«Benchikha m'a dit qu'il attendait mon retour» «Saâdane ne m'adressait pas la parole en Angola» Sa prestation contre le club iranien en Ligue des champions d'Asie a plaidé pour lui. Son club l'a autorisé à faire un break et visiter sa famille à Guelma. Abdelmalek Ziaya est au chevet de son père, malade. On a profité de sa présence pour aborder tous les aspects qui concernent le joueur. Sa mésentente avec Manuel José avant le départ du coach portugais d'Al Ittihad Djeddah. Sa brève apparition en Equipe nationale. Les prochaines sorties des Verts en Coupe d'Afrique des nations et d'autres questions encore. On a appris que vous vous trouvez en Algérie, dans votre famille… C'est exact, on ne peut rien vous cacher, mon père est malade, j'ai demandé à l'administration de mon club une autorisation d'absence. A la fin de la rencontre comptant pour la Coupe d'Asie, lundi dernier, j'ai pris le vol pour Alger. Mon père a des problèmes de santé. Je pense qu'il va se rétablir très rapidement. Ce n'est pas méchant. Vous avez inscrit deux buts avec Al Ahly Djeddah, lors de votre dernière prestation, un commentaire ? Mon dernier doublé, je l'ai réalisé il y a peu de temps. Je voulais marquer un but dans ce match et le dédier à mon père. En marquant deux buts face au club iranien de Perouzi, je suis comblé. Je veux continuer sur ma lancée. Peut-on dire que ce doublé est un message annonçant votre retour en forme ? Les deux buts sont le fruit de la bonne préparation qu'on venait de terminer. Je bosse très dur à l'entraînement et j'ai aussi une bonne hygiène de vie. Avant ce doublé, on a vu un but acrobatique… Vous l'avez vu ? Je dois remercier mon coéquipier Noor. Il m'avait fait une remise millimétrée. Je ne pouvais pas rater. Je me suis permis le geste parce que je me trouvais dans des conditions idéales pour marquer en alliant le geste. J'ai marqué contre le frère ennemi du Ahly, ce qui a donné au but toute sa saveur. J'ai marqué des buts comme ça avec l'Entente. On a beaucoup parlé, ces derniers temps, d'un divorce entre vous et votre club. Qu'en est-il au juste ? Je ne nie pas ce qui a été rapporté par la presse au sujet des déclarations de l'ex-coach Manuel José, mais on a remis une couche. Le Portugais voulait se débarrasser de moi, il ne me supportait plus. Je ne sais ce qui lui a pris de demander au club la résiliation de mon contrat. Ce que l'administration n'a pas fait, d'ailleurs. Les responsables du club avaient décidé de prendre le temps pour y voir clair. Entre- temps, Manuel est parti. Avec l'arrivée du nouvel entraîneur, j'ai retrouvé ma place, et tout a bien fonctionné de nouveau. Pourtant, lors de la préparation d'intersaison, qui s'est déroulée au Portugal, Manuel José nous avait confié que vous aviez les capacités pour jouer en Europe. Que s'est-il passé entre vous au cours de la saison ? Il me l'a dit à moi aussi, mais il s'est retourné contre moi, suite à un geste que j'ai fait en championnat et qu'il avait mal interprété. J'avais marqué un but et je me suis dirigé vers le banc, j'ai levé les bras de mon coéquipier Noor. Je voulais juste l'encourager, lui qui était démoralisé parce qu'il ne s'entendait pas avec le coach. Manuel José a décidé par la suite de se passer de mes services. Je ne jouais que très rarement, et le reste vous le connaissez. Et quelle a été votre réaction ? J'ai réagi en professionnel, je n'ai pas fait de réclamation. J'ai un contrat en béton. Dans le cas où le club déciderait de se séparer de moi, il devait me payer jusqu'à la fin de mon contrat. En plus, plusieurs clubs me sollicitaient. Je ne craignais pas pour mon avenir. Quels étaient les clubs qui désiraient s'attacher vos services ? Dans le championnat saoudien, il y avait Al Hillal, le Chabab et trois clubs du Qatar qui se classent toujours aux premières loges du championnat. A deux heures de la clôture du mercato, j'aurais trouvé un club, les doigts dans le nez. Tout est rentré dans l'ordre par la suite. Le coach avait plié bagage, il n'y avait pas lieu de penser à mon transfert. Mais cela ne vous a-t-il pas affecté ? Je ne vous cache pas que j'ai passé une période difficile, la presse ne cessait pas de spéculer. Cela me rendait la vie difficile. Je suis resté sage, et ma conduite m'a permis de rebondir assez vite. Les efforts que j'avais fournis avec le club au début de saison n'ont pas été vains. Comment sont vos rapports avec l'entraîneur Olivera ? Le coach a très vite compris que j'ai été victime. Tout baigne avec Olivera, il me fait jouer et compte sur moi. Laissez-moi vous faire une confidence : les dirigeants du club m'ont proposé récemment de prolonger mon contrat. C'est pour vous dire que tout marche bien pour moi. Et quelle a été votre réponse ? Je leur ai demandé de patienter jusqu'à l'échéance du contrat en cours. Je ne vous cache pas que je suis tenté de prolonger. Je pourrais bien rester dans mon club, tant que je me sentirai bien. Vos soucis n'ont pas cessé puisqu'après le match face au Luxembourg, on ne vous a plus fait appel en Equipe nationale… Cela m'avait un peu secoué, je me disais qu'on n'allait pas barrer mon nom d'un seul trait et que je devais avoir une autre chance. J'ai fini par me persuader que je devais revenir en Equipe nationale et briller au plus haut point. J'ai l'intention d'y faire un long passage. Comment expliquez-vous votre mise à l'écart ? J'ai lu dans la presse que je faisais partie des joueurs qui n'avaient rien donné face à la République centrafricaine. On m'a jugé sur huit minutes. Il faut être sérieux. Huit malheureuses petites minutes. Si je compte les temps morts, je vais dire que j'ai joué dix minutes. Quel est le coach qui va juger un joueur sur une apparition de 10 minutes ? J'étais persuadé que j'allais être titularisé, parce que les conditions climatiques étaient proches de celles de l'Arabie Saoudite. J'ai appris à jouer sous une forte chaleur et un fort taux d'humidité. Je persiste et signe, je n'ai pas eu ma chance avec les Verts. C'est-à-dire ? Je ne comprends pas pourquoi la majorité des joueurs doivent montrer leurs capacités plus d'une fois, même s'il y a à redire, mais en ce qui me concerne, je peux affirmer que Saâdane ne m'a pas donné ma chance. Je n'en ai pas eu autant que les autres dans les derniers matchs. On ne sait toujours pas ce qui s'est réellement passé en Angola, durant la CAN 2010… En Angola, j'étais résolu à faire une bonne Coupe d'Afrique. Je connaissais l'Afrique pour y avoir joué avec l'Entente. Mais j'étais choqué par le comportement de Saâdane à mon égard. Rendez-vous compte que je n'ai jamais entendu le coach prononcer mon prénom à l'entraînement (makanche ikalamni) ! Il n'avait aucune estime pour moi. Quand je marquais un but en match d'application, je n'entendais jamais une remarque de type : «Excellent, Ziaya !» N'importe quel joueur aurait pris la réaction du coach pour du mépris. J'ai décidé de ne pas répondre à ses convocations et je ne suis pas allé en Afrique du Sud. Comment expliquez-vous cette réaction de Saâdane à votre égard ? Difficile de répondre à votre question. Saâdane me connaît, on a gagné ensemble avec l'ESS la Ligue des champions arabes, on a aussi gagné un titre de champion d'Algérie. Quand il a pris les destinées de l'EN, il ne me convoquait pas. Même si je marquais des buts avec mon club, il me préférait des joueurs de Division 2. J'aurais dû prendre conscience et ne pas répondre à ses convocations. Mais, vous avez répondu à l'appel de l'EN après le départ de Saâdane… Bien sûr, l'Equipe nationale n'est la propriété de personne. Je me suis dit que si les supporters de l'EN voulaient que je porte le maillot vert, je ne devais pas le refuser. Savez-vous que Saâdane avait dit, après avoir été forcé au départ, que vous étiez l'attaquant qui convient le mieux à l'EN ? J'ai envie de rire ! Je sais que Saâdane avait fait une conférence de presse à Batna, à l'occasion de son passage dans cette ville. Je me demande s'il pense que je suis l'attaquant qui sied à l'EN. Pourquoi alors ne m'a-t-il pas aligné avant son limogeage ? S'il pense que je suis meilleur que Ghezal, je réponds à Saâdane que Ghezzal est un excellent attaquant et que Benchikha connaît très bien son métier et il sait ce qu'il a à faire. Pensez-vous que Benchikha vous adressera une convocation ? Oui, je m'attends à une convocation, du moins je le souhaite. Je pense que je suis l'attaquant que l'EN recherche. J'ai rencontré le sélectionneur à Qatar et il m'avait confiait qu'il attendait que je revienne au premier plan parce que, m'avait-il dit, je faisais partie de sa stratégie offensive. Cela m'a remonté le moral et m'a poussé à travailler encore plus pour y revenir. Vos deux derniers buts sont-ils un message au sélectionneur ? Mon métier est de marquer des buts. Le jour où je sentirai que je ne peux pas faire partie de l'Equipe nationale, je n'hésiterai pas à dire dans la presse que je n'ai pas le niveau pour apporter un plus aux Verts. Vous attendez-vous à une convocation pour le match contre le Maroc ? Pourquoi pas ? Du moment que je me sens en pleine possession de mes moyens. Je marque des buts aussi. Si Benchikha me fait appel pour ce match, je serai le plus heureux, d'autant plus que c'est un derby. Comment voyez-vous cette confrontation ? Ce match est capital pour l'Algérie. Le faux pas est interdit. Il sera difficile, le Maroc est bien revenu dans le groupe. Il faut savoir bien gérer ce match pour espérer le gagner. On doit aussi compter sur nos supporters. Quelle comparaison faites-vous entre le championnat d'Algérie et celui de l'Arabie Saoudite ? La différence entre les deux championnats est le professionnalisme. En Arabie Saoudite, je me sens comme un joueur professionnel. Tout se fait de manière professionnelle, même notre alimentation est gérée de manière professionnelle. Je ne regretterai jamais d'avoir joué dans ce pays. Tout le monde est persuadé que c'est Serrar qui vous a obligé à opter pour un club du Golfe et que vous aviez privilégié cette région pour l'argent au détriment d'un championnat de France de Ligue 1… Serrar s'est comporté avec moi comme un homme. On avait refusé la proposition de Sochaux parce que ce club me voulait à titre de prêt. Il y avait risque que le club me libère à la fin de la saison. Serrar a exigé que Sochaux rachète mon contrat. En plus, la proposition financière d'Al Ittihad Djeddah était de loin importante et je ne nie pas que j'aie accepté la proposition de ce club à cause de l'intérêt financier. Serrar avait déclaré que l'Entente avait en effet réussi à refaire surface grâce à cette transaction. Je suis fier d'avoir contribué à aider l'ESS. Savez-vous que Serrar a décidé de jeter l'éponge ? Je le sais, et je dis que si Hakoum décide de partir, l'Entente va connaître les pires moments de son existence. Aviez-vous suivi les matchs de l'Equipe nationale durant le CHAN au Soudan ? A chaque fois que l'occasion se prêtait, je suivais les locaux sur le petit écran. Je trouve qu'ils ont réalisé un bon parcours et redonné ses lettres de noblesse au football local. Un mot pour conclure… Je voudrais saluer le peuple algérien pour son soutien à mon égard, surtout durant les moments difficiles. J'espère être présent lors des prochains matchs de l'Equipe nationale.