«La présence de Kourichi au stade est un bon signe» «Je n'attends qu'un signe de Halilhodzic» Kamel Ghilas est en train de se rappeler au bon souvenir des supporters algériens. Celui qui a acquis, à son corps défendant, le titre d'«ancien international», alors qu'il n'a que 27 ans, est en train de briller avec son nouveau club, le Stade de Reims. Après avoir offert la victoire aux Rémois la semaine passée en inscrivant le but de la victoire à Monaco (1-2), il a contribué vendredi à la victoire de son équipe à domicile aux dépens de son ancien club Arles-Avignon (3-2) en marquant le premier but de son équipe. Du coup, Reims, dont l'objectif initial était d'assurer le maintien, se retrouve solide leader de la Ligue 2 avec quatre victoires pour autant de matchs. Sans contestation aucune, Ghilas se présente comme l'un des joueurs algériens les plus en forme du moment. Halilhodzic a tenu sa promesse La bonne nouvelle est que l'adjoint du sélectionneur national, Nordine Kourichi, était présent vendredi au stade Auguste-Delaune de Reims pour superviser l'attaquant algérien. Questionné sur son cas lors de la conférence de presse qu'il avait animée mardi passé à Alger, Vahid Halilhodzic donnait l'air de ne pas le connaître, mais avait promis de le suivre tout en assurant que personne ne lui avait interdit de le convoquer. Visiblement, le nouveau coach national tient ses promesses puisqu'il a délégué son adjoint pour le voir à l'œuvre et nul doute qu'il en a eu des échos très favorables et peut désormais se faire une idée sur ce joueur. Ghilas n'a jamais eu sa chance avec les sélectionneurs Il faut le dire clairement : Ghilas n'a jamais vraiment eu sa chance avec les précédents sélectionneurs, alors qu'il a toujours été disponible et loyal et que ses performances en club ont toujours été régulières, excepté la saison passée où une grave blessure l'avait tenu éloigné des terrains durant quatre mois. Son passage à Vitoria Guimaraes durant la saison 2007-2008 est resté dans les annales de ce club dont il a été le meilleur buteur, contribuant grandement à le qualifier pour la première fois de son histoire à la Ligue des champions. De même, il a été prolifique la saison d'après avec le Celta Vigo, même si ce club avait lutté contre la relégation plutôt que pour l'accession en Liga. Passé à Hull City, il avait marqué à son premier match, même s'il a rencontré quelques difficultés par la suite à s'adapter au rugueux football anglais. En résumé, Ghilas n'a pas été plus mal que d'autres, mais il ne jouait que des bribes de matchs en sélection, le dernier étant la confrontation épique d'Oum Dorman au Soudan où il était rentré dans les dernières minutes du match face à l'Egypte en remplacement de Rafik Saïfi. Marginalisé comme un pestiféré Est-il donc si mauvais que cela pour qu'il ne puisse plus être rappelé en sélection ? C'est d'autant plus surprenant que depuis la qualification pour le Mondial-2010, les Verts ont souffert d'un problème récurrent d'efficacité en attaque et Ghilas aurait pu constituer une solution, mais il a été marginalisé comme un pestiféré. Il y a eu même une rumeur qui avait expliqué cet ostracisme appliqué sur lui par le fait qu'après la victoire d'Oum Dourman, il s'était affiché devant les caméras de télévision et les photographes en exhibant le drapeau berbère au côté de l'emblème national. Questionné à ce sujet lors d'une interview que nous avions réalisée avec lui à Hull, au printemps 2010, il nous avait répondu : «Si c'est ça la vraie raison, c'est complètement idiot ! Le drapeau berbère était juste un clin d'œil pour la famille.» Pourtant, il s'était embrouillé avec Celta Vigo à cause de la sélection Au-delà du débat sur l'opportunité ou non d'avoir exhibé ce drapeau (un autre joueur de la sélection l'avait exhibé aussi sans qu'il ne fut sanctionné, soit dit en passant), c'est quand même pathétique de priver les Verts des services d'un joueur pour si peu, surtout que Ghilas, lui, a donné les preuves de son attachement à la sélection. Déjà, il venait en sélection à l'époque où il n'y avait que quatre chats dans les stades, lorsqu'elle était reléguée au-delà de la centième place au classement FIFA. De plus, il s'était embrouillé avec le Celta Vigo en juin 2009 lorsqu'il était venu en sélection pour les deux matchs de qualification pour le Mondial-2010 contre l'Egypte et la Zambie, alors que le club espagnol luttait pour son maintien en deuxième division espagnole. Il s'était même déplacé en Zambie pour rien puisque le sélectionneur de l'époque, Rabah Saâdane, ne l'avait même pas porté sur la feuille de match et le joueur en avait même pleuré. Lui, au moins, n'attend pas d'écouter la Marseillaise ! Rater trois matchs cruciaux de son équipe pour venir en sélection et verser des larmes parce qu'on n'a pas été aligné est une preuve de patriotisme, s'il en est. Enfin, ça devrait l'être dans un système de réflexion rationnel. Or, lorsqu'on voit les tonnes d'efforts consentis pour tenter de convaincre des jeunes Français d'origine algérienne de défendre les couleurs nationales, alors que des attaquants performants comme Ghilas sont marginalisés, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. On préfère désormais s'acharner sur un joueur qui n'a jamais hésité à répondre aux convocations de la sélection et déployer le tapis rouge à d'autres joueurs qui font semblant de traîner les pieds, alors qu'ils n'attendent que de porter la tunique en bleu-blanc-rouge et s'aligner sur le terrain pour écouter la Marseillaise. Comme les temps ont changé ! ------ «La présence de Kourichi au stade est un bon signe» Deux matchs, deux buts avec le Stade de Reims. Est-ce la preuve que vous êtes en forme en ce début de saison ? J'ignore si je suis en pleine forme, mais je sais au moins que je me suis préparé très sérieusement pour faire la meilleure saison possible. Même avant de venir à Reims, quand je m'entraînais avec Hull City, je n'ai pas perdu mon temps. Là, je suis utile pour mon équipe et j'en suis content. Pourvu que ça dure ! Quel est le secret de votre réussite rapide à Reims ? Est-ce la confiance de votre entraîneur qui vous transcende ou bien le fait d'avoir trouvé un environnement propice qui vous permet de bien vous exprimer ? C'est un tout. Il y a bien sûr la confiance de l'entraîneur qui n'avait pas hésité à me titulariser contre Monaco, alors que je venais de débarquer au club quelques joueurs seulement auparavant. Quand un entraîneur est derrière vous, c'est vraiment motivant. Je n'oublierai pas mes coéquipiers qui jouent vraiment en étant solidaires. Il règne un très bon état d'esprit au Stade de Reims et c'est de bon augure pour la suite. La suite, c'est jouer l'accession puisque vous êtes leaders de la Ligue 2 avec quatre victoires en autant de matchs ? Il ne faut pas aller très vite en besogne. L'objectif initial était de récolter 45 points qui nous assureraient le maintien en Ligue 2. Pour l'instant, nous avons récolté 12 et il nous en reste 33. Une fois le total de 45 points atteint, nous aviserons. Qui sait ? Peut-être que notre objectif évoluera. Cependant, pour l'instant, nous ne devons pas nous enflammer. Nous devons rester concentrés et continuer à jouer sérieusement sans nous focaliser sur l'accession. Sur un plan personnel, vous avez été supervisé, durant le match contre Arles-Avignon, par Nordine Kourichi, l'adjoint de Vahid Halilhodzic. Etiez-vous au courant qu'il allait venir ? Non, je ne savais pas qu'il serait là. Cela a été une belle surprise pour moi lorsqu'il est venu me voir juste avant le match. Nous avons discuté vite fait pendant 5 minutes. Que vous a-t-il dit ? A-t-il été question d'une prochaine convocation chez les Verts ? Il ne m'a pas parlé de cela. Il a juste demandé de mes nouvelles. D'ailleurs, ce n'était pas le moment de discuter à l'aise, car j'étais concentré sur le match qui allait débuter. C'était une conversation très brève. A la fin du match, je ne l'ai pas revu. Le fait de savoir que Kourichi était au stade vous a-t-il motivé dans le match ? Je suis un professionnel et je suis motivé à chacun de mes matchs. C'est vrai que sa présence était dans un coin de ma tête, mais il y avait le risque, au contraire, que cela me perturbe et me fasse sortir du match. Ma priorité était donc de faire mon match sans me prendre la tête. El Hamdoullah, tout a bien marché pour moi. A la fin du match, je m'étais félicité d'avoir produit une belle prestation. La présence de Kourichi est-elle un bon signe pour vous dans la perspective d'un retour en sélection ? Ah, oui ! C'est un bon signe et cela me redonne espoir pour un retour prochain parmi les Verts. Je me suis de tout temps montré disponible envers mon pays et je le suis encore. Je suis toujours l'actualité des Verts et je suis resté en contact avec quelques coéquipiers. Je n'attends qu'un signe de Halilhodzic.