«Le Mondial en Afrique et un pari de la FIFA» Au lendemain de la clôture de la Coupe des Confédérations, le président de la Fédération internationale de football, Joseph Blatter, a animé hier matin une conférence de presse à la salle de conférences de l'Ellis Park Stadium de Johannesburg. Flanqué de Danny Jordan, président du comité d'organisation sud-africain de la Coupe du monde 2010, et son secrétaire-général, Jérôme Valcke, c'est avec un large sourire qu'il a fait le bilan de cette compétition qui se voulait être une répétition générale avant le grand, le vrai événement que vivra l'Afrique du Sud l'année prochaine : la Coupe du monde de football. En homme qui a défendu la candidature africaine, l'homme fort de la FIFA a été l'un des grands vainqueurs de cet événement. «Quand on vient du nord vers le sud, ce n'est pas évident» D'emblée, Joseph Blatter s'est déclaré «très satisfait et très heureux» de la manière avec laquelle la Coupe des Confédérations s'est déroulée, que ce soit au plan de l'organisation que sur le plan technique. «J'avais promis de venir en ce jour faire le bilan de cette compétition et je tiens ma promesse», a-t-il affirmé non sans esquisser un sourire, comme pour laisser entendre que le bilan est largement positif. «Je ne vais pas aller dans les détails car vous avez pu constater de vous-mêmes que tout s'est très bien passé.» Il a surtout salué les journalistes venus des autres continents, particulièrement de l'Europe, alors qu'une mauvaise publicité entourait cette compétition avant son début. «Quand vous venez du nord et que vous débarquez au sud, vous avez forcément des appréhensions et vous sentez qu'il y a des choses qui sont différentes, mais il faut avouer qu'il y a eu beaucoup de choses positives. Merci de votre intérêt pour le football et pour l'Afrique», a-t-il lancé à l'adresse des présents. «Un travail remarquable en matière de sécurité» Abordant le volet organisationnel, Blatter a adressé des bons points au sujet du point sur lequel beaucoup de gens avaient des appréhensions et l'attendaient de pied ferme : la sécurité. «En matière de sécurité, cela a été très positif. Aucun incident n'a été déploré. Le comité local d'organisation, présidé par Danny Jordan, a fait un travail remarquable dans ce domaine. Plus même : l'accueil réservé par la population aux différentes délégations et aux supporters a été formidable. Les gens étaient chaleureux et hospitaliers. Sur ce volet-là, il n'y a vraiment rien à redire», a-t-il insisté. Il est vrai qu'il n'y a eu aucun trouble tout au long des deux semaines qu'aura duré la compétition. Blatter a mis également en exergue la coordination parfaite entre les structures locales des différentes villes hôtes de la Coupe des Confédérations (Johannesburg, Rustenburg, Bloemfontein et Pretoria). «On ne va pas demander aux supporters de camper !» La seule réserve émise par le président de la FIFA concerne, comme attendu, les domaines du transport et de l'hébergement. «Le comité local d'organisation est le premier à être conscient de ce problème, sans même que je le souligne. Des milliers de supporters sont attendus pour la Coupe du monde et il faudra qu'ils trouvent les moyens de transport adéquats, que ce soit au sein d'une même ville ou d'une ville à une autre», a-t-il souligné. «De même, il faut se pencher sérieusement sur le problème de l'hébergement car les capacités hôtelières actuelles ne sont pas suffisantes. Le camping n'est pas une solution, surtout que ce sera l'hiver en Afrique du Sud», a-t-il ajouté avec le sourire. Parmi les solutions envisagées, comme rapporté dans une précédente édition dans Le Buteur, figure celle de solliciter les pays voisins pour héberger des supporters, moyennant des accords de passages frontaliers assouplis. «J'ai perçu un grand enthousiasme chez Zuma et Mandela» Autre point positif relevé par le président de la FIFA : le soutien des plus hautes autorités à l'organisation de la Coupe du monde. «J'ai rencontré le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, le vice-président, qui est chargé du suivi du dossier de la Coupe du monde, ainsi que Nelson Mandela. J'ai perçu chez eux un grand enthousiasme pour faire de ce grand rendez-vous footballistique une grande réussite.» Il a également mis en relief la disponibilité affichée par ses interlocuteurs de tenir compte de toutes les remarques et suggestions de la FIFA et de fournir tous les efforts nécessaires afin que la première phase finale de Coupe du monde organisée en Afrique soit entourée de succès. «Jouer en altitude et par temps froid est un avantage» Comme pour assurer que le succès de la Coupe des Confédérations n'était pas uniquement sur le plan organisationnel, Blatter a insisté sur le niveau d'implication des sélections ayant participé à cette compétition. «Nous avons vu du beau football tout au long du tournoi, spécialement durant la finale. Le jeu a été attractif et même haletant, ce qui a donné lieu à des matches de haute facture et des retournements de situation. Cela démontre que les joueurs ont apprécié de jouer ici, en Afrique du Sud.» Et de citer Vicente Del Bosque, le sélectionneur de l'Espagne, qui lui a dit que «c'était un plaisir de jouer dans une telle ambiance». Le patron de la FIFA explique aussi le niveau affiché par les équipes par le fait que «les stades dans lesquels se sont joués les matches se trouvent à des altitudes entre 1300 et 1800 mètres. Cela facilite la pratique du football car il y a moins d'air». Insistant sur le fait que les températures basses enregistrées n'étaient pas un frein : «On court plus vite lorsqu'il fait froid», a-t-il rappelé en riant), il a estimé que la moyenne de 2,75 buts par match réalisée dans ce tournoi est très appréciable. «Même les Brésiliens, qui ne sont pas habitués au froid, ont été efficaces et ont même remporté le tournoi. Je suis vraiment content et cela me laisse espérer une Coupe du monde très excitante l'année prochaine.» «Le Mondial en Afrique et un pari de la FIFA» Après avoir salué l'apport des milliers de volontaires qui se sont mobilisés depuis des mois pour assurer la réussite de la Coupe des Confédérations, il a réitéré que «l'organisation d'une Coupe du monde en Afrique est un pari important pour la famille de la FIFA», reconnaissant qu' «il y a eu des critiques qui avaient été émises lorsque nous avions dit oui à l'Afrique». Aujourd'hui, tout le monde reconnaît que l'Afrique du Sud peut abriter la Coupe du monde. Même des présidents de confédérations ont été agréablement surpris par la qualité de l'organisation», s'est-il réjoui, estimant que c'était la meilleure réponse à l'adresse des sceptiques. «Il y aura peut-être la puce électronique, mais pas de vidéo comme au tennis» Répondant à quelques questions de journalistes, Joseph Blatter est revenu sur la sempiternelle question de l'assistance vidéo pour les arbitres afin de juger les actions litigieuses, comme c'est le cas en tennis. «C'est vrai que nous sommes un peu conservateurs, mais il y a une grande différence entre le tennis et le football. Dans le tennis, il n'y a qu'une dimension, la dimension linéaire, alors qu'en football, il y a trois dimensions : linéaire, horizontale et verticale. Il est donc difficile de juger le déplacement du ballon. Même avec sept caméras, on ne pourra jamais attester de manière infaillible si le ballon est rentré ou pas», a-t-il expliqué, avant d'ajouter plus loin : «Et puis, le tennis est différent du football. Dans le premier, le jeu s'arrête lorsqu'il y a une action litigieuse, alors qu'en football, il ne s'arrête pas forcément.» La solution ? Elle peut venir de la technologie, mais uniquement en direct et non pas avec la vidéo. «L'International Board, en charge des lois de jeu, a accepté que la technologie soit utilisée, mais sans l'apport de la vidéo. Cela peut être à travers le système de la puce dans le ballon, pour savoir si le ballon a franchi la ligne de but ou non, ou à travers le rajout de deux autres arbitres assistants. Pour la puce électronique, de premiers essais ont été non concluant, mais une entreprise établie à Munich nous a informés qu'elle a réussi à mettre au point une puce avec un système infaillible. La réunion de l'International Board de mars prochain en Suisse statuera sur la question.» En attendant, «l'option de deux arbitres assistants supplémentaires sera testée à l'occasion de l'Europa League, la nouvelle version de la Coupe de l'UEFA, qui aura lieu la saison prochaine», a-t-il assuré. «Je ne crois pas que cette question constitue un problème. Le football doit garder un visage humain. L'erreur est humaine.» «Je donne aux organisateurs 7,5 sur 10» En conclusion de la conférence de presse, Joseph Blatter a souligné que «le football doit continuer à être un phénomène de société porté par des millions de gens.» C'est un sport avec ses qualités et ses défauts, comme la corruption ou le dopage, mais c'est avant tout une aventure humaine formidable et c'est cette dimension qui doit être conservée», a-t-il insisté. Invité à donner une note sur une échelle de 10 aux organisateurs de la Coupe des Confédérations, il a usé d'humour : «5, c'est quand on est au niveau scolaire. 6, c'est quand on est au lycée. A 7, on est universitaire, mais pas encore diplômé. Alors, je donne 7,5 sur 10 à l'organisation sud-africaine. Le demi-point qui manque pour un 8, qui veut dire l'obtention du master, je le donnerai le 4 décembre, lorsque je constaterai que l'organisation de la cérémonie du tirage au sort de la phase finale s'est déroulée dans de bonnes conditions.» F. A-S.