«Madjer est un grand sportif qui a du vécu et je crois qu'il est temps de donner la chance aux anciens en Afrique» Rencontré samedi passé au Parc des Princes, l'ancien joueur béninois du RC Lens, Jean-Marc Adjovi-Boco, plus connu sous le surnom de Jimmy, revient dans cet entretien sur le derby maghrébin Maroc-Algérie du 4 juin passé. Accosté en marge du jubilé Bernard Lama à Paris, Adjovi-Boco estime qu'il est temps aux responsables du football africain d'accorder une chance aux anciens pour transmettre leur vécu aux jeunes joueurs du continent. Tout d'abord, que pouvez-vous nous dire de cette fête consacrée à votre ancien ami Bernard Lama ? Je suis ici avec beaucoup de plaisir. Bien sûr, on est tous content d'avoir honoré la carrière de notre ami et frère Bernard Lama. Ce gardien de but de grande classe mérite bien tous ces éloges. En un mot, je suis ravi de vivre ce moment d'émotion avec mon ami Bernard. Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de Bernard Lama ? C'est l'année où on a pu jouer ensemble au RC Lens. Sincèrement, c'était très rassurant pour nous en tant que défenseurs d'avoir un très grand gardien de but derrière nous. C'était aussi agréable de l'avoir comme ami et partenaire en club. Avez-vous suivi le dernier choc Maroc-Algérie ? Malheureusement non, je n'ai pu regarder le match, mais j'ai pu quand même avoir le résultat de ce derby. Un mot alors sur cette débâcle algérienne ? Ecoutez, quatre à zéro, cela se passe de tout commentaire. Je crois que les choses sont assez claires, mais il ne faut pas que l'Algérie s'arrête à cet état. C'est un grand pays d'Afrique avec d'excellents joueurs capables donc de redorer le blason de leur sélection. Après, au Maroc, il faut reconnaître qu'il existe des structures bien en place qui travaillent depuis un moment déjà et je crois que cette éclatante victoire arrachée face à l'Algérie est le fruit d'un travail sérieux qui a été accompli. En Algérie, on parle de l'apport d'un technicien de grande renommée, croyez-vous que le salut des équipes africaines passent par l'engagement d'entraîneurs étrangers ? Non, je suis persuadé que c'est non, car je considère qu'il est temps qu'on prenne confiance en nous pour se mettre sérieusement au boulot. Je ne dis pas cela parce que je pense qu'on a de meilleurs entraîneurs qu'en Europe, mais au risque de me répéter, on doit apprendre à compter sur nous-mêmes en privilégiant la formation. Comment cela ? Il faut miser sur le transfert des compétences, autrement dit, on doit envoyer nos meilleurs techniciens en Afrique se former en Europe où ailleurs, pour gagner en expérience et en savoir-faire. Connaissez-vous certains anciens joueurs algériens et quel est votre avis sur le jeu de l'équipe algérienne ? Bien sûr, j'ai eu le plaisir de connaître quelques joueurs algériens avec qui j'ai évolué en France, mais je préfère plutôt parler du football algérien que j'admire beaucoup. J'aime trop cette qualité technique du jeu algérien, j'apprécie aussi ce plaisir de jouer qui caractérise le joueur algérien. Sincèrement, ça me fait plaisir de les voir évoluer. Rabah Madjer était pressenti pour reprendre la sélection, un commentaire ? Ça serait une très bonne chose ! Rabah est quelqu'un qui a du vécu en tant que footballeur de haut niveau. Il faut donner la chance aux anciens joueurs et puis ne pas hésiter à leur faire confiance. Vous êtes resté très attaché au football africain ? Oui, tout ce qui touche au football m'intéresse et plus particulièrement le football africain. Je suis Béninois et je crois qu'il est temps pour nous d'offrir aux amoureux de ce sport dans ce continent ce qu'ils méritent. C'est-à-dire les aider à pratiquer le foot et à mieux le comprendre. Pour finir, l'affaire des quotas vous a-t-elle ébranlé ? Oui, elle a ébranlé tout le monde et je crois que ça ne sert à rien de trop y revenir là-dessus, mais je dirai que ce que nous avons pu entendre sur cette affaire est scandaleux. Seulement, il ne faut pas qu'on s'arrête sur des choses comme ça, on n'a pas mal de belles choses à construire ensemble. C'est vrai aussi que les sanctions auraient pu être plus sévères, mais n'oublions pas ce qui s'est passé et faisons en sorte que ces choses-là ne se reproduisent plus.