«Ma performance face à Marseille n'est pas mon match référence, j'ai déjà rendu des copies plus intéressantes» Désigné homme du match gagné par son équipe face à Marseille, le défenseur central algérien de l'AC Ajaccio, Carl Medjani, ne s'enflamme pas pour autant. Humble et très réaliste, Carl préfère parler de la performance de son équipe et de l'objectif du club qui se bat pour sa survie en Ligue 1. Medjani aborde aussi les prochaines échéances qui attendent les Verts le mois de juin prochain contre respectivement le Rwanda, le Mali et la Gambie. D'abord une belle performance contre Marseille, comment analysez-vous ce succès ? C'était une dure bataille contre une équipe de Marseille qui n'est plus à présenter. On était dans l'obligation de réagir après la défaite concédée à Paris. C'est la victoire du maintien, on va dire… J'espère que ce match va nous servir pour prendre conscience et plus de confiance afin d'engranger un maximum de points avant la fin de la saison. C'est vrai que c'est une belle performance de battre l'OM, mais on n'est pas encore assuré du maintien. Je pense qu'il nous faudra encore quatre ou cinq victoires sur les 11 matchs qui arrivent pour pouvoir nous mettre à l'abri. Quel est le secret de ce retour au premier plan d'Ajaccio ? On a pris conscience de nos capacités. On s'est beaucoup parlé, on s'est dit voilà, on mérite bien d'être en ligue 1 et qu'il fallait se battre pour sortir de cette mauvaise position au classement. Sur le terrain, on ne lâche rien. On a montré qu'on pouvait embêter certaines équipes. Au fil des matchs gagnés, on a augmenté notre capital confiance et cela a été déterminant. Le groupe travaille dans la bonne humeur. Sur le plan personnel, le journal l'Equipe vous a désigné comme meilleur joueur du match contre Marseille, peut-on parler de match référence pour vous ? Non, je ne pense pas que ça soit mon match référence parce que je crois que j'ai déjà rendu des copies assez intéressantes, cette saison. Après, je ne m'attarde pas trop sur ma performance individuelle parce que pour moi cette victoire remportée contre Marseille est l'œuvre de tout le groupe. Maintenant, c'est vrai que ça fait plaisir d'être désigné meilleur ajaccien de ce match mais l'essentiel est que l'équipe gagne et arrive à assurer son maintien le plus rapidement possible. Malgré le fait que vous n'ayez pas pris part à ce match, pouvez-vous nous dire comment avez-vous vécu ce succès ramené de Banjul ? Sincèrement, c'était très agréable pour tout le groupe. Je ne vous cache pas qu'on attendait tous avec impatience ce premier rendez-vous capital pour l'EN. Après l'échec de l'élimination de la CAN 2012, c'est toute l'équipe qui avait envie de démarrer ces éliminatoires CAN 2013 par un succès. Je pense que malgré le fait qu'on n'ait pas eu de préparation d'avant-match, je dirai que les performances réalisées contre la Tanzanie, la RCA et la Tunisie nous ont été bénéfiques sur le double plan technique et mental. Elles nous ont servi de préparation. Donc cette dynamique de succès enclenchée sous l'ère Halilhodzic aura été déterminante… C'est normal, il ne faut pas se mentir, maintenant, l'équipe ne joue plus pour éviter de perdre. Cette victoire à l'extérieur va nous libérer mais il ne faut pas se dire qu'on est arrivé, le plus dur reste à venir. Dites nous, Carl, qu'est ce qui a changé justement ? On a vu une équipe d'Algérie très offensive contre la Gambie… C'est clair, la touche du coach est évidente. Il a changé plusieurs choses dans le système de jeu de l'équipe. Il a apporté plus de solutions tactiques. Comme je l'ai dit, c'est la patte de chaque entraîneur. Chacun a ses idées et sa vision des choses. Aujourd'hui, le message du coach est saisi cinq sur cinq et on arrive facilement à matérialiser cela sur le terrain avec les résultats qu'on connaît. Cette victoire vous permet aussi de bien préparer le Rwanda, le Mali et la Gambie… Absolument, c'est de bon augure pour la suite. Tout le monde adhère au projet du sélectionneur sur et en dehors du terrain. On a trois matchs capitaux pour la suite de l'aventure de l'EN et on a hâte de confirmer notre bon retour au premier plan. Ces duels vont se jouer à des dates rapprochées, comment allez-vous préparer ces matchs ? Je crois que chacun de nous est conscient de l'importance de bien gérer sa fin de saison pour aborder ces trois matchs dans les meilleures conditions. Donc voilà, chaque joueur doit avoir un maximum de temps de jeu dans son club, on doit bien faire attention à notre état physique parce que comme vous le savez, on sera quand même à la fin d'une saison harassante pour tout le monde. Maintenant, la meilleure façon de préparer ces trois rendez-vous sera de sortir victorieux contre le Rwanda pour gagner en confiance avant le déplacement au Mali et bien sûr aborder ce match retour de la Gambie avec énormément de motivation pour confirmer le résultat du match aller. Et pour y parvenir, on a suffisamment confiance au staff technique pour nous mettre dans les meilleures conditions. Ce duel face au Rwanda sera-t-il déterminant pour le Mondial 2014 ? C'est une nouvelle aventure et un nouvel objectif que nous nous sommes fixé, à savoir se qualifier à la Coupe du Monde 2014. Pour bien entamer cette aventure, il faudra débuter par une victoire contre le Rwanda, le mois de juin prochain inch'Allah. On a aussi envie de préserver cette extraordinaire dynamique engendrée par notre victoire en Gambie en signant un autre succès de suite à la maison. On a des échéances importantes à assumer et le plus important est que tout le monde ait envie de relever ce défi. Vous n'avez pas assisté aux éliminatoires CAN-CM 2010 avec l'EN, ne ressentez-vous pas une dette envers vous-même lors des prochaines qualifications ? Je ne ressens pas une dette particulière ou quelque chose de ce genre, je suis simplement impatient de participer aux matchs de qualification. J'espère vraiment de tout cœur pouvoir vivre l'aventure que mes coéquipiers en sélection ont vécue lors des qualifications à la Coupe du Monde 2010. J'ai suivi cela de l'extérieur, comme un supporteur quoi ! C'était franchement très émouvant. Je sais que beaucoup d'Algériens ne sont pas près d'oublier ce parcours des Verts. Maintenant, si je pourrai vivre ces moments de joie en tant que joueur, je serai l'homme le plus heureux du monde. Il y a de la concurrence dans l'axe de la défense avec Bougherra, Yahia, vous-même et Bouzid qui s'est retrouvé écarté de l'équipe type alors qu'il avait aligné une série de titularisations en sélection, les places sont-elles chères ? C'est vrai, en ce moment, on est quatre joueurs axiaux à briguer deux places en sélection, les choses se mettent en place petit à petit, mais comme je l'ai toujours dit, l'équipe nationale ce n'est pas comme dans un club. En sélection, seul l'intérêt de celle-ci prime. Maintenant, que ce soit Anthar, Bougy (ndlr : Bougherra), Bouzid ou moi qui joue, l'important est que l'équipe gagne. C'est pour vous dire que je serai très content que l'Equipe nationale atteigne ses objectifs, même en étant, entre guillemet, remplaçant, que le contraire se produise. Vous n'allez pas vous contenter d'une place sur le banc… Bien sûr, comme tout compétiteur, je ferai le maximum pour gagner une place de titulaire en sélection, mais je sais que je dois me montrer encore plus performant pour pouvoir postuler à une place. Footbalistiquement parlant, je ne crois pas qu'il y ait grand-chose qui nous sépare tous les quatre. Je dirai plus on sera tous performants, plus la concurrence sera encore rude et tout cela sera certainement bénéfique pour l'EN et pour le coach. Parce que cela va lui permettre de s'appuyer sur une charnière centrale de qualité. Je précise que malgré la rivalité très saine qui existe entre nous, on est comme des frères, on s'encourage, on s'entraide et c'est le plus important. Après avoir été plusieurs fois utilisé comme sentinelle au milieu du terrain, vous évoluez régulièrement dans l'axe depuis un bon bout de temps, cela vous sera-t-il plus favorable par rapport aux précédents matchs ? D'abord, je dois dire que j'ai cette chance de pouvoir évoluer assez à l'aise au milieu du terrain et en défense centrale. Cela je le prends comme un atout plutôt qu'autre chose parce que je peux rendre service à mes coachs. Maintenant, c'est vrai que depuis quelques matchs, je suis bien installé dans l'axe de la défense qui est, pour vous rappeler, mon poste de formation. Donc, aujourd'hui, je prends du plaisir à assumer ce poste là. Après, en équipe nationale, là où le coach me désignera, je répondrai présent. Même s'il me demandera de garder les buts, je le ferai sans problème, je suis à son entière disposition. J'ai toujours été un joueur de devoir et ce sera un honneur pour moi de rendre service à mon pays. En France, on dit que Medjani a rebondi à Ajaccio et qu'il est capable de passer un palier en optant pour un club d'une autre dimension, un commentaire ? Franchement, je ne pense pas trop à ça. Je suis concentré à fond à sauver Ajaccio. Après, je sais pertinemment que s'il y a de belles performances individuelles au bout, il y aura certainement de belles choses en fin de saison. Sincèrement, je ne me fais pas de soucis par rapport à ça. Le plus important maintenant, c'est de continuer sur ce chemin là. Chaque match, c'est une remise en question, il ne faut jamais se satisfaire et dire qu'on est arrivé. Vous connaissez les joueurs maliens qui évoluent en France, parlez nous un peu de cette équipe malienne qu'on présente comme un adversaire direct pour la qualification… Oui je connais beaucoup de joueurs maliens, d'ailleurs, cette semaine, j'ai affronté un international malien qui joue à Marseille, il s'agit de Jimmy Traoré. La semaine prochaine, je vais avoir comme adversaire direct Cheikh Diabaté qui joue à Bordeaux. Diabaté est un ex- équipier puisqu'il a déjà joué à Ajaccio. Maintenant, tout le monde connaît la valeur de cette équipe malienne, on sait très bien que c'est un groupe solide avec de grands joueurs et un grand capitane qui s'appelle Seydou Keita. Mais bon, le prochain match, c'est le Rwanda, il faudra rester concentré sur cette prochaine échéance qui reste notre premier objectif. Il faudra prendre les matchs les uns après les autres et ne pas brûler les étapes. Pour terminer, on parle du probable report de la Gambie, un mot ? J'ai lu comme tout le monde la presse mais, sincèrement, je ne prête pas attention à ce qui se dit. On verra bien ce qui va se passer dans les semaines à venir.