Dans une dizaine de jours, le capital de la JSK sera de… 83 milliards. A présent que Mohand Cherif Hannachi a annoncé son intention de démissionner de son poste de président de la Jeunesse sportive de Kabylie (il s'agit pour l'instant d'une simple intention, non encore concrétisée), la course à sa succession a commencé avec déjà une candidature déclarée, celle de l'un de ses anciens entraîneur, Azzedine Aït Djoudi. Or, cela ne sera pas si simple de briguer la présidence de la JSK pour des raisons de forme et de fond. Hannachi partant, on connaît la chanson… Sur la forme, il y a lieu de remarquer que ce n'est pas la première fois que Hannachi fait l'annonce publique de sa démission. Hannachi partant, on connaît la chanson. A chaque fois qu'il avait été au pied du mur, il l'a fait, avant de rester finalement soit parce qu'il a su laisser passer l'orage, soit faute de candidats crédibles, soit après des manifestations de soutien de supporters. Il n'est pas dit que le patron de la JSK partira cette fois-ci, tant la situation est floue et confuse. Il suffit qu'il y ait un enchaînement de deux ou trois bons résultats et d'une volte-face du public pour que Hannachi redevienne un «sauveur». Ce n'est pas l'AG qui décide, mais le conseil d'administration Au point très important : avec la nouvelle loi sur le professionnalisme et le passage des clubs, dont la JSK, au statut de Société par actions (SPA), ce n'est pas à l'assemblée générale du club de retirer sa confiance à un président ou d'en élire un, mais bien au conseil d'administration de la SPA. En plus clair, ce sont les actionnaires, c'est-à-dire ceux qui ont mis de l'argent dans le capital du club en achetant des actions, qui sont les seuls décideurs. C'est l'argent qui sera seul décideur dans cette affaire et non pas les desiderata de supporters ou de membres de l'AG. Dans une dizaine de jours, le capital de la JSK sera de… 83 milliards Là, on en vient au paramètre de fonds qui peut bloquer les candidats intéressés par la présidence de la JSK : dans quelques jours, le capital de la JSK va augmenter ostensiblement pour atteindre 83 milliards de centimes, soit la somme des valeurs de l'assiette de terrain octroyée au club, de l'ancien cercle et des appartements appartenant au club. En effet, dans la précipitation ayant entouré la transformation des clubs en SPA afin de lancer au plus vite le championnat professionnel, le capital de la JSK avait été fixé à 1 million de dinars, soit à 100 millions de centimes. Une somme bien dérisoire pour un club de l'envergure de la JSK et qui constitue le salaire mensuel d'un joueur moyen. Or, Hannachi a entrepris les démarches visant à multiplier ce capital par 830. Les documents y afférant sont chez le notaire et les nouveaux statuts comportant le nouveau capital seront enregistrés et publiés dans une dizaine de jours. Pour être actionnaire majoritaire, il faut être multimilliardaire Une fois ces statuts publiés, les postulants à la présidence du club devront mettre sur la table 42 milliards de centimes au minimum pour être actionnaire majoritaire ou, à défaut, acheter le plus d'actions possible et composer avec d'autres actionnaires pour être élu président par le conseil d'administration. Autant dire que les données changeront du tout au tout. Même pour être actionnaire minoritaire, il faut être milliardaire. Ne parlons pas de l'actionnaire majoritaire qui, lui, doit être multimilliardaire. Y aura-t-il des candidats assez nantis financièrement pour mettre sur la table des sommes aussi importantes pour prendre la JSK ? C'est la seule et vraie question qu'il faudra poser actuellement et non pas si Hannachi partira ou ne partira pas. L'investisseur espagnol mettra l'argent, Hannachi le gèrera en président C'est que la question n'est plus sportive, mais éminemment financière. Pour prétendre être président de la JSK, il faut être à la hauteur des exigences du nouveau capital du club. A ce jeu, Hannachi a un avantage certain : la carte espagnole. Depuis plusieurs semaines, il ne cesse d'évoquer un investisseur du pays de Don Quichotte qui serait prêt à reprendre le club. Pour l'instant, il se refuse à dévoiler son identité de crainte de parasitages et de tentatives de torpillage de la transaction, mais le fait qu'il ait entrepris les démarches pour porter le capital du club à 83 milliards de centimes démontre bien que c'est du sérieux car il n'a pas les moyens, lui, de mettre même pas le quart de cette sommes sur la table. Son scénario ? L'investisseur espagnol sera l'actionnaire majoritaire et lui l'un des actionnaires minoritaires, mais il sera quand même investi président du club pour sa connaissance de l'environnement algérien. Autrement dit, l'Espagnol mettra l'argent et lui le gèrera avec le titre de président. Astucieux et efficace. Pour l'instant, cela n'est qu'un scénario, mais son scénariste veille à bien planter le décor pour le concrétiser. Reste à savoir ce qu'en penseront les figurants… euh, pardon : les prétendants.