Plus de mérite que Belloumi et consorts Hier, on ne se rendait peut-être pas compte, mais les Verts étaient en train de mettre fin à une longue période de disette en Coupe d'Afrique des nations. Au coup de sifflet final de M. Eddy Maillet, l'Algérie était en demi-finales de la CAN, un stade qu'elle n'avait plus atteint depuis le sacre de 1990. La traversée du désert aura donc duré deux décennies au cours desquelles, on arrivait même à se satisfaire d'une qualification en quarts de finale. On se rappelle tous la CAN 2000 et 2004 lorsque les joueurs ont été accueillis comme des héros à l'aéroport Houari-Boumediène après avoir été pourtant éliminés juste après le deuxième tour, la première fois au Ghana face au Cameroun (1-2), la deuxième en Tunisie face au Maroc (1-3 après prolongations). A cette période, on était tellement au plus bas de l'échelle qu'une qualification au deuxième tour était considérée comme une prouesse. Plus de mérite que Belloumi et consorts Avant 90, les Algériens étaient des habitués du dernier carré avec une finale en 80 perdue face au pays hôte le Nigeria, une demi-finale face au Ghana en 82, une autre demi-finale face au Cameroun deux ans plus tard, et une dernière demi-finale perdue face au Nigeria en 88. C'était l'âge d'or du football algérien et une élimination aux penaltys face au grand Cameroun était considérée comme un échec, mais c'était aussi une période où on se retrouvait en demi-finale dès qu'on passait le premier tour avec la présence de huit pays seulement à la phase finale. C'est dire que le mérite de Ziani, Yebda et consorts est plus grand que celui de leurs illustres aînés. Au jour d'aujourd'hui, se qualifier à la phase finale, c'est déjà très compliqué, que dire alors d'une qualification en demi-finales contre la meilleure équipe africaine du moment ? Le droit de se faire respecter Ceux qui ont accompagné les Verts lors des récentes campagnes africaines se rendent compte combien les Algériens ont arraché le droit de se faire respecter ici en Angola. En 2000, on était cinq journalistes à avoir accompagné l'équipe au Ghana, aujourd'hui la presse algérienne est présente en force pour suivre pas à pas la sélection nationale. La presse internationale s'intéressait rarement au parcours des Algériens, se contentant souvent de quelques filets repris des agences. Aujourd'hui, les Verts drainent une meute de journalistes à chacun de leurs déplacements. Même le regard des gens a changé. On se rappelle lors de la CAN de la sentence d'un confrère camerounais qui nous a dit : «Si vous n'êtes pas qualifiés à la CAN, c'est que vous ne le méritez pas, vous vivez trop de votre passé.» Deux ans plus tard, ce même journaliste et d'autres encore ne tarissent pas d'éloges sur la qualité du football présenté par les hommes de Saâdane en Angola. Une défaite salutaire face au Malawi Lors de la conférence de presse d'après match, M. Rabah Saâdane a mis le point sur la réaction d'orgueil de ses joueurs qui ont réussi à revenir au score à deux reprises face à la meilleure équipe africaine du moment. Mais, la meilleure réaction, selon le sélectionneur national, a été celle qui a suivi la défaite face aux Malawites qui, s'est avérée finalement salutaire. «Commencer la compétition par une défaite 3 à 0 et se qualifier en demi-finales prouve que cette équipe a du caractère», a souligné Saâdane. Cela prouve que cette équipe fait désormais partie des grands. M. S. -------------------- Toutes les demi-finales de l'Algérie à la CAN CAN-80 Algérie 2 - Egypte 2 (L'Algérie qualifiée aux penaltys) 19 mars 1980 à Ibadan - Arbitre Lawsen (Togo) – Buts : Assad (54' sur penalty), Benmiloudi (63') (Algérie) ; Al Khatib (32'), Ramadane (47') (Egypte) Algérie : Cerbah, Derouaz, Khedis, Merzekane, Larbès, Slimani, Madjer, Bensaoula, Belloumi, Assad, Fergani Entraîneurs : Khalef et Rajkov Egypte : Ikramy, Salah, Hamane, Bedir, Mabrouk, Shehata, Chawki, Abdou, Al Khatib, Mokhtar, Hassan Entraîneur : Fouad Sedki CAN-82 Algérie 2 - Ghana 3 (a. p.) 16 mars 1982 à Benghazi - Arbitre Colombo (Malawi) – Buts : Zidane (27'), Assad (57') (Algérie) ; Hassane (4', 101'), Essien (90') (Ghana) Algérie : Cerbah, Larbès, Kouici, Merzekane (Djenadi), Horr, Fergani, Madjer (Yahi), Bencheikh, Zidane, Belloumi, Assad Entraîneur : Khalef Ghana : Mensaf, Yusuf, Samson, Lamptec, Paha, Assase, Essien, Quarhie, Hassane, Badu, Abdry (Opokov) Entraîneur : Gwamfi CAN-84 Algérie 0 - Cameroun 0 (Le Cameroun qualifié aux penaltys) 14 mars 1984 à Bouaké - Arbitre Picon (Ile Maurice) Algérie : Cerbah, Sadmi, Chaïb, Kourichi, Guendouz, Kaci-Saïd, Madjer, Fergani, Bensaoula (Bouiche), Belloumi, Menad (Yahi) Entraîneur : Khalef Cameroun : Bell, Toube, Aoudou, Doumbe Lea, Sinkot, Kingue (Kunde), Abega, Mbida, Ebongue, Milla, Djonkep (Nguea) Entraîneur : Ognanovic CAN-88 Nigeria 1 - Algérie 1 (Le Nigeria qualifié aux penaltys) 23 mars 1988 à Rabat - Arbitre Badara Séné (Sénégal) – Buts : Ademola (41') (Nigeria) ; Maâtar (86') (Algérie) Algérie : Drid, Chaïb, Maâtar, Merzekane (Bouafia), Belgherbi, Megharia, Yahi, Ferhaoui (Maïche), Menad, Medane, Belloumi Entraîneur : Rogov Nigeria : Rufai, Yssa, Omokarol, Obeogbi, Okoradji, Ademola, Oyi, Augustine, Rasheedi, Okenila, Ofura Entraîneur : Hamilton CAN-90 Algérie 2 - Sénégal 1 12 mars 1990 à Alger –Arbitre : M. Takada (Japon) Buts : Menad (3'), Amani (61') (Algérie) ; Cese (20') pour le Sénégal. Algérie : Osmani, Benhalima, Adjas (Aït Abderrahmane), Megharia, Serrar, Chérif El Ouazzani, Amani, Saïb, Menad, Oudjani, Madjer Entraîneur : Kermali Sénégal : Cheïkh Sall, Fall (Couly), Moundi 1, Moundi 2, Sania, Diallo, Diagne, Bocande (Moussa N'Daw ), Cese, Sidiaye, Diallo Entraîneur : Claude Le Roy ------------------- Ils avaient déjà réservé un avion pour Benguela Les Ivoiriens ont gagné le match avant de l'avoir joué Lors de la réunion technique qui a précédé de quelques jours le match Côte d'Ivoire-Algérie, les responsables algériens étaient irrités par l'arrogance de leurs homologues ivoiriens qui ont insisté auprès des responsables de la CAF pour mettre à leur disposition un avion afin de les transporter à Benguela au lendemain de la rencontre. S'ils avaient en même temps réservé pour Abidjan, les Algériens auraient compris, mais les Ivoiriens étaient tellement sûrs de battre l'Algérie qu'ils ont pris toutes leurs dispositions pour aller jouer la demi-finale. Air Algérie : aucune décision avant la fin du match Pendant ce temps, les Algériens ont fait preuve d'humilité puisque les responsables d'Air Algérie n'ont pas voulu prendre la moindre décision avant le coup de sifflet final de l'arbitre. Air Algérie voulait en effet envoyer un avion pour transporter toute la délégation algérienne juste après le match en cas d'élimination, mais elle n'a pas voulu prendre la moindre décision sachant qu'en football tout est possible. La preuve, dans le temps additionnel, l'envoi d'un avion était encore d'actualité, quelques secondes plus tard tout sera remis en question par la faute de cette tête imparable de Madjid Bougherra. Bougherra et Yahia irrités par l'arrogance des Ivoiriens A la fin du match et sans s'en prendre directement aux Ivoiriens, des joueurs algériens, à l'instar de Anthar Yahia et Madjid Bougherra, ont réclamé beaucoup plus de respect de la part des adversaires de l'Algérie. «On demande juste qu'on nous respecte», a lâché Bougherra devant un parterre de journalistes relayé par Yahia qui rappelle que «l'Algérie n'est pas qualifiée en Coupe du monde par hasard». M. S.