Kaci-Saïd : «Même à l'extérieur, on jouait pour gagner» Drid : «C'était le meilleur match de ma carrière» Lusaka - Eliminatoires Coupe du monde — Arbitre : Picon (Iles Maurice) — But : Bensaoula (76') (Algérie) Algérie : Drid, Sadmi, F. Mansouri, Megharia, Guendouz, M. Kaci-Saïd, Menad, Maroc, Bensaoula, Madjer (Djefdjef), Assad (Yahi) Entraîneur : Saâdane Zambie : E. Shabala, Chishala, Kanyanta, Mwanza, Chilenzi, Shinde, Chanda, Msiska, Makinka, M. Shabala, Bwalya Entraîneur : Banda Kaci-Saïd : «Même à l'extérieur, on jouait pour gagner» En plus de Drid qui a joué un rôle actif dans la victoire ramenée de Zambie, Mohamed Kaci-Saïd a fait un grand match. Il a été excellent même lors des deux manches et durant tous les matches de qualification au Mondial 86. «Lors des qualifications du Mondial 86, on a joué la Zambie au stade du 5-Juillet lors de la phase aller et on l'a remporté difficilement sur le score de 2 à 0. La Zambie avait éliminé le Cameroun en marquant quatre buts chez elle. Franchement on avait peur, mettre quatre buts à la grande équipe du Cameroun n'était pas à la portée de n'importe quelle équipe. On s'est bien préparés à Harare pour nous adapter aux conditions climatiques, nous avons réussi à résister pendant les premières minutes de jeu, où l'adverse a exercé une terrible pression sur nous. Nous avons su gérer le match à notre guise puis marquer un but, je crois dans les vingt premières minutes de la deuxième mi-temps, un but qui a coupé les jambes à notre adversaire qui a essayé de revenir au score, en vain. Je vous dirai qu'on n'avait pas cette culture de se déplacer pour faire match nul. Même à l'extérieur, on jouait pour gagner. Pour le prochain match de notre équipe nationale, je dirais que la Zambie que j'ai vue contre l'Egypte m'a impressionné, mais j'ai été déçu dans le match d'après contre le Rwanda. Je ne sais pas si c'est dû à la qualité du terrain, puisque le terrain n'est pas aussi bon que celui du Caire. Idem pour notre équipe qui devra s'adapter à la pelouse du stade où se jouera le match puisque je crains que celle-ci ne les gêne. J'ai confiance en ce groupe, mais c'est la qualité du terrain qui m'inquiète. » Drid : «C'était le meilleur match de ma carrière» Il y a 24 ans, notre équipe nationale s'était rendue en Zambie, pour en découdre avec les Chipolopolo dans une rencontre décisive pour la qualification au Mondial de Mexico. Nacereddine Drid, le gardien de but à l'époque, nous raconte dans l'entretien qui suit les conditions dans lesquelles s'est déroulé le match mais surtout la volonté et la détermination qui animaient le groupe, lequel avait fini par gagner et décrocher le billet qualificatif au Mondial mexicain. * Vous rappelez-vous encore de la rencontre Zambie-Algérie de 1985 ? C'était tout simplement le meilleur match de toute ma carrière. Beaucoup de gens pensaient que ma prestation contre le Brésil lors du Mondial de Mexico était la meilleure. Mais pour moi, la confrontation contre la Zambie lors des éliminatoires est mémorable. * Avant d'aborder les détails de ce match, on voudrait avoir une idée sur la valeur de la Zambie à cette époque-là ? La Zambie possédait toujours une équipe respectable et tout le monde se souvient de sa qualification à la phase finale de la CAN 1994, en dépit de la disparition de ses joueurs qui constituaient l'équipe-type, suite à l'accident de l'avion qui les transportait. En 1985, la Zambie possédait une grande équipe et s'il n'avait pas croisé l'Algérie cette année-là, la qualification au Mondial ne lui aurait jamais échappé. L'élimination du Cameroun au tour précédent par la Zambie en est la meilleure preuve. Les Zambiens ont remporté une victoire mémorable à Lusaka en secouant les filets des Lions indomptables à quatre reprises. * Racontez-nous d'abord le match aller contre la Zambie qui s'est déroulé au stade du 5-Juillet. C'était un match très difficile. On avait inscrit un but très tôt par l'intermédiaire de Bensaoula, mais nous avons attendu les dernières minutes pour ajouter un second but signé Madjer. Un résultat qui n'était guère rassurant, en prévision du match retour. * Comment avez-vous préparé justement le match retour ? Saâdane avait surpris tout son monde en prenant la décision de programmer un regroupement en URSS (Russie actuellement) dans les hauteurs. Il y faisait un froid glacial. Tout le monde était étonné au début et on se demandait pourquoi préparer en Sibérie un match qui allait se dérouler en Afrique noire. Mais Saâdane a insisté sur son choix et nous a expliqué l'importance de se préparer sur les hauteurs, comme c'est le cas en Zambie. * Et comment ça s'est passé ? Au début, on avait éprouvé des difficultés à travailler en pleine neige. Mais au fil des jours, on commençait à s'habituer et se plaire même. Le paysage ressemblait en quelque sorte à une scène des films de Rocky qui s'entraînait au beau milieu de la neige. Avec le temps, on avait compris que Saâdane ne s'était pas trompé dans son choix, car les joueurs avaient bien récupéré et étaient au top de leur forme. C'est ce que nous avait permis de réaliser un match héroïque à Lusaka. * La rencontre s'était déroulée ailleurs que dans le stade qui abritera le prochain Zambie-Algérie... Exact, mais le stade dans lequel on avait joué était trop exigu et ne pouvait contenir les supporters qui étaient venus en masse voir le match. Certains avaient même pris place sur une crête qui dominait le stade. * Dans quelles conditions s'était déroulé le match ? Nous étions restés pendant une semaine à Harare, capitale du Zimbabwe, pour s'y préparer avant de nous envoler à Lusaka 48 heures seulement avant le jour du match. Le public zambien est pacifique, à l'instar de tous les peuples anglo-saxons. Mais ce n'était pas facile pour autant, quand on sait qu'ils avaient marqué 4 buts au Cameroun. * Des enseignements, vous en avez certainement tiré ? J'ai visionné la cassette de la rencontre près de vingt fois et j'ai bien analysé leur façon de jouer. Ce qui a attiré mon intention, c'est que les Zambiens avaient marqué les quatre buts dans les mêmes bois. Je m'étais rendu compte une fois sur place que la cage où avaient été marqués tous les buts était plus grande. J'avais accouru vers Guendouz et je lui ai dit : “J'espère que nous n'allons pas débuter le match du côté où se trouvent les grands bois”, car les Zambiens profitent toujours de l'occasion pour marquer un maximum de buts, comme ils l'ont déjà fait. Heureusement qu'on avait commencé la partie du côté opposé. Il y avait un autre paramètre qui a contribué au découragement des Zambiens. * Lequel ? Dans la cassette que j'ai visionnée, le président de la Zambie jonglait avec un ballon avant de le tirer sur les joueurs adverses. Pour eux, c'était le gri-gri parfait. J'avais alors dit à Guendouz qu'il fallait éviter ce scénario. Et c'est ce qui s'était passé. Juste après avoir salué l'adversaire, on a fait vite de se disperser et le président zambien, qui avait le ballon, n'a pas pu atteindre aucun de nos joueurs. Figurez-vous que la déception était perceptible sur les visages des joueurs zambiens qui avaient alors compris que c'était un mauvais présage. * Croyez-vous que les Zambiens croient toujours à ce genre de pratiques ? Evidemment. Le gri-gri fait partie de la culture des Africains. Si vous prenez le Nigeria par exemple, vous verrez qu'ils jouent une certaine musique qui, à leurs yeux, porte chance à leur équipe. J'avais donc tout fait pour influencer et taquiner les Zambiens lors de cette rencontre. * Comment cela ? En première mi-temps, je portais une casquette pour me protéger du soleil qui me gênait, contrairement à la deuxième période. Je l'avais gardée quand même, mais seulement lors des attaques zambiennes pour ensuite l'enlever une fois le danger écarté. Et devant les arrêts réussis que je faisais, les Zambiens croyaient au gri-gri. Ce qui a poussé l'un des ramasseurs de balle à me voler la casquette. * Pour quelle raison considérez-vous le match de la Zambie comme étant le meilleur de votre carrière ? J'avais réalisé plusieurs arrêts décisifs, notamment devant Kalusha Bwalya, la star zambienne de l'époque. On peut dire que j'avais réussi à sauver l'équipe de buts tout faits. Pour moi, c'était un match historique, plus même que celui contre le Brésil. * Vous ne vous étiez pas contenté du nul, puisqu'il y eu une victoire au bout. On était à une marche du Mondial, d'où notre grande motivation. La Zambie a dominé les débats surtout en première mi-temps, mais nous avons résisté avant de marquer le but de la victoire grâce à Tedj Bensaoula à la suite d'une contre-attaque. * A votre avis, que faut-il pour rééditer le même exploit à l'occasion du prochain match prévu le 20 juin ? C'est possible bien sûr, mais à condition que les joueurs fassent preuve de concentration et de sang- froid et de ne pas se précipiter. Sur le plan tactique, ils ne doivent pas laisser le moindre espace à l'adversaire qui joue comme toutes les autres sélections des pays anglo-saxons. Le plus important est que les joueurs préservent cette volonté et cette solidarité qu'ils ont montrées en deuxième mi-temps contre l'Egypte. * En votre qualité d'ancien gardien de but international, croyez-vous en les capacités de l'actuel portier Gaouaoui ? Alors que certains ne croyaient plus en lui, moi personnellement je le vois comme le gardien numéro un de la sélection, vu son expérience et son calme dans les bois. Il donne de la confiance également à sa défense. Dans ce même contexte, le dribble dangereux fait par Belhadj dans les 18 m prouve que nos joueurs ont beacoup confiance en leurs capacités. Entretien réalisé par Chouaïb K.