«Soudani est pour moi une vraie découverte». Meilleur footballeur algérien de la saison dernière, Madjid Bougherra n'est pas le dernier à suivre le parcours de la sélection nationale A' au Championnat d'Afrique des nations (CHAN), qui se déroule au Soudan. C'est même un spectateur très attentif, doublé d'un supporter inconditionnel, puisqu'il semble tout connaître des locaux. Il brosse un tableau élogieux de la participation algérienne à cette compétition. Le sélectionneur Abdelhak Benchikha a révélé que vous lui envoyez des messages au fil du parcours de la sélection A' au Championnat d'Afrique des nations. Suivez-vous donc les matches de l'Algérie ? Malheureusement, je ne peux pas regarder l'intégralité des matches car je n'ai pas les chaînes qui retransmettent le tournoi. Cependant, j'essaye de m'informer du mieux que je peux à travers la presse, les sites web et les vidéos des meilleures actions. Franchement, je suis très emballé par les performances de l'Algérie. Etre en demi-finale du CHAN, après que nous l'ayons été à la CAN, signifie déjà que l'Algérie du football reste dans le top de l'Afrique. C'est déjà une très bonne nouvelle. Moi, je vois même les Algériens aller encore plus loin. Etes-vous surpris par ce beau parcours ? Alors là, pas du tout ! J'ai toujours su et dit qu'il y a des talents en Algérie. Il leur manque juste le travail, la rigueur et un cadre de travail professionnel. Beaucoup de gens semblent sceptiques quant à la capacité de l'Algérie à pratiquer le professionnalisme en football. Moi, le professionnalisme en Algérie, j'y crois ! Là, nous assistons au premier championnat national professionnel et, même s'il y a des insuffisances, ce n'est qu'un premier pas et, déjà, ça commence à porter ses fruits. Le footballeur algérien local n'a rien à envier, au plan du potentiel, aux meilleurs dans le monde. Il a juste besoin d'un cadre qui lui permettrait de développer ce potentiel. Je suis absolument convaincu que, dans trois ans, lorsque les centres de formation seront opérationnels, lorsque le jeune joueur algérien aura appris à se discipliner, lorsqu'un travail en profondeur sera entamé, le professionnalisme donnera de sacrés résultats. Déjà, ce CHAN est une très belle chose. Les joueurs locaux ont désormais une compétition à travers laquelle ils peuvent se frotter aux meilleurs du continent. Cela va leur apprendre à connaître la compétition internationale, tout en leur permettant de bien se préparer pour l'EN A. Il y a des joueurs de la A' que vous avez déjà côtoyés en sélection tels que Zemmamouche, Laïfaoui, Hadj Aïssa, Meftah, Metref, Djabou et autre Lemmouchia. Avez-vous senti du talent chez eux ? Absolument. Il n'y a pas qu'eux. Je connais aussi d'autres qui étaient avec moi en sélection Espoirs ou que je connais à travers la télévision, tels Maïza, Messaoud et Belkalem. J'ai toujours su qu'ils ont du potentiel. Moi, j'ai toujours cru en ces joueurs. C'est avec fierté que je vois des écoles de football pulluler un peu partout dans le pays. L'Algérie a toujours été un vivier de joueurs doués et elle le restera. Quel a été le joueur que vous ne connaissiez pas du tout et que vous avez découvert à travers le CHAN ? Sans hésitation, Soudani. Il a tout d'un bon attaquant. Certes, je n'ai pas eu l'opportunité de le voir sur un match complet, mais sur ce que j'ai vu de ses prestations, il est très prometteur. Déjà, il a inscrit un doublé, ce qui n'est pas rien pour un jeune joueur. De plus, il porte le même numéro que moi en sélection (rire). Avec le « 2 », il est donc le bien numéroté, à défaut d'être le bien nommé ? Oui, c'est bien ça (rire) ! Plus sérieusement, il a un bagage intéressant. Il ira loin. Je lui souhaite le meilleur pour la suite. En attendant que le professionnalisme soit effectif en Algérie, pensez-vous que les jeunes talents révélés par le CHAN – et même d'autres qui n'ont pas été retenus pour cette compétition – gagneraient à partir en Europe afin de progresser ? Je le pense, oui. Pour franchir un cap au niveau de la qualité, pour se frotter au haut niveau, de jeunes joueurs tels que Soudani, Djabou, Belkalem et d'autres encore doivent franchir le pas. C'est la voix à suivre s'ils ambitionnent de passer du statut de bons joueurs à celui de grands joueurs. Là, ils sont en train de faire des choses intéressantes dans le CHAN, mais je suis convaincu qu'ils peuvent faire encore mieux. En tout cas, ils doivent savoir que s'ils progressent, c'est bon pour eux et aussi pour la sélection nationale. Il y a aussi une chose importante qu'il ne faut pas occulter. Laquelle ? Il n'y a pas que la A et la A'. Même la sélection U23 carbure fort. Son sélectionneur, Aït Djoudi, est en train de faire un travail très intéressant. J'ai suivi ses performances durant les dernières semaines et j'ai été agréablement surpris par ses prestations. J'ai découvert des joueurs bourrés de talent que je ne connaissais pas. Vraiment, Wallah, il se passe de belles choses dans le football algérien. Tout cela sera bénéfique pour la sélection nationale et pour l'avenir du football national. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela me fait plaisir. D'autant plus que la A' a tout de la A sur le plan des moyens : multiplication des stages, le même coach, le président Raouraoua qui la suit et la couve, les mêmes équipements… C'est vraiment une antichambre de la A… Je dirais même plus : c'est l'équipe réserve de la A ! Le sélectionneur a où puiser de bons renforts pour la sélection. C'est pour quoi je crois beaucoup à la capacité de cette sélection d'aller encore loin dans le CHAN. Benchikha a révélé que vous aviez promis d'assister à la finale si l'Algérie s'y qualifierait et si votre agenda vous le permettait. Or, vous jouerez jeudi soir le match retour des 16es de finale de l'Europa League contre le Sporting Lisbonne, alors qu'un match de championnat vous attend dimanche face à Saint Johnstone, ce qui rend votre présence à Khartoum impossible… Oui, malheureusement. Notre défaite face au Celtic a compliqué notre situation en championnat et tous les matches deviennent importants. Je ne pourrais pas suivre la finale au stade dans le cas où l'Algérie y participerait, mais soyez certain que je me débrouillerai pour regarder le match à la télévision et je serai le premier supporter de l'Algérie. Cela dit, que les joueurs reçoivent, à travers vos colonnes, tous mes encouragements et mon soutien avant la demi-finale et avant la finale, car je suis convaincu qu'ils peuvent le faire. Comme ils sont tous des fidèles lecteurs du Buteur et d'El Heddaf, ils liront certainement cette interview avant la demi-finale. Qu'avez-vous à leur dire ? Je leur dirais : faites-le, vous en êtes capables ! Si près du but, ce n'est pas le moment de flancher. Je crois en eux. De plus, ils ont un entraîneur compétent et passionné, qui sait parler aux joueurs et qui saura en tirer le meilleur. Je suis très confiant. Vous, joueurs de la sélection, parlez-vous ces derniers temps des performances de la A' ? Oui, nous évoquons le sujet à travers des messages échangés. Tout le monde est content, croyez-moi. De plus, ça se passe dans une ville, Khartoum, qui nous a laissé un souvenir impérissable et qui semble porter chance à l'Algérie. Revenons à votre situation avec les Rangers. Vous avez concédé une défaite face au rival, le Celtic, mais le titre reste toujours jouable puisque vous comptez deux matches en retard et vous aurez encore à recevoir le Celtic chez vous durant le play-off. Toujours optimiste donc ? Ah oui ! La défaite face au Celtic fait mal à cause de sa médiatisation, mais elle ne remet aucunement en cause notre ambition de conserver le titre de champion. Nous avons été dans le mou durant le mois de février, mais je suis convaincu que nous nous ressaisirons. Depuis le début de saison, nous avons accumulé plus de 35 matches entre championnat, Ligue des champions, Coupe d'Ecosse et Coupe de la Ligue. Les 6 matches intenses que nous avons disputés en Ligue des champions ont mis à mal notre fraîcheur physique. Cependant, rien n'est perdu. Nous n'avons joué que 24 matches de championnat alors que le Celtic en a disputé 26. Nous avons donc toutes nos chances encore. Le mois de mars sera très délicat avec notamment le match à rejouer de la demi-finale de Coupe d'Ecosse face au Celtic, chez ce dernier, trois matches de championnat consécutifs à jouer à l'extérieur et la finale de la Coupe de la Ligue face toujours au Celtic. Pensez-vous que mars sera décisif ? Il le sera à coup sûr, surtout par rapport au Celtic. Si nous les éliminons en Coupe ou que nous remportions la Coupe de la Ligue, ça plombera leur moral en prévision du match du play-off contre eux, mais l'inverse est aussi vrai. Donc, il va falloir s'appliquer dans tous les matchs du mois prochain. Ce sera dur, non seulement physiquement, mais aussi au plan mental, mais nous avons l'expérience de ce genre de programmation. Nous ferons de notre mieux pour bien négocier ces matches.