«Heureusement que Cherif El Ouazzani nous a accompagnés» «On n'a pas l'intention de commettre les erreurs du passé» C'est avec beaucoup de lucidité, de sagesse et de clairvoyance que Seddik Berradja parle de son club et de ses objectifs personnels avec les Hamraoua. Devenu très mûr, le milieu offensif oranais grâce à son talent conjugué au caractère d'un vrai gentleman qu'il a répondu aux questions du Buteur. Comment se sont passés ces trois jours de stage à Kahrama ? Je trouve que tout se déroule le plus normalement du monde pour nous car ce centre de Kahrama n'est pas étranger aux joueurs. On a déjà effectué notre préparation d'intersaison dans ce même centre. On se plaît beaucoup ici. Cela nous permettra de se concentrer uniquement sur notre travail en perspective de la reprise du championnat. Avant le départ pour le Maroc, des joueurs ont évoqué un problème financier avec la direction du club. Qu'en est-il au juste ? C'est vrai que nous avons posé ce problème avec la direction du club juste avec le départ pour le Maroc, car n'importe qui aimerait bien avoir un peu d'argent en poche et subvenir aux besoins de sa famille avant de voyager. Les dirigeants ont été clairs avec nous en promettant de nous régulariser après le retour du stage. On leur a fait entièrement confiance, en espérant qu'ils arrivent à tenir leur parole car les joueurs veulent se focaliser entièrement sur le terrain à partir de la reprise du championnat. Il y avait aussi cette appréhension de voir l'entraîneur ne pas prendre part au stage. Aviez-vous peur, vous les joueurs ? Je ne cache pas le fait qu'on appréhendait à voir l'entraîneur prendre une telle décision, parce qu'on savait que le coach avait quelques frictions avec la direction du club. On avait peur de voir ces problèmes peser sur la décision de Cherif El Ouazzani ; mais on a pris le taureau par les cornes en prenant attache avec notre entraîneur pour lui demander de venir avec nous sans savoir ce qui se passait dans sa tête. Mais on redoutait beaucoup le contraire, car on avait du mal à imaginer un stage sans entraîneur. Le fait de le voir avec nous à l'aéroport d'Es Sénia nous a tous rassurés. Au fond on savait qu'il ne pouvait pas laisser tomber une équipe qui représente tout pour lui surtout qu'il est en train de réaliser un travail titanesque depuis le début de la saison. Mais il y a aussi la grippe qui s'est invitée en ce début de stage… J'avoue que cette grippe nous a un peu inquiétés, surtout lorsqu'on constate que les joueurs l'ont chopée à tour de rôle. On s'est renseignés et on nous a dit que ce virus est fréquent à Casablanca en cette période de l'année, et on peut attraper facilement cette grippe à cause de l'humidité très élevée dans cette ville. Ne pensez-vous que ces problèmes précités risquent de perturber le groupe en prévision de la phase retour ? Non, pas du tout, et je vais vous dire pourquoi. Contrairement aux années précédentes, personnellement, j'ai constaté que les joueurs du Mouloudia forment un vrai groupe. On est comme une vraie famille. Il n'existe aucun conflit. Au contraire, on s'amuse bien entre nous. On sent même une certaine complicité avec les membres du staff technique. Voilà ce qui constitue la force du MCO cette saison. Avec ces problèmes internes et externes, un groupe fragile pourrait facilement se casser les dents. Mais on essaye de faire le vide autour de nous et ne penser qu'à notre mission qui est de faire notre possible pour que le club arrive à réaliser un bon parcours cette saison. Toutefois, on redoute beaucoup cette trêve qui a été souvent source de tous les maux du Mouloudia… Sur le plan purement technique, je dirai que cette trêve n'est pas tombée à pic pour nous car l'équipe a réussi à trouver son rythme de croisière en concluant la première phase avec une véritable démonstration face au CSC. On aurait aimé au moins jouer les deux matches restants pour la phase aller. Le fait de ne jouer le moindre match officiel pendant plus d'un mois nous remet à la case départ. Bon, on ne devra pas se plaindre. On doit retenir les leçons des précédentes saisons afin de se corriger durant ce stage. Notre premier objectif est de ne pas rater le match d'El Harrach, car un bon résultat nous permettra non seulement de prendre confiance en nos moyens mais de retrouver notre rythme de la fin d'année. Y a-t-il une pression concernant l'objectif du MCO, qui est revu à la hausse ? Personne ne pouvait parier sur la valeur de l'équipe au début de la saison, et c'était par mesure de prudence d'avoir le maintien comme objectif principal du club. Cela dit, il est encore trop tôt d'avancer un quelconque objectif. Le plus important est d'assurer le maintien le plus tôt possible, et après on essayera d'aller au bout de nos ambitieux. Est-ce que le Mouloudia a les moyens de rester, au moins, à cette cinquième place ? Il est clair que nous n'avons pas encore les moyens pour jouer le titre, car le Mouloudia manque de stabilité. Mais si on arrive à rester sur cette lancée, je pense qu'on pourrait décrocher une place qualificative pour une compétition internationale. Il ne faut pas aussi se contenter du maintien, car le MCO est un club ambitieux qui doit toujours aller le plus loin possible dans les différentes compétitions. Comme je l'ai déjà dit, le Mouloudia dispose d'un bon groupe. Comment jugez-vous le niveau du championnat de cette saison ? Nous avons eu l'occasion de jouer presque toute une phase aller. Ce n'est pas le niveau des autres équipes qui nous inquiète car le Mouloudia d'Oran restera un grand club que les meilleures équipes du championnat redoutent. En plus, c'est l'état d'esprit du groupe qui fait de nous une équipe coriace cette saison, et qui est allée gagner chez le champion d'Algérie en titre et qui a forcé l'ESS au nul chez elle. Mon souhait le plus cher est qu'on arrive à rester avec ce même état d'esprit jusqu'à la fin de la saison. Il faut aussi que les responsables du club protègent le groupe et nous assurent les meilleures conditions de travail possibles afin d'arriver à nos fins. Vous faites partie des joueurs actuellement considérés comme des piliers de l'équipe. Ne pensez-vous qu'il est temps de gagner un titre avec le MCO ? C'est tout à fait vrai. C'est une question à laquelle je pense beaucoup. Jouer dans un grand club sans pouvoir gagner un titre n'a pas de charme. C'est vrai que j'ai gagné une Coupe d'Algérie avec le CR Belouizdad, mais rien ne peut remplacer un titre que vous gagnez au club de votre ville et dans lequel vous avez pris part à toutes les catégories. Ce serait une grande fierté pour moi d'arriver à décrocher un titre avec les Hamraoua. Il faut aussi qu'on renoue avec la compétition internationale. Pourtant, le MCO possède une force inédite qui est son public… Oui, le public du Mouloudia est exceptionnel. Le voir à nos côtés dans les quatre coins du pays nous motive à lui rendre hommage par un titre. Nos supporters sont très exigeants. Pour nous, cette galerie est une source de motivation inégalable. Cette saison, nos supporters savent très bien que l'équipe a changé par rapport aux saisons précédentes. Pour que l'équipe devienne homogène, certains pensent qu'elle a besoin de renforcer son secteur offensif… L'attaque a toujours constitué la force du Mouloudia d'Oran. A vrai dire, nous avons besoin d'un avant-centre d'expérience capable de traduire les occasions en buts. Mais je n'ai pas envie d'évoquer ce sujet car il n'est pas du tout de mon ressort. J'ai une mission sur le terrain, je dois l'accomplir un point c'est tout. On parle de l'absence d'un centre-avant mais cela ne vous empêche pas, vous qui êtes un milieu de terrain, de marquer des buts et d'être le meilleur buteur de l'équipe… Si un milieu de terrain arrive à marquer, cela prouve que l'équipe est bien au point. Avec la présence d'un centre-avant de métier on fera encore mieux. Personnellement, j'ai un tempérament plus offensif, je pourrais marquer et faire marquer. Le mérite revient aussi à mes coéquipiers avec qui je peux désormais jouer les yeux fermés. Malgré votre état de grâce, vous êtes l'un des rares joueurs qui n'abordent pas l'Equipe nationale des locaux. Sincèrement, je ne veux pas trop parler de cette Equipe nationale, mais je laisse à Dieu et au destin d'en décider. Je travaille dur dans mon club afin de progresser. Maintenant, le dernier mot revient au sélectionneur qui connaît parfaitement les joueurs locaux. Cela dit, le rêve de n'importe quel joueur du championnat est de porter, ne serait ce qu'une fois, ce très cher maillot. Je ne l'ai jamais dit mais c'est un rêve d'enfance, j'espère qu'il va se réaliser. Pour conclure ? Je lance un appel à nos supporters afin de nous aider pour la suite du parcours. J'espère aussi qu'on reste solidaires comme à la phase aller car notre souhait est de faire plaisir un nos fans.