«Frankfurt, c'est reculer pour mieux sauter» «Veh me voulait et je sais que je jouerai là-bas» Karim Matmour n'est plus au Borussia Mönchengladbach. Conformément au vœu qu'il avait formulé, il a été transféré vers un autre club. Hier matin, il a signé un contrat d'un an à l'Eintracht Frankfurt, club qui évoluera la saison prochaine en deuxième division après avoir été rétrogradé la saison passée. Il a donc fait le choix du challenge sportif en optant pour un club qui ambitionne de revenir vite en Bundesliga et qui s'est préparé pour cet objectif. La séparation avec Mönchengladbach était inévitable Après une saison cauchemardesque où il a très peu joué, la séparation entre Matmour et le Borussia Mönchengladbach était une évidence pour les deux parties, surtout que l'entraîneur ne semble pas devoir compter sur l'international algérien plus qu'il ne l'avait fait la saison passée et que le joueur coûtait cher, en termes de salaire, au club. Contrairement à ce que les statistiques plutôt rachitiques de la saison de Matmour le laissaient supposer, il y a eu des offres, dont certaines très intéressantes, mais il fallait tenir compte de plusieurs paramètres pour arriver à un compromis, surtout que le Borussia Mönchengladbach a posé ses conditions pour accepter un transfert. Le Borussia aurait voulu l'envoyer en Turquie ou au Qatar En effet, le club allemand était réticent, pour ne pas dire carrément opposé, à ce que Matmour aille dans un autre club de la Bundesliga. Il aurait préféré qu'il aille dans un club de Turquie ou du Qatar ou même d'un tout autre pays. Or, le joueur algérien ne voulait pas quitter l'Allemagne, où il s'est parfaitement intégré en tous points de vue. Il a donc fallu convaincre la direction de Mönchengladbach d'accepter de discuter les offres qui proviennent des clubs du pays et de juger au cas par cas. Le club a fini par accepter, vu qu'il voulait aussi, de son côté, régler le cas Matmour le plus vite possible. A Leverkusen, il y avait risque d'être remplaçant Deux offres ont été déclinées d'emblée par Matmour. Il y a eu d'abord le Bayer Leverkusen qui aurait aimé bénéficier de ses services, mais le joueur algérien était parfaitement conscient qu'il allait être le deuxième choix chez les vice-champions d'Allemagne qui, en plus de leur effectif déjà riche, comptent se renforcer par d'autres stars dans la perspective de la Ligue des champions. Etre remplaçant et revivre le scénario de la saison passée ne l'intéressait pas. Il y a eu ensuite Augsburg, club qui vient d'accéder en Bundesliga. Matmour a refusé poliment car il sait que le club a de fortes chances de jouer pour le maintien et ce n'est pas le challenge qu'il désirait. Veto contre le passage chez «l'ennemi», Cologne Un autre club s'est ensuite manifesté : le FC Cologne, «ennemi» juré de Mönchengladbach. Là, le Borussia a carrément mis son veto. Cela n'aurait pas été correct, même aux yeux de Matmour, de passer directement au FC Cologne par respect pour les supporters du Borussia. Après être passé par un autre club, cela serait possible, mais pas dans le contexte actuel. Dernièrement, Saint-Etienne a également exprimé son intérêt, mais le joueur a préféré étudier les offres provenant des clubs allemands. Son entraîneur sera Veh, l'ancien coach de Ziani à Wolfsburg Il restait donc l'option de l'Eintracht Frankfurt. Une option qui arrange aussi bien le Borussia Mönchengladbach que Matmour. Dans ce club, l'attaquant algérien retrouvera Habib Bellaïd, le défenseur algérien qui avait fait partie des 23 Verts au Mondial-2010 et qui revient de prêt, et travaillera sous la conduite d'Armin Veh, l'entraîneur qui avait ramené Karim Ziani à Wolfsburg et qui, vraisemblablement, reste sous le charme des footballeurs algériens. Tout cela pour un nouveau départ qui sera donné concrètement le 15 juillet avec un déplacement à Fürth pour la première journée du championnat de deuxième division. ------------------------------ «Frankfurt, c'est reculer pour mieux sauter» Vous venez d'être transféré à l'Eintracht Frankfurt, club qui a été relégué en deuxième division au terme de la saison passée. Pourquoi ce choix ? Ce choix a plusieurs motivations. La première est que, même s'il évoluera en deuxième division, il s'agit de l'un des plus grands clubs en Allemagne, que ce soit par l'histoire ou par le nombre de supporters qu'il draine. Il ne s'agit donc pas d'un club négligeable. La deuxième est que, justement parce que c'est un grand club, il jouera pour l'accession au cours de la saison prochaine et il s'en est donné les moyens. La troisième est que l'entraîneur de cette équipe me veut et me fait confiance et c'est très important pour moi puisque c'est le défaut de confiance de mes entraîneurs qui m'avait pénalisé la saison passée. Quand un entraîneur te fait confiance et te dit qu'il te fera jouer, c'est une motivation incommensurable. Il y a également une autre motivation : Eintracht Frankfurt m'assure les mêmes conditions salariales que celles que j'avais au Borussia Mönchengladbach. Donc, je ne perds rien au change. Vous avez eu quand même des propositions de clubs de la Bundesliga. Pourquoi avoir opté pour la deuxième division ? C'est parce que je n'avais pas l'assurance de jouer dans les autres clubs qui me voulaient. Appartenir à un grand club ou même participer à la Ligue des champions en étant constamment remplaçant ne m'intéresse pas. Il y en a qui ça intéresse, mais pas moi. Le plus important pour moi, c'est de jouer et être performant. Avec Eintracht, je sais que je vais jouer inch'Allah et je suis convaincu que l'équipe jouera pour l'accession. C'est très important pour moi d'avoir un challenge sportif intéressant. Ne considérez-vous pas un retour en deuxième division comme une régression, vous qui avez quitté Fribourg en deuxième division justement pour goûter aux joies de la Bundesliga ? Je ne considère pas cela comme une régression. C'est juste que je recule pour mieux sauter. La deuxième division n'est qu'une parenthèse d'une saison pour me relancer car, la Bundesliga, j'y reviendrai inch'Allah. Je sors d'une saison difficile et il me tient à cœur de retrouver la joie de jouer. Quand commencerez-vous les entraînements avec votre nouveau club ? C'est déjà fait puisque je me suis entraîné aujourd'hui (hier, ndlr). J'ai effectué deux séances aujourd'hui. J'ai rejoint Francfort jeudi très tard dans la soirée, sitôt que les négociations pour mon transfert ont abouti. Je n'ai pas voulu perdre de temps. Pourquoi ? Parce que le championnat de la deuxième division allemande commencera dans deux semaines, avant celui de la Bundesliga. Donc, je dois me mettre à niveau physiquement par rapport à mes autres coéquipiers qui ont entamé la préparation plus tôt que moi. Je veux être d'attaque pour la première journée du championnat. Vous vous êtes engagé pour une seule année, avec option pour deux années supplémentaires. Pourquoi ce choix ? Pour pouvoir être libre, si le je le voudrais, à la fin de la présente saison. Si le club ne réalise pas l'accession et que j'ai des propositions de clubs de la Bundesliga, je pourrai ainsi les examiner librement. Si nous accédons, il n'y aura aucun problème à rempiler pour deux saisons supplémentaires. Vous vous êtes quittés avec Anthar Yahia sur un match barrage qui a permis au Borussia Mönchengladbach de se maintenir et voilà que vous le retrouverez pour un duel à distance en deuxième division ! Pour qui sera l'accession en Bundesliga ? Pourquoi pas pour nous deux ? Il y a deux clubs qui accèderont directement en Bundesliga, sans compter que celui qui terminera troisième aura la possibilité de le faire s'il sort vainqueur du match barrage. J'espère donc Eintracht Frankfurt et Bochum accèderont ensemble à la fin de la saison pour que mon ami Anthar soit heureux. Avez-vous été bien accueilli par vos nouveaux coéquipiers ? Oui, très bien même. L'entraîneur, Armin Veh, qui m'avait appelé il y a deux semaines pour me faire part de son intérêt pour moi, m'a également chaleureusement accueilli. Je me sens déjà comme chez moi ici. Saviez-vous qu'à Francfort, il y a une forte communauté algérienne, dont la majorité est originaire de Tiaret tout comme vous ? (Rires) Oui, je le sais. Qu'ils soient de Tiaret ou d'une autre région, je serais heureux et fier de voir des Algériens venir au stade. Voir le drapeau algérien me procure une joie indicible et cela constituera une motivation supplémentaire pour moi. Déjà, depuis des années que je suis ici, j'ai mes repères en Allemagne, mais avoir des Algériens dans la même région sera un plus pour moi. Pourquoi ne pas avoir donné suite aux propositions que vous avez eues de clubs hors Allemagne ? Parce que ma priorité était de rester en Allemagne, dont j'ai assimilé le mode de fonctionnement professionnel. J'ai eu des offres, mais je me suis dit que, dans la mesure du possible, il fallait que je reste dans ce pays. Je ne voulais pas prendre le risque de devoir m'adapter à un nouveau mode de fonctionnement. Je me sens bien intégré dans le football allemand. Vous avez signé pour l'Eintracht le jour où Vahid Halilhodzic est arrivé en Algérie pour entamer sa mission de sélectionneur. Est-ce un nouveau départ pour vous comme pour la sélection nationale ? Je l'espère de tout cœur. Mon objectif cette saison est de me faire plaisir sur le terrain, car il y a longtemps que je n'ai plus ressenti du plaisir à jouer. Quand je serai bon sur le terrain avec mon club, ce sera un plus pour la sélection nationale.
