«Je ne m'y attendais vraiment pas» Nashat Akram (milieu de terrain de Lekhwiya) : «Bougherra force l'admiration» Madjid Bougherra a passé une journée particulière samedi. Avec son équipe, Lekhwiya, il a disputé un match amical à Amman, capitale de la Jordanie, face au champion jordanien, Al Wahadate. Pour l'anecdote, la rencontre s'est terminée sur un nul (2-2), mais ce n'est pas cela qui a été le fait le plus marquant, pas même l'expulsion du défenseur international algérien à la 87' pour avoir fauché un défenseur d'Al Wahadate dans la surface de réparation, provoquant un penalty. Le «clou» du match s'est passé ailleurs, à l'extérieur du stade. «One, two, three ! Viva l'Algérie !» jusqu'au départ du bus de Lekhwiya En effet, alors que les joueurs de Lekhwiya sortaient un par un du stade pour monter dans leur bus, Bougherra a été «happé» par une cinquantaine de personnes qui faisaient le pied de grue à la sortie. Il s'agissait de Palestiniens vivant à Amman, auxquels se sont joints quelques Jordaniens. Dès que le joueur algérien est apparu, il y a eu un brouhaha et les présents se sont mis aussitôt à scander son nom. Surpris, «Boughy» a été accosté par plusieurs Palestiniens qui cherchaient tous à l'embrasser et à lui donner l'accolade. Puis, sans plus de détails, il a été porté en triomphe jusqu'au bus sous les scansions «One, two, three ! Viva l'Algérie !». Cela s'est poursuivi jusqu'à ce que le bus quitte le parking du stade. Les Palestiniens n'ont jamais oublié le soutien des Algériens Faut-il s'étonner de cette attitude de ressortissants palestiniens vivant en Jordanie ? Pas du tout. Plusieurs paramètres expliquent cela. En premier lieu, les Palestiniens, qui sont loin d'être des ingrats, n'oublient jamais que les Algériens, que ce soit en tant qu'Etat qu'en tant que citoyens anonymes, ont toujours soutenu et continuent de soutenir de manière inconditionnelle leur cause, n'affichant pas l'ambiguïté et la frilosité qui caractérisent d'autres pays arabes au sujet de cette question. Cela avait été le cas surtout lors des massacres perpétrés par l'armée israélienne à Ghaza à la fin de l'année 2008. D'ailleurs, si les Palestiniens de Ghaza et de Cisjordanie étaient descendus en masse dans la rue au soir d'un certain 18 novembre 2009 pour fêter la qualification de l'Algérie pour le Mondial-2010 au détriment de l'Egypte, cela veut tout dire. Bougherra avait refusé de jouer avec les Rangers durant le bombardement de Ghaza en 2008 Autre paramètre important : lors du bombardement massif contre Ghaza, il y a trois ans, Bougherra, alors sociétaire des Glasgow rangers, avait refusé de participer à un match de championnat d'Ecosse, arguant qu'il lui était impossible d'avoir l'esprit à jouer alors que ses frères palestiniens se faisaient massacrer et leurs enfants affamer. L'affaire avait fait grand bruit en Grande-Bretagne à l'époque, jusqu'à arriver aux oreilles des Jordaniens et Palestiniens. Ces derniers, reconnaissants, ne l'ont pas oublié et ont manifesté leur gratitude envers Madjid Bougherra à leur manière samedi passé. ---------------------------- «Je ne m'y attendais vraiment pas» Etre porté en triomphe par des Palestiniens en Jordanie et voir votre nom être scandé, vous y attendiez-vous ? Franchement, je ne m'y attendais vraiment pas. Pour moi, il y avait un match amical à disputer face à Al Wahadate, le champion de Jordanie en titre, et c'est tout. C'était un match d'un niveau assez soutenu et j'ai même écopé d'un carton rouge, mais cela s'était passé à la fin du match et il n'y avait pas eu de graves conséquences. Cependant, j'étais loin de m'attendre à l'accueil chaleureux que les Palestiniens m'avaient réservé après le match. Franchement, ça m'a fait grandement plaisir. Comment expliquez-vous cette manifestation d'amour à votre égard ? C'est connu, les Algériens et les Palestiniens ont toujours entretenu d'excellentes relations, dans les bons et dans les mauvais moments. Les Palestiniens savent à quel point nous, Algériens, nous les aimons et les soutenons dans leur lutte. Je pense que c'est surtout ça. Il ne faut pas oublier que vous aviez même refusé de disputer un match avec les Rangers au moment où Ghaza subissait un blocus de la part de l'entité sioniste… C'est vrai. Je ne sais pas si cela a été pour quelque chose dans l'attitude des Palestiniens, mais j'avais fait cela spontanément. Pour en revenir à l'actualité, vous avez entamé la préparation pour la phase retour dont le point d'orgue sera la phase des poules de la Ligue des champions asiatique. Le sacre d'Al Sadd dans cette compétition et la troisième place qu'il a remportée au Mondial des clubs au Japon ne vous rassurent-ils pas sur votre capacité à aller loin dans cette compétition ? C'est notre objectif et notre ambition. Cependant, il faut être réalistes : ce ne sera pas les mêmes données. Déjà, ce ne sont pas les mêmes équipes qui participeront. Donc, il ne faut pas trop s'enflammer. Ce qui est sûr, c'est que nous nous donnerons à fond. Déjà, nous commençons à prendre le pouls du niveau asiatique. Le match face à Al Wahadate nous a fait découvrir un style de jeu différent. Donc, cette compétition sera une découverte pour nous. Nous sommes dans un groupe difficile avec des équipes aux styles de jeu variés. Il nous faudra nous adapter à tout cela. Ce qui est sûr, c'est que nous ferons de notre mieux. En tout cas, Nadir Belhadj a réussi à bien s'illustrer, que ce soit en Ligue des champions asiatique ou au Mondial des clubs… C'est vrai et je suis très content pour lui. Il était venu au Qatar pour remporter des titres et passer un cap international et il a réussi. C'est un joueur ambitieux et gagneur. Je n'ai jamais douté de ses capacités. ---------------------------- Le PSG, destination improbable Des informations ont fait état en Ecosse de l'intention du Paris Saint-germain de «réchauffer» la piste menant au défenseur algérien Madjid Bougherra. On se rappelle que l'été dernier, le propriétaire qatari du PSG, le prince Tamim bin Hamad al-Thani, avait proposé le joueur à la direction sportive du club parisien, mais ni le directeur sportif, Leonardo ni l'entraîneur, Antoine Kombouaré, n'avaient voulu de lui. Aujourd'hui que Kombouaré n'est plus l'entraîneur, on reparle de Bougherra, surtout que Bisevac est toujours blessé et que Lugano, recruté pour le suppléer, n'a pas donné satisfaction. Cependant, c'est loin d'être évident car Tamim bin Hamad al-Thani, qui est aussi le patron de Lekhwiya, donne beaucoup d'importance au club qatari, peut-être plus qu'au PSG, et il serait fort surprenant qu'il accepte un départ de Bougherra, surtout que la Ligue des champions asiatique, un objectif très important pour Lekhwiya, débutera dans moins de trois mois. ---------------------------- Nashat Akram (milieu de terrain de Lekhwiya) : «Bougherra force l'admiration» L'émission «Sada El Malaïb», diffusée chaque soir sur MBC, a consacré un large portrait des deux joueurs de Lekhwiya, l'Irakien, Nashat Akram et son coéquipier algérien, Madjid Bougherra. L'animateur de cette émission a surtout mis en avant l'indéfectible amitié qui existe entre les deux sociétaires du club champion du Qatar. L'infatigable milieu de terrain irakien n'a pas caché son admiration pour les Algériens et plus particulièrement pour son camarade et ami Madjid : «J'ai beaucoup de respect pour les Algériens. Lorsque j'évoluais en Arabie Saoudite, je m'entendais très bien avec le staff médical qui était dans sa majorité composé de médecins algériens. J'entretenais aussi une forte relation avec l'entraineur des gardiens de but qui était aussi algérien». «On me disait que j'avais du sang algérien» Nashat Akram, qui a connu aussi Abdenour Kaoua comme entraineur en Arabie Saoudite, se rappelle des discussions très amicales qu'il avait eues avec des Algériens exerçant au Royaume wahhabite : «Lorsqu'on plaisantait avec moi, je m'emportais souvent, et on me disait que j'avais du sang algérien. Maintenant je découvre Madjid Bougherra que j'admire en tant qu'homme et joueur. Franchement, c'est un chic type, il force l'admiration».