«A Oum Dourmane, j'ai supporté l'Algérie, et Chaouchi nous a épatés» Voulant l'approcher en marge du match amical qui a opposé son équipe du Raja Casablanca à l'USMA au centre de formation du prestigieux club marocain, sa non convocation nous a contraints de nous présenter le lendemain à la séance matinale pour l'interviewer. Hichem Mahdoufi, l'arrière latéral gauche des Lions de l'Atlas, a raté les deux derniers matchs amicaux face à l'Irlande et le Niger à cause d'une blessure dont il souffrait mais sera probablement de retour lors du derby contre l'Algérie prévu pour le 27 mars prochain. L'ancien joueur du Dynamo Kiev nous parle de cette affiche de la troisième journée des éliminatoires de la CAN 2012. Nous sommes des journalistes algériens et nous voulons vous poser quelques questions si c'est possible… Tout d'abord, soyez les bienvenus au Maroc, votre seconde patrie. Pour les questions, je suis à votre entière disposition. Nous vous avons vu vous entraîner en solo. Vous souffriez de blessure, n'est-ce pas ? Oui, je souffrais d'une déchirure musculaire au niveau de la cuisse, mais à présent je me sens beaucoup mieux. Ne craignez-vous pas que cette blessure vous prive du match Algérie-Maroc ? Non, je me sens beaucoup mieux. Je serai à la disposition d'Eric Gerets pour le match face à l'Algérie et pour la suite du parcours des éliminatoires. Pourquoi avez-vous fait l'impasse sur les deux derniers matchs amicaux de votre sélection ? Si je n'ai pas pu être présent, c'est à cause des blessures. Seriez-vous dans la liste des joueurs qui feront le déplacement à Annaba ? Aucun joueur ne sait à l'avance s'il sera présent ou pas, mais de mon côté j'attends avec impatience la convocation de M. Gerets. Etes-vous toujours en contact avec vos coéquipiers en sélection ? Bien sûr. Que ce soit avec les locaux ou les pros, nous sommes en contact et nous discutons de tout, notamment des éliminatoires de la CAN 2012. Avez-vous parlé à Gerets de votre retour en équipe nationale ? Non, il ne m'a pas appelé, mais son adjoint, M.Cuperly, si. Il m'a joint à maintes reprises pour prendre de mes nouvelles en m'affirmant qu'ils comptent sur moi et que je fais toujours partie de leurs plans. Que pouvez-vous nous dire à propos de la touche apportée par Gerets à votre sélection ? C'est un grand entraîneur qui a assez d'expérience pour apporter beaucoup à notre sélection. Personnellement, je n'ai pas encore travaillé sous sa coupe, mais mes coéquipiers m'ont dit beaucoup de bien sur sa méthode de travail. De notre côté, nous les joueurs, nous comptons faire tout notre possible pour l'aider. Nous voulons ouvrir une nouvelle page et, pourquoi pas, marquer notre époque, mais pour cela il faudra que tout le monde fournisse des efforts. Après avoir été tenu en échec par la République centrafricaine, vous êtes allés vous imposer en Tanzanie. Un mot sur cette victoire… Ce ne fut pas facile pour nous de gagner ce match comme le pensent certains. Nous avons fait beaucoup de sacrifices pour nous imposer. Dieu merci, au final, nous avons gagné malgré les nombreuses difficultés que nous avons rencontrées là-bas. De quelles difficultés parlez-vous ? Les conditions climatiques et plein d'autres choses. Ce n'est pas facile de jouer dans l'Afrique noire. Malgré tout ce que nous avons vécu là-bas, nous nous sommes imposés. Cette victoire n'a pas de prix puisqu'elle nous a remis sur les bons rails. Certains joueurs, notamment des émigrés, font tout pour éviter les déplacements en Afrique noire allant même jusqu'à simuler des blessures… (Il nous coupe…) c'est tout a fait logique dans la mesure où les joueurs émigrés pensent que là-bas, ils vont vivre l'enfer et c'est ce qui les poussent à réagir ainsi. Nous sommes tous des êtres humains. On craint pour notre santé, mais ce n'est pas une raison pour ne pas répondre à l'appel du cœur. C'est pas bien de laisser d'autres joueurs batailler pour que d'autres viennent jouer directement une CAN ou une Coupe du monde. Parlons de votre prochain match qui vous opposera à l'Algérie. En tâtant le terrain du côté de vos supporters, nous avons constaté qu'ils sont très optimistes… Oui, c'est vrai, et c'est d'ailleurs ce que j'ai constaté moi aussi. Nos supporters croient beaucoup en nous, et c'est leur droit surtout que notre sélection est sur les bons rails. Nous avons même tous les moyens pour aller gagner en Algérie. Comment voyez-vous cette empoignade ? Personne ne pourra dire le contraire, ça va être un match extrêmement difficile à négocier. C'est un derby. Il faut s'attendre à ce que ça soit une partie serrée mais nous sommes dans l'obligation de réaliser un bon résultat pour continuer sur notre lancée et garder par la même occasion notre place à la tête du groupe. Que pensez-vous de la sélection algérienne ? C'est une grande sélection constituée d'un groupe qui est composé de joueurs talentueux. Personne ne peut le nier, l'Algérie a atteint un niveau mondial. La preuve, ils ont disputé la dernière Coupe du monde et ont atteint le dernier carré en Coupe d'Afrique des nations. Ne pensez-vous pas que le niveau des Verts a régressé depuis la Coupe du monde ? C'est vrai que les derniers résultats ont surpris plus d'un, mais pour nous, cela ne veut absolument rien dire parce que nous connaissons la vraie valeur de cette sélection. Nous savons que cette rencontre est une bonne occasion pour les Algériens de se racheter auprès de leurs supporters. Une victoire leur permettra d'ouvrir une nouvelle page et de se relancer mais nous ne comptons pas être une proie facile pour eux. Le 27 mars, nous serons onze contre onze. Pour moi, celui qui saura maîtriser ses nerfs et se positionner sur le terrain remportera le match. Vous allez subir une grande pression en jouant dans un stade plein à craquer. Ça ne vous fait pas peur ? Non, nous allons nous préparer pour ça. L'Algérie aura l'avantage de jouer à domicile et devant ses supporters mais nous partirons à chances égales. Pour revenir à votre question, sachez que n'importe quel joueur veut prendre part à une telle rencontre. Celui qui aura peur, fera mieux de rester à la maison. Personnellement, si je serai sur le terrain, ce sera pour la gagne. Aucun attaquant ne me fait peur avec tout mon respect, bien sûr, à Ziani, Matmour et les autres. Apparemment, vous connaissez les joueurs algériens… Oui, je les connais tous pour la simple raison que je suis de près le parcours de cette sélection depuis son retour au devant de la scène internationale. Quels sont les joueurs que vous connaissez ? Je n'en connais aucun personnellement, seulement de noms. Je peux vous citer les noms de Bougherra, Yahia, Matmour, Ziani et Belhadj qui évolue dans le même poste que moi. Ici au Maroc, Chaouchi a la cote également après la belle prestation qu'il a fournie à Oum Dourmane. Quelle sélection avez-vous supporté lors du match barrage contre l'Egypte ? L'Algérie bien sûr. Nous étions de tout cœur avec eux surtout après ce qui s'est passé au Caire. Ne craignez-vous pas que de tels incidents se produisent lors de la double confrontation entre l'Algérie et le Maroc ? Non, nous sommes des frères. Ce qui s'est passé au Caire ne se reproduira pas. Les médias égyptiens ont créé la fitna mais entre nous il n'y aura pas de place pour ça. J'espère de tout mon cœur que les relations entre les deux peuples restent au beau fixe. Ce n'est pas à cause d'un match de football que nous allons tout gâcher. Les gens doivent être conscients. Au final, le destin a bien fait les choses. L'Algérie s'est qualifiée en Coupe du monde et l'Egypte a remporté la CAN. Vous avez cité le nom de Belhadj. Ce dernier a été critiqué pour avoir rejoint le club qatari d'Al Sadd et on est allé jusqu'à dire que son niveau a baissé. Qu'en pensez-vous? Ce n'est pas parce qu'il évolue désormais au Qatar que nous allons dire que son niveau a régressé. Non, la preuve, plusieurs stars évoluent dans les différents championnats des pays du Golfe. Belhadj est un joueur merveilleux et ce n'est pas du jour au lendemain qu'il ne le sera plus. Vous aussi, vous avez été critiqué après votre retour au Raja, pourquoi ? C'est vrai. Les journalistes n'ont pas été tendres avec moi. Je ne sais pas pour quelle raison mais ce qui est sûr, c'est que lorsque j'évoluais en Ukraine, personne ne m'a critiqué. Peut- être parce que j'ai opté pour un club du championnat local. Ils croient que le niveau est diffèrent, mais c'est faux. Le championnat marocain est d'un bon niveau. Pourquoi avoir pris cette décision de quitter le Dynamo Kiev ? Je n'ai pas pu m'adapter, surtout par rapport au climat glacial. Je n'ai pas eu assez de temps de jeu à cause des blessures que j'ai contractées là-bas et c'est pour cette raison que j'ai pris cette décision de rentrer une nouvelle fois, mais ce passage fut une bonne expérience pour moi. Ça m'a rendu plus fort. Revenons à votre sélection, on dit qu'il y a des clans. Est-ce vrai ? Il n'y a pas de gros problèmes. Tout ce qu'il y a, c'est que les joueurs qui viennent d'Europe ne parlent pas trop aux locaux, mais c'est normal. Ils n'ont pas la même culture et ne parlent pas la même langue mais nous sommes en train de faire de notre mieux pour que ça s'améliore au plus vite. De tels problèmes existent dans toutes les sélections, mais pour nous, les bons résultats que nous avons réalisés, l'ambiance formidable qui règne au sein du groupe ainsi que l'envie de marquer l'histoire, nous ont permis de former un groupe solide. Votre pronostic pour le match Algerie-Maroc… (Sourire) c'est dur mais je dirai un nul vierge ou bien une victoire marocaine. Quelle sélection terminera première du groupe ? Le Maroc bien évidement (Rires). Non, franchement, ça va être difficile de le savoir parce que c'est un groupe serré. Toutes les sélections ont des chances. La République centrafricaine peut par exemple créer la surprise. Un mot aux Algériens avant de clore cet entretien… Je les salue et je leur dis que ce derby est un match entre frères. Que le meilleur gagne. Je vous remercie, vous aussi, pour cette visite.