«L'Algérie des années 80, c'était il y a 30 ans.» Ambiance «Entre Marcoussis et aujourd'hui, quelle différence !» «Je ne veux pas que Boudebouz se disperse avec les U23.» Le principal chantier lancé par Vahid Halilhodzic est de donner un style de jeu à la sélection nationale à laquelle beaucoup d'observateurs ont reproché une certaine confusion tactique. Sur ce plan, le sélectionneur national a ses convictions. «L'Algérie des années 80, c'était il y a 30 ans» La principale de ses convictions est qu'il ne veut pas jouer comme d'autres. «Je ne veux pas jouer avec 9 défenseurs, comme je le vois dans le championnat d'Algérie. Mon style est plus offensif. Vous me demandez pourquoi la sélection ne joue pas comme celle des années 80. C'est tout simplement parce que les années 80, c'est il y a 30 ans. Par ailleurs, on ne va pas jouer comme Manchester ou Barcelone. L'équipe aura sa propre identité de jeu. Quand vous dites qu'il faut jouer dans les intervalles, avec des passes courtes, en décalage, c'est plus facile à dire qu'à faire. Tout le monde peut dire cela, mais le faire est plus difficile. Il faut arrêter de rêver.» Il a profité de la présence à ses côtés d'Anthar Yahia pour donner exemple sur le défenseur central des Verts. «Parfois à l'entraînement, Anthar passait le ballon et s'arrêtait. Je lui ai dit : «Pourquoi tu t'arrêtes ? Il fallait poursuivre ton mouvement.» Anthar, tout comme tous les autres joueurs, peut progresser. Il faut qu'à chaque fois qu'un défenseur monte, un coéquipier le remplace à son poste.» «34 fautes contre la République centrafricaine, c'est beaucoup» Faisant l'analyse de ce qui a été fait lors du dernier match face à la République centrafricaine, le coach se montre lucide, car il ne cache pas qu'il y a encore des insuffisances. «Il y a eu des choses positives, mais aussi négatives. Par exemple, sur 10 touches, on a perdu le ballon 9 fois. Sur tous les centres vers le but, un seul a été concrétisé. Certes, on a joué plus rapidement, mais on n'a pas encore la synchronisation dans la vitesse. En revanche, sur les petites passes, on s'est améliorés. En général, on a gagné beaucoup de duels, mais on a commis 34 fautes, ce qui est énorme. Il faut apporter des petites corrections sur des petits détails qui, dans le haut niveau, peuvent faire la différence.» «Est-ce que je serai encore là dans 2 ans ? Inch'Allah !» Ces corrections ne seront pas forcément d'ordre collectif. Il préconise même le dialogue avec les joueurs. «J'ai discuté séparément avec eux pour leur dire ce qui leur manquait. Par exemple, il y a un joueur local qui récupère bien, mais qui ne tire pas au but. J'ai attiré son intention sur cet aspect. Chacun peut s'améliorer en corrigeant ses petits défauts. L'équipe a une marge de progression. En ce moment, l'équipe est à 60 % de ses capacités. Pour qu'elle parvienne à joueur à 90 % de son potentiel, il faudra deux ou trois ans de travail. Est-ce que je serai encore là à ce moment ? Je ne le sais pas. Inch'Allah !» «Je ne comprends pas qu'on dise que le match face à la Gambie sera facile» Halilhodzic ne veut pas crier victoire pour autant et il ne veut surtout pas que les joueurs croient qu'ils sont déjà parvenus. «Quand je parle du match de la Gambie, on me dit que ce sera facile. Je ne comprends pas d'où on puise un tel optimisme, alors que l'Algérie n'a jamais réussi à battre les Gambiens chez eux ! Ce ne sera pas facile, car aucun match ne l'est. Alors, il faut se montrer conquérants, mais il faut aussi et surtout travailler.» --------------------------------- Ambiance «Entre Marcoussis et aujourd'hui, quelle différence !» L'un des points sur lesquels Vahid Halilhodzic a insisté a été l'ambiance formidable qui règne parmi les joueurs, alors qu'elle était plus morose l'été dernier. «Le travail a été entamé à Marcoussis, mais entre ce moment-là et aujourd'hui, il y a une grande différence. A l'entraînement d'hier, c'était beau à voir. Lors du premier stage, il y avait tellement de problèmes et de crispation que j'avais pensé à quitter mes fonctions. Ce qui m'avait fait changer d'avis, c'est qu'il s'était passé quelque chose dès le deuxième ou troisième jour, mais pas sur le terrain. Les joueurs avaient provoqué une réunion au cours de laquelle ils ont dit ce qu'ils voulaient dire et montré qu'ils voulaient sortir de cette situation. Hier, j'ai vu des joueurs souriants et détendus, contents de se revoir. Vous ressentez cette chaleur et c'est important», a-t-il expliqué. «Il n'y a pas de cas Belhadj» Vahid Halilhodzic a évoqué, hier, le cas de Nadir Belhadj que l'agence officielle APS a annoncé comme étant arrivé en retard au stage et, donc, passible de sanctions. Des journaux, dont Le Buteur, et même la radio algérienne ont relayé l'information qui, comme nous l'avons précisé hier, était à prendre avec des pincettes puisque l'entourage du joueur assurait que ce dernier n'avait pas mis du retard. «J'ai pris connaissance des rumeurs dans certains journaux. Il faut protéger les joueurs. J'ai toujours été respectueux et coopératif avec les médias, mais je peux changer de ton avec eux. On ne peut pas se permettre de raconter n'importe quoi. Il faut respecter les joueurs et l'Equipe nationale. Il n'y a pas de cas Belhadj. J'en ai marre des rumeurs qu'on entend dans les cafés», a affirmé Halilhodzic. Or, ce n'est pas dans les cafés qu'on a puisé l'information, mais auprès de l'agence officielle nationale APS. Et encore, Le Buteur a bien précisé dans son édition d'hier que Belhadj s'est entraîné normalement et n'a subi aucun reproche de la part d'Halilhodzic qui l'a, au contraire, félicité pour son titre de champion d'Asie des clubs. «Je ne veux pas que Boudebouz se disperse avec les U23» Interrogé sur l'éventualité de voir Ryad Boudebouz renforcer la sélection U23 appelée à disputer le tournoi qualificatif pour les jeux Olympiques, Halilhodzic a été catégorique : «On le verra avec l'équipe A. Je ne veux pas qu'il se disperse à droite et à gauche.» Il a confirmé ce que nous a déclaré le joueur, après la rencontre entre les deux hommes qui a eu lieu à Paris : «On s'est expliqués et il a compris.» «Il y a même eu une enfant qui m'a reproché mes choix !» Halilhodzic a compris depuis quelques mois que les Algériens sont tous des «sélectionneurs » et qu'ils ont un avis technique sur tout, mais il ne s'imaginait pas que même les enfants le font. «Lors de l'Aïd, j'ai été invité à manger par un dirigeant de la fédération et, sitôt arrivé chez lui, sa petite fille m'a salué et m'a reproché de ne pas avoir convoqué un joueur !», a-t-il raconté, pour illustrer qu'il ne fait pas l'unanimité, «une situation que j'assume, car c'est lorsqu'on fait l'unanimité qu'on doit s'inquiéter». --------------------------------- Halilhodzic est resté jusqu'à la fin Alors que d'habitude, Halilhodzic se retire de la salle des conférences, après avoir répondu aux questions des journalistes, laissant ces derniers poser leurs questions aux joueurs désignés pour leur répondre, il est cette fois-ci resté jusqu'à la fin, assistant au jeu de questions avec Yahia, Ghilas et Doukha. Il «comprend» même l'arabe ! Invité à répondre à une question de la radio nationale en arabe, Anthar Yahia s'y est prêté volontiers. A la fin de son intervention, Vahid Halilhodzic lui a lancé : «J'ai tout compris.» Cela a fait rire le joueur et toute l'assistance. --------------------------------- Le nouveau maillot des Verts exposé A la fin de la conférence de presse, le nouveau maillot des Verts, dans ses versions en vert et en blanc, a été présenté aux journalistes. C'est un maillot, comme rapporté dans notre édition d'hier, qui a été conçu par l'artiste algérienne Zineb Sedira, à base de motifs islamiques. Doukha encensé Alors que les premières questions des journalistes étaient plutôt destinées à Yahia et Ghilas, Halilhodzic est intervenu pour demander à ce qu'on n'oublie pas Doukha. «C'est un gardien de but qui va jouer. En plus de ses qualités techniques, il a un comportement exemplaire que je tiens à saluer», a-t-il dit en guise d'encouragement. «Salam alaïkoum !» Le coach national a entamé la conférence de presse en lançant un «salam alaïkoum !» à l'assistance, avec son accent bosniaque, tout en souhaitant bonne fête de l'Aïd au peuple algérien. Un confrère lui a répliqué en lui souhaitant bon Aïd à lui aussi ainsi qu'au peuple bosniaque musulman. Le coach s'est même occupé des dictaphones Halilhodzic n'est pas du tout partisan des protocoles. Il est simple et se comporte simplement. Pour preuve, lorsque Anthar Yahia a commencé à répondre aux questions des journalistes, il a déplacé très naturellement un par un tous les dictaphones et enregistreurs qui se trouvaient face à lui vers son joueur, afin que les propos de ce dernier soient enregistrés.