"Nous sommes en fin de mandat et si les choses continuent ainsi nous jetterons tous l'éponge" En poste depuis 2005, M. Menoubi est un président comblé. Arrivé au terme de son mandat, il parle avec passion de son aventure avec les jeunes de l'US Biskra. M. Menoubi vous êtes à la tête de la direction des jeunes catégories depuis 4 ans. Quelle évaluation pouvez-vous faire de cette période ? A mon arrivée au club, on n'avait que très peu de moyens. Grâce aux techniciens de valeur que nous avons à Biskra nous avons petit à petit donné forme aux petites catégories qui sont aujourd'hui un réservoir sûr pour l'avenir du club. Peut-on avoir un aperçu des résultats techniques enregistrés durant cette saison ? Nous avons les minimes qui évoluent en régionale de Batna et qui ont clôturé la saison à la première place avec 15 matches gagnés et 1 seul perdu. Pour les catégories cadettes et juniors qui évoluent en inter-régions, elles se sont bien comportées cette saison et sont sur le point de jouer leur dernier match face à Dréan. Classés aux premières loges derrière l'ESS nos jeunes ont montré que même avec des moyens modestes on peut rivaliser avec les grosses cylindrées pour peu que la volonté y soit. Vos jeunes ont souvent loupé les play-off et même la coupe d'Algérie… Qu'est-ce qui les a bloqués ? Lorsque nous étions arrivés au club on était un petit groupe de gens qui voulaient faire quelque chose de leur mandat. Le départ de Ali Mekihel vers la présidence du CSA a bouleversé nos plans. De quelle manière ? Avec Ali Mekihel, les fonds qui revenaient aux jeunes, on bataillait pour les diriger vers ces catégories. Une fois devenu président de l'association, Mekihel nous a tourné le dos et s'est contenté de ne regarder qu'en direction des seniors football. En dépit des moyens qui manquent, vous arrivez à aligner de très bons résultats… Il faut rendre hommage à ces techniciens qui n'ont pas touché un sou depuis janvier 2009 et qui œuvrent dans l'intérêt du club des Ziban. Sans ces techniciens nous n'aurions jamais donné à l'USB, les Heriet, Djerboue, Lakhdari, Missaoui, Ghassiri, Khoualed ou encore le jeune junior Amrani qui se trouve actuellement en équipe nationale qui se prépare à Cuba et la liste n'est pas close. Avec les moyens déversés sur les seniors auriez-vous pu coiffer l'ESS en championnat ? Nous aurions fait mieux. Sans excès je vous dirai qu'avec les jeunes que Biskra a formés depuis 2005 et les moyens offerts aux seniors on aurait battu le CRB en coupe d'Algérie. Vous avez battu le NAHD en cadets mais les juniors ont raté leur match face au CRB… Le CRB avait fait la différence non pas parce qu'il était techniquement fort, mais parce qu'il était très bien entouré. Savez-vous que, pour ce match, la formation du CRB accompagnée par son président Karbadj avait été logée pendant près de 3 jours dans un hôtel luxueux alors que nos juniors sont arrivés par route le jour du match? Ces petits détails ne représentent peut-être rien pour certains mais ils influent beaucoup sur le mental d'une équipe. Et c'est justement au moment où les jeunes ont besoin d'un déclic psychologique que l'indifférence s'installe et on ne trouve plus personne pour remonter le moral à ces jeunes qui, en fait, ne sont pas si exigeants. Une partie de l'argent dilapidé au mercato aurait pu nous suffire. Peut-on connaître le montant de votre budget de fonctionnement annuel ? On n'a jamais dépassé les 250 millions de centimes. C'est-à-dire le recrutement d'un senior. Quelles sont vos perspectives pour la prochaine saison ? Nous sommes en fin de mandat et si les choses continuent ainsi nous jetterons tous l'éponge. Les jeunes ont besoin d'un meilleur intérêt, le club des Ziban ne peut continuer à subir la pression des managers qui ramènent des joueurs de bas niveau souvent suppléés par nos jeunes lors des matches seniors. Si, en dépit des 10 rencontres jouées à l'extérieur de notre stade habituel qui était en réfection, nous avons réussi à nous hisser aux premières loges, le mal est à mon sens diagnostiqué. Il ne vient pas des techniciens. Voudriez-vous ajouter quelque chose ? Je remercie beaucoup Le Buteur qui, à mon sens, est le meilleur quotidien sportif en Algérie et même à l'étranger pour avoir accordé de l'intérêt à ces catégories qui jouent face à des gradins vides et je salue au passage la décision de la LNF de faire jouer désormais les jeunes en ouverture. La formation dans un club reste incontournable mais les dirigeants et les autorités sportives devraient accorder plus d'intérêt à ce réservoir inépuisable. Entretien réalisé par Toufik Serouta.