Fodil : «En 2001, j'ai raté volontairement le but de la victoire face à la JSK» Mounir : «J'étais la bête noire du MCA» Après Hamenad, c'est au tour des frères Dob, en l'occurrence Mounir et Fodil, de nous parler de ce classique MCA-JSK qui a toujours été caractérisé par un grand engagement sur le terrain, vu la grandeur des deux clubs. Toutefois, les deux hommes se sont accordés à dire que le MCA-JSK d'aujourd'hui ne ressemble plus à celui des débuts des années 2000. D'après eux, tout réside dans le mental des joueurs qui manquent de motivation. Lors des deux entretiens, Fodil et Mounir nous ont tout révélé sur les classiques disputés durant leurs passages avec les deux clubs. Fodil a même osé nous faire une révélation sur un certain match JSK-MCA disputé à Tizi en 2001 où il a refusé de mettre le ballon au fond des filets alors qu'il se trouvait face-à-face avec Guaouaoui. ------------------------------------------- Fodil : «En 2001, j'ai raté volontairement le but de la victoire face à la JSK» En tant qu'ancien joueur ayant porté les couleurs des deux clubs, le match entre le MCA et la JSK vous inspire quoi ? Beaucoup de choses, à savoir l'engagement, la rage de vaincre, la volonté sur le terrain et la motivation. C'est une confrontation qui opposera deux grands clubs en Algérie, mais avec toute franchise, le MCA-JSK d'aujourd'hui est complètement différent des précédents. On ne retrouve plus de grands joueurs, capables de faire la différence sur le terrain. Soyez plus explicite… Je veux dire que le niveau n'est plus le même. Plusieurs choses ont changé, de la mentalité au niveau des joueurs. Personne ne se donne à fond. Les classiques ou les derbys sont devenus des matchs banals. D'ailleurs, les supporters ne se déplacent plus en masse lors du derby algérois MCA-USMA. A notre époque, l'ambiance régnait dans la capitale une semaine avant le match. A votre avis, quelle est la cause de ce désintéressement ? J'estime que le problème est d'ordre politique. Même si nous sommes passés au professionnalisme, le bricolage subsiste. Nous sommes en plein déclin et la situation est critique, il faut sauver le football algérien et au plus vite ! Quel souvenir gardez-vous avec le MCA lors des classiques face à la JSK ? L'action qui m'est restée en tête, c'est la décision que j'avais prise en 2001 face à la JSK au stade de Tizi. Personne n'avait réussi à marquer. Le score était de zéro partout, et à la dernière minute, je me suis retrouvé face- à-face avec Gaouaoui. J'ai tiré, le ballon m'est revenu une seconde fois avant de l'envoyer dans le décor. J'ai raté volontairement le but, car il y avait une pression énorme ce jour-là. J'ai eu peur pour moi, pour nos supporters et pour mon frère Mounir qui jouait à la JSK. Regrettez-vous ce geste ? Non, car je pense l'avoir fait pour la bonne cause. Je savais qu'en inscrivant le but, on serait exposés au danger. Votre plus beau souvenir avec le MCA et la JSK… Je n'oublierai jamais le titre de champion d'Algérie remporté en 1999, après 21 ans. Nous avions défilé durant 14 heures sur le chemin Oran-Alger. Avec la JSK, j'ai gagné un titre que Belloumi n'a pas gagné, à savoir la Coupe d'Afrique. Cest ce qui me manquait dans mon palmarès. Un pronostic pour le match de ce samedi… Je dirai avant tout que les joueurs du Mouloudia sont dans le doute après le nul face au MCS, que je qualifie de honteux. J'appelle d'ailleurs les supporters du MCA à demander des comptes après chaque contre-performance, car les joueurs actuels sont trop chouchotés. Concernant le match, je pense que le MCA essayera cette fois-ci de se relancer. Pour les joueurs de la JSK, ils se déplaceront avec un bon moral, même si leur victoire face au MCEE était difficile. Je m'attends à un bon match. ------------------------------------------- Mounir : «J'étais la bête noire du MCA» On sait que vous préparez actuellement votre diplôme d'entraîneur de second degré. Quand pourrons-nous voir Mounir dans la peau d'un entraîneur ? Dans un futur proche, sans doute la saison prochaine. J'ai bien réfléchi, après 26 ans d'expérience sur les terrains, je trouve qu'il est venu le temps de passer à autre chose, je veux mettre mon expérience au service des jeunes. Un mot sur l'élimination de la sélection A' en demi-finale du CHAN face à la Tunisie… Je pense qu'il faut positiver les choses. La plus grande satisfaction, c'est que les joueurs actuels ont prouvé que le joueur local est d'un bon niveau et mérite sa place chez les A. Je pense que la qualification au Mondial a été derrière ce sursaut d'orgueil des joueurs locaux, qui ont tout fait pour prouver de quoi ils étaient capables. En revoyant l'attaque algérienne de 1982, on constate qu'en Algérie, il y a du talent. Vous qui aviez évoqué à plusieurs reprises les performances de la JSK en Ligue des champions, comment expliquez-vous cette phase aller timide des Kabyles ? Pour tout vous dire, cela a toujours été comme ça à la JSK. Je pense que cette baisse de régime est légitime du moment que les joueurs se sont complètement vidés sur le plan physique et mental. Ce que je trouve par contre surprenant, c'est que ce passage à vide a duré, contrairement aux précédentes saisons. A notre époque, on ne ratait que les trois voire les quatre premiers matchs seulement. Je mise pour un retour rapide de la JSK sur le podium, car les grands ne meurent jamais. Pensez-vous que le MCA-JSK d'aujourd'hui a su garder son charme ? Sans vouloir enfoncer les joueurs actuels, je dirai que les classiques et les derbys se jouent froidement. Ils ont perdu avant tout leur public qui ne s'intéresse plus au championnat local. La saison passée, on a trouvé comme excuse la qualification de l'Algérie au Mondial. Qu'allons-nous dire cette fois ? Les joueurs ne sont plus motivés sur le terrain, ils jouent pour l'obligation de jouer sans plus. Je tiens aussi à ajouter un truc super important. Lequel ? Il serait intéressant de connaître les raisons de cette démotivation sur le terrain. A mon avis, je trouve que l'absence du public en est une. Vous savez, lorsqu'on voit un club comme la JSK, grand par ses supporters, jouer au stade du 1er-Novembre devant des gradins vides, c'est démoralisant à un point inimaginable. Cela me fait vraiment mal au cœur de voir de telles scènes. Car qu'on le veuille ou non, c'est le supporter qui pousse le joueur à se donner à fond lors des derbys ou classiques, chose qu'on ne voit plus sur nos terrains. Quel est le MCA-JSK qui est resté gravé dans votre mémoire ? Avant toute chose, je dirai que j'étais la bête noire du MCA. Je réussissais à leur marquer dans la plupart des cas, que ce soit avec la JSK, le CRB ou le CAB. Pour répondre à votre question, je dirai que notre victoire 4-1 en 2001 sous l'ère Harouni reste mon plus beau classique. Nous avons joué à Tizi et avons fait un joli spectacle. Un conseil à donner aux joueurs des deux équipes… Je leur conseil de prendre du plaisir en jouant. C'est dans ce genre de rencontres que le joueur peut s'autoévaluer. Je leur demande pour l'occasion de régaler la galerie, car c'est une fête entre deux grands clubs. Je souhaite qu'il y ait des buts car pour les supporters un 2 à 2 est meilleur qu'un 0 à 0.