«Si Paris joue la Ligue des champions avec Beckham, le monde entier parlera du PSG.» «L'effectif de ce Paris avec celui de l'OM des années 1990, c'est incomparable.» A trois jours du clasico qu'il ne regardera pas car il sera sur scène à Metz pour jouer « les Montagnes russes », une pièce d'Eric Assous, l'ancien président marseillais a accepté de se pencher sur l'actualité du PSG : son recrutement « pharaonique » de l'été dernier, le projet Beckham, l'éventuel changement d'entraîneur… Ses coups de griffe font toujours mouche. Etes-vous d'accord pour dire que vous avez monté de toutes pièces la rivalité entre l'OM et le PSG ? C'est plus compliqué que ça. J'ai compris assez vite que mon club ne pourrait jamais être champion d'Europe sans un Championnat de France de bonne valeur. C'est pour cette raison que j'ai poussé à mort pour que Canal + rachète le PSG pour en faire un grand club. De la même manière, j'ai incité Jean-Michel Aulas à s'investir à Lyon. Ensuite, il m'est arrivé bien sûr de jouer la carte de la provocation pour faire monter la tension avant un match contre le PSG. Quels sont à vos yeux les meilleurs présidents de l'OM ou du PSG depuis votre époque ? A part Michel Denisot ? Je citerais Alain Cayzac côté parisien. C'est quelqu'un de bien qui a essayé de faire de son mieux avec les faibles moyens à sa disposition. A Marseille, je ne vois que Pape Diouf. Il a été très bon alors qu'il ne disposait pas des pleins pouvoirs. Quelle est la clé d'un recrutement réussi ? Souvent, les patrons de clubs ont fait de grosses erreurs. A Bordeaux, à Rennes, à Marseille ou à Paris, il y a eu beaucoup d'argent dépensé lors de ces dix dernières années mais échelonné dans le temps. Deux joueurs arrivaient une année, deux autres partaient l'année suivante. Pour que ça marche, il faut frapper un très grand coup. Cela a toujours été ma méthode à l'OM. Quand on en a les moyens, comment construit-on un effectif de qualité ? On m'a appris une règle d'or. Pour connaître le réel potentiel d'une équipe, il faut regarder le niveau des cinq moins bons joueurs. Il ne faut pas se contenter d'aligner quelques stars. Quand tu as deux joueurs sublimes dans une équipe moyenne, ce sont les joueurs sublimes qui deviennent moyens. Pas l'inverse. Que pensez-vous du recrutement réalisé cet été par les nouveaux propriétaires du PSG ? Je trouve que les Qatariens ont bien fait d'investir autant d'un seul coup. On verra si le succès est au rendez-vous. Mais attention : l'effectif de ce PSG n'a encore rien à voir avec celui de l'OM des années 1990. C'est incomparable. A l'époque, il y avait sur le banc des remplaçants entre deux et cinq joueurs internationaux! A Paris, actuellement, personne n'est un titulaire indiscutable en sélection. Ni Gameiro, ni Nene, ni Ménez, ni Pastore. Il faut être prudent sur le futur du PSG. C'est le palmarès d'un joueur qui situe son standing, pas le montant de son transfert. Comment analysez-vous le projet Beckham du PSG ? Quand tu as David Beckham dans ton équipe, le monde du football, même les arbitres, ne te regarde plus de la même façon. Quand j'ai engagé Franz Beckenbauer en 1990, on pensait que c'était uniquement pour ses qualités d'entraîneur. Mais c'était aussi pour le prestige. Dès son premier match de Coupe d'Europe, quand il est allé saluer l'arbitre, celui-ci lui a demandé de signer le ballon de la rencontre. L'objectif était atteint : en deux minutes, la notoriété de l'entraîneur était mise au service de mon club. Cela en dit long sur votre respect des arbitres… Mais pourquoi faire semblant ? L'influence psychologique que peut exercer une grande personnalité ou un grand club est fondamentale. On a dit tellement de conneries sur la corruption du corps arbitral : les enveloppes ou les montres en or ! On oublie le facteur humain. Un arbitre aura toujours beaucoup plus de mal à siffler un penalty à l'encontre du Real Madrid que contre Auxerre. Le PSG a-t-il vraiment besoin de Beckham pour se faire respecter ? En dehors de la France, qui connaît vraiment le PSG ? La saison prochaine, si Paris joue la Ligue des champions avec Beckham dans son effectif, le monde entier parlera du PSG. Pas seulement parce qu'il sera devenu champion de France mais parce qu'il aura une star mondiale dans son effectif. Leonardo aurait donc raison de recruter Ancelotti pour une question de standing ? Attendez… Ne comparez pas la notoriété de Carlo Ancelotti avec celle de Beckham. Ce n'est pas Ancelotti qui va faire vibrer les foules. Il n'y a que deux stars parmi les entraîneurs : José Mourinho et Pep Guardiola. Ce sont les deux seuls qui pourraient faire changer la dimension d'un club comme le PSG. Les dirigeants parisiens ont-ils raison de chercher un nouvel entraîneur alors que le PSG est en tête du championnat ? Je ne sais pas si Ancelotti ferait mieux que Kombouaré… Mais il y a mille raisons possibles qui peuvent pousser Leonardo et les Qatariens à réfléchir à son remplacement. La seule chose qui compte, c'est leur appréciation du rapport entre la qualité de l'effectif mis à la disposition de l'entraîneur et ce qu'il arrive à en tirer sur le terrain. OK, le PSG est leader. Mais, si tout le monde s'emmerde au stade ou si l'équipe perd à domicile contre Nancy, ça me paraît normal de songer à remplacer Kombouaré. Même si cela peut s'avérer être une erreur.