«Benchikha aurait dû aligner un autre attaquant avec Djebbour» Absent du champ médiatique depuis plus de quatre ans pendant lesquels il a refusé d'émettre le moindre avis ni la moindre critique sur le football national, Ali Bencheikh, l'ancienne star du football algérien, l'un des meilleurs footballeurs de sa génération à l'échelle continentale, est réapparu, avant-hier, sur le petit écran où il a été l'invité de l'émission Isswi de la chaîne nationale Amazigh. C'était l'occasion d'aborder avec lui le dernier naufrage de Verts à Marrakech et de la situation actuelle de son club de toujours, le Mouloudia. «Il n'y avait pas de défense, mais un grand boulevard par où passaient facilement les Marocains» «Alilou» pour les intimes a d'abord fait savoir qu'il n'y a pas un seul Algérien qui n'a pas été affecté par cette lourde défaite, en se penchant par la suite sur les aspects technique et tactique de la rencontre. «L'axe central de la défense constitué par Bougherra et Anthar Yahia est responsable des deux premiers buts. Et la manière avec laquelle le deuxième but a été encaissé pose beaucoup de questions. Je ne comprends pas comment un joueur puisse démarrer à partir du rond central jusqu'à aller battre Mbolhi sans qu'il soit inquiété. En vérité, il n'y avait pas de défense, mais un grand boulevard par où les Marocains passaient facilement», a-t-il expliqué. «Tactiquement, c'était le flou» En plus des sévères critiques faites contre les joueurs, les défenseurs notamment, Bencheikh n'a pas ménagé pour autant le sélectionneur national qui, selon lui, a commis beaucoup d'erreurs, particulièrement dans la composante de son effectif. «Les changements qu'il (Benchikha) a opérés n'ont rien apporté, car un joueur comme Matmour devait commencer le match. J'ai été très étonné de le voir sur le banc, après tout ce qu'il a fait au Mondial. Et puis, je n'ai pas trop compris la tactique adoptée ce jour-là, c'était assez flou. J'ai pu constater que le deuxième attaquant qui est rentré en deuxième mi-temps, j'ai oublié son nom (il veut dire Boudebouz) abusait de dribles et de tentatives individuelles, mais ce n'était pas sa faute. Il s'est vu obligé de le faire, car à chaque fois qu'il avait le ballon, il ne trouvait personne avec qui jouer. Cela montre qu'il n'y avait pas de stratégie claire et définie pour percer la défense adverse», a fait remarquer l'ancien capitaine du Mouloudia. «Le jeu algérien a ses propres caractéristiques» Abordant un autre volet, Bencheikh s'est dit très déçu de voir l'Algérie perdre son football et son identité. «L'Algérie à ses traditions footballistiques connues pour être très techniques, basées sur des passes courtes, la vitesse, les exploits individuels et le jeu court. C'est comme le football brésilien, comme tout le monde a dû le constater lors des deux Coupes du monde 1982 et 1986. Malheureusement, tout cela est parti parce qu'on pratique un jeu qui n'est pas le nôtre, en faisant appel à un grand nombre de joueurs évoluant en Europe qui, hormis quelques-uns, n'ont pas été formés pour jouer ce football.» «Benchikha aurait dû aligner un autre attaquant avec Djebbour» Poursuivant son analyse de la rencontre, Ali Bencheikh pense que Benchikha aurait dû aligner un autre attaquant aux côtés de Djebour, «du moment qu'on cherchait la victoire. Un seul attaquant esseulé au milieu d'une défense marocaine bien organisée ne suffit pas pour réaliser un bon résultat. La preuve, nous n'avons eu qu'une ou deux occasions pendant tout le match et le score aurait pu être plus lourd, n'était la Miséricorde de Dieu». «Cinq milliards pour un stage qui n'aura servi à rien» L'ancienne gloire du football algérien a abordé par la suite un autre volet, celui de la gestion de notre football, citant comme exemple le dernier stage de l'Equipe nationale «qui a coûté, d'après ce que j'ai pu lire dans la presse, près de cinq milliards de centimes pour qu'il ne serve à rien. Cet argent aurait dû être dépensé pour construire un centre pour former des jeunes qui constitueront l'avenir de notre football et non le jeter comme ça par la fenêtre. C'est cela dont nous avons besoin» et d'ajouter : «Voyez l'équipe olympique qui ne cesse de nous surprendre, alors qu'elle est constituée de joueurs issus du championnat, à l'exception de deux éléments. La manière avec laquelle ils ont inscrit les premier et troisième buts contre la Zambie est digne de grandes équipes. Il faut prendre soin de cette sélection, elle a prouvé qu'on pouvait bien faire quelque chose avec de la pâte locale.» «Cela fait cinq ans que je ne suis pas allé voir le Mouloudia» A la fin de son intervention, Bencheikh a parlé de son ancienne équipe, le Mouloudia, en faisant savoir qu'il n'est pas allé la voir au stade il y a cinq ans, «mais je sais qu'elle est qualifiée pour les poules de la Ligue des champions africaine et je lui souhaite bonne chance dans cette compétition. Je lance à l'occasion un appel aux enfants du club pour s'unir autour de leur équipe afin de lui permettre de retrouver son véritable statut. Le Mouloudia n'est pas à sa véritable place malheureusement», a-t-il précisé. «Je souhaite un prompt rétablissement à Iboud» Ali Bencheikh n'a pas terminé sans parler de son ami Iboud, l'ancien défenseur de la JSK. «C'est un ami de longue date, nous avons joué en tant qu'adversaires pendant de longues années et nous en gardons de très bons souvenirs. Je sais qu'il est malade en ce moment, et je profite de cette occasion pour lui souhaiter un prompt rétablissement et un retour parmi les siens le plus vite possible.»