«Je ne me suis jamais inquiété de ma situation.» Pour le compte de la 21e journée du championnat de Bundesliga 2, un match au sommet opposait, avant-hier soir, le leader Fortuna Düsseldorf au troisième du classement, en l'occurrence, l'Eintracht Francfort. Cette rencontre, qui s'est disputée à Düsseldorf, a tenu toutes ses promesses et vu les deux équipes se quitter sur un score de parité, un but partout. C'est d'abord le club de Francfort qui a réussi à ouvrir la marque à la 69' par l'entremise de Benjamin Kohler. Les visiteurs, bien regroupés en défense, croyaient tenir jusqu'au bout cet excellent résultat, sauf que dans les arrêts de jeu, le très contesté arbitre de la rencontre siffle un pénalty imaginaire au profit de Düsseldorf que son attaquant Langeneke a transformé avec brio. Les camarades de Karim Matmour ont eu beau contester cette décision, en vain cependant. Ce match nul demeure néanmoins un bon résultat pour le club phare de la capitale économique du pays, puisqu'il lui permet de rester au contact de son adversaire qui ne le devance que d'un petit point. L'Algérien a gagné la confiance de son coach Si, durant la première partie de la saison, l'international algérien de l'Eintracht, Karim Matmour, avait beaucoup souffert des choix de son entraîneur, les choses semblent aller mieux à présent pour lui. En effet, l'ancien sociétaire du Borussia Mönchengladbach a disputé l'intégralité de la rencontre d'avant-hier, sa deuxième d'affilée depuis l'entame de la phase retour. Cela dénote de la confiance qu'il jouit auprès de son coach, Armin Veh. Face à Düsseldorf, l'attaquant des Verts a réalisé une très belle prestation et fut l'un des tout meilleurs de son team. Une bonne nouvelle pour Vahid Halilhodzic qui devrait miser sur lui en perspective du déplacement en Gambie. Notons que Matmour a reçu un carton jaune au cours de cette partie, précisément à la 77'. Kourichi n'est pas allé le voir Contrairement à ce qui était annoncé, personne de l'encadrement technique des Verts n'a fait le déplacement à Düsseldorf pour suivre cette partie entre le club local et Francfort et superviser ainsi l'international algérien. Nordine Kourichi, le premier adjoint de Vahid Halilhodzic, qui était présent dimanche dernier à l'Arena Stadium de Munich pour voir de près la prestation de Anthar Yahia, n'a donc pas daigné faire un autre déplacement au nord de l'Allemagne. Matmour, qu'on a contacté hier après-midi, nous a assuré qu'il n'a eu aucune entrevue à l'issue du match ni avec le sélectionneur ni avec son assistant. ----------------------------------------- «Je ne me suis jamais inquiété de ma situation» Deux matches de suite comme titulaire et sans être remplacé en cours de match, cela ne vous est plus arrivé depuis plus d'un an ! C'est peut-être cynique de le dire, mais ne croyez-vous pas que c'est un «petit événement» ? (Rires.) A chacun sa façon de voir et d'interpréter la chose. Moi, je sais pourquoi j'avais peu joué durant la première moitié de la saison et je l'avais expliqué : j'étais arrivé à l'Eintracht Frankfurt à deux semaines du début du championnat et je n'avais donc pas effectué la préparation avec l'équipe. Durant la trêve hivernale, j'ai fait tout le stage avec l'équipe au Qatar, ce qui m'a permis de me mettre à niveau sur le plan physique. Là, je viens d'enchaîner deux matches parce que je suis à présent au point physiquement. Voilà tout. Moi, je ne me suis jamais inquiété de ma situation car je savais où résidait le problème et comment y remédier. Donc, ce que vous aviez déclaré à Doha à notre correspondant au Qatar est en train de se confirmer : ce stage vous a fait beaucoup de bien… Oui. Cela a fait du bien à toute l'équipe, d'ailleurs. Là, je me sens bien et l'entraîneur le sait bien. Il me fait confiance et j'essaye d'être à la hauteur de ce qu'il attend de moi. Dans la presse allemande, est-ce qu'on a souligné que Matmour est en train de retrouver son niveau d'il y a deux ans ? Je ne sais pas car je ne lis pas trop la presse. J'ai appris à faire abstraction de ce qu'on dit de moi. Il n'y a qu'une personne dont l'avis compte pour moi : mon entraineur. C'est le seul à même d'estimer si je suis bon ou mauvais. Moi, je me contente de travailler. Lundi soir, sur le terrain du leader, Fortuna Düsseldorf, vous étiez sur le point de gagner, avant de vous faire rejoindre au score dans le temps additionnel. Ne ressentez-vous pas de la frustration ? Oui, beaucoup de frustration, d'autant plus que l'égalisation était litigieuse. Sur le terrain, nous avions bien vu que le penalty qui a été accordé à Düsseldorf n'était pas valable. Les images de la télévision l'ont confirmé par la suite. C'est injuste, d'autant plus qu'une victoire nous aurait permis de prendre la tête du classement. Quand même, ce nul sur le terrain du leader démontre quand même que vous êtes l'une des meilleures équipes de la deuxième division allemande… C'est vrai et c'est naturel puisque, dès le départ, nous avons été donnés favoris pour l'accession. Nous allons continuer à travailler pour atteindre notre objectif : accéder en terminant champion de notre division. Objectivement, c'est jouable. Le résultat de lundi soir vous a rassuré sur le potentiel de votre équipe et sur votre retour en forme. Maintenant que vous êtes plus serein, est-ce que vous vous projetez déjà sur le match qui attend les Verts contre la Gambie ? Je reste toujours concentré sur mon club car il y a encore des matches à jouer d'ici le stage de la sélection nationale, mais je commence à penser au match de la Gambie. Mon degré de réflexion augmentera au fil des jours jusqu'à me concentrer pleinement sur ce match une fois que j'aurai intégré les Verts en regroupement. Vous avez déjà joué à Banjul, en 2008. Craignez-vous les conditions de jeu là-bas ? Il est clair que jouer en Afrique noire n'est pas simple. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en considération. Cela dépend des conditions climatiques, de l'accueil. Je ne peux pas vous dire là, à cet instant, comment se passeront les choses là-bas. Il faudra voir sur place. Cependant, comme je vous l'ai dit, je m'attends à un contexte particulier. L'Algérie n'a encore jamais gagné en Gambie et Vahid Halilhodzic veut que l'équipe vise la victoire lors de tous ses matches à l'extérieur. Partagez-vous ce crédo ? Oui, entièrement. Dans ma conception de mon métier, on joue un match pour le gagner, quel que soit l'adversaire, le contexte ou l'enjeu. Donc, je ne peux qu'adhérer à la philosophie prônée par le sélectionneur. En Gambie, il faudra penser à gagner, pas à limiter les dégâts. Il faudra toujours jouer avec cet état d'esprit. En parlant de l'Afrique, la Zambie vient d'être sacrée champion du continent. En apprenant la nouvelle, ne vous êtes-vous pas remémoré les deux matches que vous avez joués contre cette équipe, le premier à Chililabombwe où vous aviez joué arrière droit pour la première fois de votre vie, le deuxième à Blida où vous avez été l'auteur de la passe décisive pour Rafik Saïfi ? (Rires.) Oui, je me souviens très bien de ces matches. Eh bien, dites-vous bien que, de toutes les sélections que nous avions affrontées en éliminatoires pour la Coupe du monde, c'est celle de la Zambie qui nous avait posé le plus de problèmes à Blida. C'était l'adversaire le plus coriace que nous avions affronté. Plus que l'Egypte ? Contre l'Egypte, c'est le contexte qui était difficile, mais du point de vue football, c'est la Zambie qui nous a posé le pus de problèmes. Je pense que le point fort de cette équipe est le collectif, tout comme l'Egypte, d'ailleurs. Ça joue en équipe de manière disciplinée, avec un esprit de corps entre les joueurs. Ses performances lors de la dernière CAN ne m'ont franchement pas surpris. Revenons à l'Allemagne pour parler de Anthar Yahia. Etes-vous content de son retour en Bundesliga, au sein du FC Kaiserslautern ? Oui, très content. Certes, j'aurais aimé qu'il me rejoigne à l'Eintracht Frankfurt et, il vous l'a dit lui-même, j'avais tout fait pour que son arrivée chez nous se concrétise. Pour ne rien vous cacher, il y a eu des contacts déjà l'été dernier. Or, sur ce coup, Kaiserslautern a été plus rapide et plus efficace et il a décroché l'affaire au détriment de l'Eintracht. Je lui souhaite une bonne fin de saison avec son nouveau club et, surtout, qu'il arrive à se maintenir en Bundesliga pour que je l'affronte en championnat la saison prochaine. Ne craignez-vous pas d'avoir à l'affronter en barrages, une seconde fois dans le cas où l'Eintracht terminerait troisième du championnat et le FC Kaiserslautern 16e de la Bundesliga ? Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas. J'espère que nous terminerons à la première place pour accéder sans avoir à revivre cette situation. A Frankfurt, vous êtes à présent une communauté d'internationaux algériens puisque Chadli Amri a rejoint FSV Frankfurt durant le mercato. Vous arrive-t-il de vous rencontrer, Amri, Benyamina, Bellaïd et vous ? Les quatre ensemble, pas encore, mais il nous arrive de nous voir. Nous sommes en contact. Benyamina et moi nous voyons souvent et il vient même chez moi, à la maison. Je dois voir Chadli cette semaine. Quant à Bellaïd, il est avec moi au club. Comme vous le dites, nous constituons une petite communauté et nous nous voyons entre nous. Qui sait ? Peut-être que nous allons nous rencontrer un jour tous les quatre pour discuter ensemble. Déjà, nous allons nous rencontrer le week-end prochain sur le terrain puisque nous affronterons FSV Frankfurt. Il y a de fortes chances que vous soyez trois sur le terrain : Amri, Benyamina et vous. C'est déjà pas mal, trois Algériens en même temps sur un terrain allemand… J'aurais aimé que nous soyons quatre sur le terrain. Nous verrons d'ici-là. Ce qui est sûr, c'est que, sur le terrain, je ne connais personne : nous jouerons pour gagner ! Comme en Gambie ? Oui, comme en Gambie. Je joue toujours pour gagner et c'est pour ça que je suis optimiste pour notre match à Banjul.