque fois repoussé par un bras. Nous avons eu un penalty contre nous face à la Juventus (en huitièmes de finale) lorsque Belletti a touché le ballon du bras en sautant alors qu'il était dans le mur, alors après ce que j'ai vu aujourd'hui, oui, il y avait penalty. On a vu une situation similaire avec le ballon d'Anelka repoussé de la main par Piqué, puis une seconde fois sur la frappe de Ballack repoussée du bras par Eto'o. Une seule erreur, je peux l'admettre, mais là, ce sont cinq ou six fautes grossières qu'il a oublié de signaler." Et lorsqu'un interlocuteur lui demande s'il voit dans cette accumulation d'erreurs un complot fomenté en haut lieu, le sélectionneur de la Russie se montre prudent : "Je ne veux pas rentrer dans la théorie du complot, sinon je devrai le prouver et c'est très difficile. Mais cette somme d'erreurs est difficile à expliquer." Ses joueurs n'auront pas fait preuve de la même mesure, au point, pour certains, de dépasser les bornes. Sur l'action de Ballack, on voit ainsi l'Allemand, proche de la rupture, courir comme un dératé derrière l'arbitre, sans toutefois l'accrocher (il s'en tirera avec un carton jaune). Après le match, c'est Drogba, sorti en seconde période sur blessure, qui a eu du mal à garder ses nerfs, au point de déclarer en direct sur Sky Sports: "C'est une p... de honte !" Ses déclarations et son attitude véhémentes vis-à-vis du corps arbitral dans les couloirs de Stamford Bridge (selon la BBC, il aurait écopé d'un carton rouge) pourraient valoir de sérieux ennuis à l'Ivoirien qui, la saison dernière, avait déjà eu maille à partir avec la commission de discipline de la Ligue des champions, puisqu'il avait été suspendu suite à son exclusion en finale de la Ligue des champions face à Manchester United pour une gifle adressée à Vidic. Chelsea aurait dû se mettre à l'abri d'un tel scénario Malgré cela, Guus Hiddink a tenu à le soutenir, expliquant, à propos de sa réaction et de celle de ses joueurs : "Je peux complètement comprendre sa réaction, sous le coup de l'émotion et de l'adrénaline. Je le comprends et je le défendrai. Il y a eu trois penalties non sifflés et les joueurs le prennent comme une injustice. Il y a l'impression d'avoir été volés, c'est pour ça qu'ils étaient si chauds et en colère." Reste que le Barça, s'il s'en tire bien sur ses actions, que, bizarrement, l'entraîneur Pepe Guardiola n'a pas vues ("Je peux comprendre la déception de Chelsea vis-à-vis de la performance de l'arbitre, c'est possible qu'ils aient vu plusieurs penalties, mais je ne les ai pas vus", déclarera-t-il en conférence de presse), il peut lui aussi se plaindre de l'arbitrage, avec notamment l'exclusion sévère en seconde période d'Abidal pour une faute guère évidente que M. Ovrebo a estimée commise en tant que dernier défenseur sur Anelka. Du coup, les Catalans se sont retrouvés à dix, à 25 minutes de la fin, et seront privés en finale de l'ancien Lyonnais, une absence de plus en défense puisqu'elle s'ajoutera à celles de Daniel Alves (également suspendu), Marquez et Milito (blessés). Le mot de la fin est pour Guus Hiddink qui, plein de sagesse, conclut sur une note différente : "Nous avons eu deux ou trois opportunités que nous aurions dû saisir. Du coup, nous n'aurions pas eu toutes ces discussions à propos de l'arbitrage." Effectivement, si Drogba avait converti en but le service d'Anelka en début de seconde période, si Anelka, replacé dans l'axe suite à la sortie sur blessure de l'Ivoirien, avait mieux négocié les quelques bons ballons de contre à sa disposition, Chelsea se serait mis à l'abri d'un retour catalan, et ces décisions arbitrales seraient déjà oubliées.