Pourtant, ils avaient passé une nuit blanche Kaci-Saïd : «Notre équipe était inarrêtable» Fiche technique : Stade 5-Juillet (Alger) - éliminatoires Coupe du monde - Arbitre : Fahmy (Egypte)- Buts : Bensaoula 15', Madjer 84' Algérie : Drid, Medjadi (Sadmi), Fawzi Mansouri, Korichi, Guendouz, Mohamed Kaci-Saïd, Menad, Maroc, Bensaoula, Madjer, Assad (Yahi) Entraîneur : Saâdane Zambie : E. Chabala, Chishale, Kanyenta, Mwanza, Chilensi, Shinde, Msiska, Pubansa, Shiwka (Maninka), M. Chabala, Chanda (Bwalya) Entraîneur : Banda Tout a été dit ou presque sur ce fameux match Algérie-Zambie qui a ouvert la voie de la Coupe du monde aux Verts, mais rien n'a été facile pour venir à bout d'une redoutable équipe zambienne qui avait écrasé le grand Cameroun au tour précédent. Après une qualification laborieuse face à l'Angola, les joueurs algériens craignaient beaucoup ce match. Au point où ils n'ont pas réussi à fermer l'œil. Des indiscrétions parlent d'une nuit blanche passée dans la chambre d'un des joueurs. Saâdane avait entendu du bruit émanant de cette fameuse chambre, mais il a préféré faire l'ignorant. A 39 ans, Saâdane comprenait déjà qu'à la veille d'un match aussi important, un joueur aussi expérimenté soit-il arrive rarement à fermer l'œil. Il n'avait pas tort, car, le lendemain, les Verts réaliseront l'un de leurs meilleurs matchs pour s'imposer 2 à 0. ------------------ Bensaoula : «En éliminant la Zambie, on savait qu'on était qualifiés au Mondial» Véritable bourreau des Zambiens en 1985, Tedj Bensaoula est le mieux indiqué pour nous parler de la double confrontation face à la Zambie qui nous a ouvert le chemin de la Coupe du monde 86. * Quel souvenir gardez-vous de la rencontre Algérie-Zambie ? Pour moi, ce sont deux confrontations historiques, non pas parce que j'ai inscrit deux buts, mais tout simplement parce qu'après avoir écarté la Zambie, nous avions franchi un grand pas vers la qualification. * Cela veut-il dire que la Zambie était l'adversaire le plus coriace des éliminatoires ? Oui, les Zambiens étaient plus forts que les Angolais et même des Tunisiens. La Zambie, c'était l'école anglo-saxonne avec beaucoup d'engagement physique et une culture tactique très développée. Ils avaient vraiment une grande équipe. * Comment avez-vous préparé ce match ? Nous nous sommes préparés comme d'habitude à l'hôtel du 5-Juillet qui avait des chambres simples. On n'avait pas le luxe dont jouit l'actuelle sélection. On n'avait même pas de télé dans les chambres et on devait descendre au hall pour suivre la chaîne nationale, mais les employés de l'hôtel remplaçaient tout ça grâce à leur disponibilité et leur amabilité. * Etiez-vous harcelés par les supporters comme le sont les joueurs actuels ? C'est vrai qu'on était en contact permanent avec les supporters qui venaient prendre des photos avec nous et nous solliciter pour des autographes, mais on n'avait pas besoin de sécurité, il fallait juste dire aux supporters qu'on a besoin de tranquillité pour qu'ils s'éloignent. Les supporters étaient coopératifs. * Comment Saâdane gérait-il le groupe ? A l'époque, Saâdane était encore jeune, mais il a eu la chance d'avoir sous la main de vrais professionnels, des joueurs consciencieux qui lui ont facilité la tâche. Son plus grand problème, c'était de choisir le onze rentrant, mais n'importe quel entraîneur aurait eu les mêmes difficultés vu la richesse de l'effectif de cette époque. Je vous assure toutefois qu'aucun joueur ne remettait en question les choix de l'entraîneur. * Revenons un peu au match, de quoi vous rappelez-vous en particulier ? On a joué ce match sans Belloumi qui était une pièce maîtresse dans l'équipe, mais comme il y avait plusieurs grands joueurs, Madjer l'a remplacé et l'a fait très bien puisqu'il m'a délivré une passe pour me permettre d'ouvrir le score et pour inscrire lui-même le deuxième but. Je me rappelle qu'on avait eu beaucoup de difficultés pour perforer la défense compacte des Zambiens. Mais au sein de l'équipe d'Algérie de l'époque, il y avait des individualités capables de changer le cours du match à n'importe quel moment. Le danger pouvait venir de partout, il y avait Madjer, Assad, Menad, Maroc, tous pouvaient trouver la faille grâce à leur inspiration et leur talent individuel. * Vous rappelez-vous de votre but ? Même si j'ai inscrit beaucoup de buts en sélection, je me rappelle très bien de celui que j'ai marqué ce jour-là. J'ai sollicité Madjer sur le côté droit qui m'a vite décalé, j'ai contrôlé le ballon du pied droit pour ensuite frapper de toutes mes forces avec le pied gauche. * Malgré le 2 à 0 de l'aller, beaucoup pensaient que l'équipe allait s'effondrer à Lusaka, comme le Cameroun au tour précédent… C'est vrai que pour les gens, deux buts c'était insuffisant face à une équipe qui en a mis quatre au Cameroun. Mais nous les joueurs, on était confiants et on est allés en Zambie pour gagner dans une ambiance surchauffée et en présence du président zambien. * Et vous avez encore marqué ? Cette fois-ci, j'ai mis à profit une erreur de la défense et une hésitation du gardien pour inscrire le but de la victoire. * Comment trouvez-vous l'équipe actuelle ? Elle est en train de réaliser un excellent parcours avec un groupe de joueurs talentueux. Ce qui manque par contre à ces joueurs, c'est la création et l'inspiration qu'on avait nous, mis à part peut-être Ziani et Belhadj lorsqu'il monte en attaque. * En tant qu'attaquant, que pensez-vous de l'attaque de l'équipe nationale ? Djebbour et Ghezzal sont excellents, mais ils ont besoin de recevoir des ballons précis et dans de bonnes conditions et là vous verrez de quoi ils sont capables. Mais il ne faut pas oublier non plus Ghilas et Saïfi qui sont aussi dangereux, mais dans un autre registre. Sincèrement, je n'aimerais pas être à la place de Saâdane pour choisir entre ces quatre attaquants. * Comment voyez-vous le match ? Je suis convaincu qu'on battra les Zambiens, à condition de faire preuve d'efficacité dès le début de match. C. K. ------------------ Kaci-Saïd : «Notre équipe était inarrêtable» Mohamed Kaci-Saïd a réalisé l'un de ses meilleurs matchs en sélection lors de la double confrontation face à la Zambie en 1985. Pour lui, «l'équipe zambienne était sans doute notre adversaire le plus coriace durant ces éliminatoires, mais on avait une équipe très forte qui écrasait tout sur son passage», se rappelle Kaci-Saïd. «Il y avait cette confiance que seuls les bons résultats procurent, on ne paniquait jamais, car on savait qu'avec les joueurs qu'on avait, on prouvait faire la différence à tout moment. Face à la Zambie par exemple, on a marqué au début du match et à la fin du match, mais entre les deux buts, on ne s'est jamais affolés en dépit des nombreuses occasions ratées avec un adversaire recroquevillé en défense et qui était venu pour limiter les dégâts, espérant nous impressionner au match retour à Lusaka où il avait marqué quatre buts au Cameroun.» La manière de préparer ce genre de match était, selon Kaci-Saïd, la clé de la réussite : «On était décontractés, on jouait aux cartes, on plaisantait, il nous arrivait même de veiller, mais chacun connaissait ses limites et on n'avait pas besoin des remontrances de M. Saâdane pour rentrer dans le rang.»