«Dans 15 jours, je déposerai ma démission et bonne chance au suivant !» 24 heures après le mouvement de protestation qui a eu lieu devant le siège du club par une centaine de supporters qui réclamaient son départ, le président kabyle s'est exprimé, hier soir, sur les ondes de radio Tizi Ouzou. Hannachi a eu droit à 60 minutes pour dire aux supporters ce qu'il comptait faire dans les prochains jours. Face à la grande pression de la rue, Mohand-Cherif Hannachi a craqué en acceptant de remettre sa démission. Toutefois, il ne compte officialiser cette démission que dans deux semaines, lors de la prochaine assemblée générale. Soit le temps que le capital du club soit revu à la baisse, comme il l'a déclaré lui-même. En effet, Hannachi estime que le patrimoine de la JSK n'est toujours pas estimé à sa juste valeur. Il a même fait savoir que le capital du club dépasserait les 80 milliards de centimes. Une fois que tout sera tiré au clair, Hannachi déposera sa démission devant les membres du Conseil d'administration. D'après certains, on évoque même la démission collective des membres du conseil en signe de soutien avec Hannachi. Maintenant, reste à savoir si cette sortie médiatique de Mohand-Cherif Hannachi apaisera la colère de la rue qui appelle au départ immédiat du président. -------------------------------------------- «Dans 15 jours, je déposerai ma démission et bonne chance au suivant !» Lors du temps qui lui a été imparti afin d'intervenir sur les ondes de radio Tizi Ouzou, Mohand-Cherif Hannachi a fait part de sa décision de quitter officiellement la présidence de la JSK, mais pas dans l'immédiat. Il a expliqué qu'il fera les choses dans les règles. Il provoquera d'abord une assemblée générale avant de déposer sa démission au Conseil d'administration, comme le prévoit la réglementation. «Une assemblée générale dans deux semaines» Dans un premier temps, le président Mohand-Cherif Hannachi a déclaré : «Je tiens à dire que j'ai pris la décision de provoquer une assemblée générale dans deux semaines. Nous avons tracé une feuille de route à ce sujet. Tous les membres de l'assemblée seront présents, y compris les anciens joueurs de la JSK. Ils sont tous concernés. Toutefois, je dois prendre le temps de m'organiser durant les 2 prochaines semaines.» «Je me retirerai juste après l'assemblée générale» Avant de faire part de sa décision, il dira : «Juste après cette Assemblée générale, je déposerai ma démission de la présidence du club. Je vais me retirer définitivement. Ma démission sera déposée au niveau du Conseil d'administration. J'ai toujours déclaré que mon départ du club n'était pas un problème. Maintenant qu'on veut que je quitte le club, je le ferai sans souci, pour l'intérêt de la JSK.» «L'augmentation du capital a été faite» A propos de l'augmentation du capital du club, Hannachi ajoutera : «Le patrimoine de la JSK n'est pas à vendre. Il appartient au club. A ce sujet, je dirais que nous avons fait une estimation de tous les biens du club. L'augmentation du capital a été faite réglementairement, raison pour laquelle nous avons chargé un notaire. Lors de la prochaine Assemblée générale, nous allons tout publier.» «Le capital atteindra 83 milliards» «La JSK dispose de terrains, d'un siège, d'un cercle. Il s'agira des biens matériels et immatériels. C'est pour vous dire que le capital du club a nettement augmenté. Le montant exact tourne autour des 83 milliards. Je ne peux vous en dire davantage à ce sujet, car le dossier est toujours chez le notaire.» «Je ramène 3 milliards par mois, celui qui viendra n'aura qu'à faire pareil» «Aujourd'hui, je ramène 3 milliards par mois dans les caisses du club. Désormais, le prochain actionnaire devra faire pareil. Je tiens à dire que j'ai toujours travaillé pour le bien de ce club. Je ne veux pas casser la JSK, contrairement à certains qui veulent détruire ce qui a été construit depuis plusieurs années.» «Bonne chance au prochain dirigeant» «Je vais quitter la JSK, après 18 ans de présidence et plus de 40 ans au service de ce club. Je souhaite bonne chance au prochain dirigeant. Je suis même prêt à l'aider dans sa nouvelle mission. Je continuerai à servir le club comme je l'ai toujours fait.» «Les supporters qui ont fait le déplacement à Batna sont des mineurs de Beni Amrane» Durant son intervention radiophonique, le président Hannachi n'a pas manqué de revenir sur le dernier match que la JSK a livré contre le CAB. Selon lui, les supporters qui se sont déplacés ne sont que des mineurs de Beni Amrane. Ces derniers n'ont pas trouvé mieux que d'insulter les joueurs pendant toute la partie. A ce sujet, il ajoutera : «Durant 90 minutes, les supporters n'ont pas arrêté d'insulter les joueurs. Pis encore, ils les ont suivis jusqu'à Sétif pour invectiver Hemani. Aussi, je tiens à vous dire que je les ai tous reçus à l'hôtel, à Batna.» «Pourtant, les supporters de Beni Amrane ont toujours été fidèles à la JSK» Le président Hannachi évoquera enfin la réaction des supporters qu'il qualifie d'inexplicable, du moment que ceux de Beni Amrane ont toujours été fidèles à la JSK. Le premier responsable de la JSK, qui n'avait rien compris, a jugé utile de préciser : «Pourtant, les supporters de Beni Amrane ont de tout temps été derrière la JSK. Ce sont des supporters fidèles au club de la région. Je n'ai donc pas compris leur réaction.» «Il y a de la manipulation dans l'air » Tout le monde est au courant que plusieurs supporters s'étaient rassemblés, avant-hier, devant l'entrée principale du stade du 1er-Novembre, pour demander le départ du président Hannachi, qui, selon eux, devrait céder sa place à une autre personne capable de replacer convenablement la JSK. Selon Hannachi, il y a de la manipulation dans l'air. «A propos de tout ce qui se passe dernièrement, je tiens à vous dire qu'il y a de la manipulation dans l'air. Les supporters ont été tous manipulés. Ils n'auraient pas agi seuls.» « La JSK, c'est ma vie » Nul doute que le président Hannachi a servi la JSK pendant plusieurs années. D'ailleurs, sous sa direction, le club a réussi à glaner plusieurs titres, dont trois coupes de la CAF. Il est vrai que les supporters ont toujours été reconnaissants envers lui du moment qu'il a beaucoup donné à la JSK, mais aujourd'hui, ils réclament son départ. Hannachi, à la chaîne radiophonique de Tizi Ouzou, a tenu à déclarer que la JSK est toute sa vie et qu'avec lui le club n'est plus endetté. «La JSK, c'est toute ma vie. J'ai tout donné pour ce cher club. Je profite de cette occasion pour vous dire que la JSK n'a aucune dette.» « Karouf s'est toujours montré à la hauteur, il a ma confiance » Une fois que Meziane Ighil a été limogé, Hannachi a déclaré que Mourad Karouf sera l'entraîneur en chef de la JSK jusqu'à la nomination d'un nouveau coach. D'après Hannachi, Karouf s'est toujours montré à la hauteur dans les moments difficiles : «J'ai confiance en Mourad Karouf. Il s'est toujours montré à la hauteur lors des moments difficiles. Comme je l'ai toujours dit, nous avons un bon groupe et on a confiance en les enfants du club». « Au lieu de critiquer, certains enfants du club auraient mieux fait de proposer leur aide » Apparemment, le président Hannachi n'a pas trop aimé les déclarations de certains anciens joueurs de la JSK. La preuve, il n'a pas manqué de leur lancer un message hier : «Au lieu de critiquer, certains enfants du club auraient mieux fait de proposer leur aide à la JSK. Pour qu'on soit fort, il faut se montrer solidaire». «Nous n'avons jamais fermé la porte de l'assemblée générale aux enfants du club » Hier matin, l'ex-entraîneur de la JSK, Azzedine Aït Djoudi a déclaré sur la radio Chaîne II, que ce n'est pas correct de fermer les portes de l'assemblée générale aux enfants du club. En lui répondant sur la radio de Tizi Ouzou, Hannachi dira : «Pour tout vous dire, nous n'avons jamais fermé les portes de l'assemblée générale devant les enfants du club. D'ailleurs, ils n'ont jamais répondu présents à nos sollicitations». «On a amplifié cette affaire de Hemani et Tedjar » Ces derniers temps, les supporters de la JSK ne parlent que de Hemani et Tedjar, qui d'après eux, n'ont pas su se comporter en professionnels avec les supporters. D'ailleurs, ces derniers sont allés plus loin en réclamant leur départ de la JSK. D'après le chairman kabyle, cette affaire a été amplifiée : «A mon avis, on a trop gonflé cette affaire de Hemani et Tedjar». « Le club appartient aux supporters » Dans ses déclarations, Hannachi a profité pour dire que le club appartient aux supporters, qui ont toujours été derrière leur équipe, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments : «Il faut savoir que Hannachi n'est pas la JSK. Personnellement, je travaille pour les supporters de la JSK. D'ailleurs, ce que tout le monde doit savoir, c'est que la JSK appartient aux supporters, qui nous ont toujours soutenus dans les bons et les mauvais moments». « Des sections seront relancées » Enfin, Hannachi a fait savoir que les autres sections seront relancées maintenant que les pouvoirs publics ont débloqué la subvention de 2,5 milliards de centimes. Il dira : «Nous avons reçu la subvention. Je tiens à dire que les autres disciplines seront relancées, en l'occurrence le handball et l'athlétisme». ----------------------------------- Hannachi, 3 plus, 3 ratés Mohand Cherif Hannachi est président de la JSK depuis 1993, soit presque 19 ans. Si on ajoute la saison 1991-1992 où il avait assuré la présidence, après le départ du regretté Boussad Benkaci, cela fait un total de 20 ans comme patron du club le plus titré du pays. De ces 20 ans de gestion, on retiendra 3 aspects positifs, mais aussi 3 points négatifs. Un amour sincère pour le club Au chapitre des aspects positifs, il y a lieu de citer en premier lieu son amour sincère et indéfectible pour la JSK. Lorsqu'il rappelle à satiété qu'il a plus de 40 ans au club, ce n'est pas tout à fait faux puisqu'il a le mérite de lui avoir été fidèle. On retiendra aussi des moments d'émotion forts, comme ses larmes versées après chaque titre remporté, sa présence dans les moments difficiles, en dépit d'une maladie chronique (la goutte) ainsi que son opposition frontale à des jeunes qui voulaient brûler le stade du 1er-Novembre en 2001, lors du Printemps noir. Soustraction de la JSK aux partis politiques A ce titre, on doit lui reconnaître un mérite : il a soustrait la JSK aux tentatives de récupération politiciennes de tous les partis implantés dans la région, avides de profiter de l'aura du club et de son immense popularité en Algérie et même en dehors des frontières. La JSK a su ainsi rester au-dessus des luttes politiciennes et des campagnes électoralistes, tout en conservant son statut de symbole et vecteur de l'identité amazighe. 11 titres gagnés, tout comme avec le regretté Benkaci Hannachi à la tête de la JSK, c'est quand même 11 titres de gagnés : 4 championnats (1995, 2004, 2006, 2008), 3 Coupes d'Algérie (1992, 1994, 2011), 1 Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe (1995) et 3 Coupes de la CAF (2000, 2001, 2002). Cela en fait, au même titre que son prédécesseur, le regretté Boussad Benkaci, le président de club le plus titré de l'histoire du football algérien. Un dévoreur d'entraîneurs Concernant les points négatifs, le plus marquant est l'instabilité chronique au niveau de la barre technique, ce qui ne cadre pas avec la philosophie d'un club qui avait gardé le duo Khalef-Ziwotko durant plus d'une décennie. On ne compte plus le nombre d'entraîneurs qui ont été nommés et limogés. Même gagner un trophée africain n'avait pas prémuni Harouni (que Dieu ait son âme), Sandjak, Mouassa et Chay d'un limogeage. Marginalisation des figures du club De toutes les figures emblématiques de la JSK, aucune n'a servi longtemps dans le système de gestion de Hannachi. Pourtant, il y en a parmi elles d'authentiques champions qui auraient pu apporter leur expérience, mais elles ont été marginalisées. Certes, d'anciens joueurs ont occupé des postes de responsabilité, mais de manière éphémère, à tour de rôle, juste pour la galerie. Négligence de la formation Si l'on prend les équipes de la JSK vainqueurs de la Coupe d'Afrique des clubs champions en 1981 et en 1990, la moitié de ses composantes étaient des joueurs formés et révélés à la JSK. Or, la formation a été négligée durant les années Hannachi, surtout lors des dernières, laissant place à une politique du «tout-recrutement». Du coup, des talents certains n'ont pas trouvé de cadre adéquat pour s'épanouir, poussant le club à ramener des joueurs plutôt moyens à coups de milliards.