L'Egypte a vu son match face à la République centrafricaine reporté au 30 juin La grave crise politique qu'est en train de vivre le Mali, où le Président Amadou Toumani Touré a été déposé par des putschistes qui ont ensuite fermé les frontières aériennes et terrestres du pays risque, à moyen terme, d'avoir des répercussions sur le plan sportif. L'Algérie et le Mali se trouvent dans la même poule des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014 et il est clair que le match prévu entre les sélections des deux pays le 8, 9 ou 10 juin à Bamako est sérieusement remis en question. Même quand un pays est pacifié, la FIFA impose des règles de sécurité strictes Comme la Coupe du monde est une compétition organisée par la FIFA, cette dernière est connue pour ne pas transiger avec la sécurité des participants. Déjà, même dans les pays pacifiés, l'instance internationale du football impose des règles strictes en matière de sécurité dans les stades qui abritent les matchs (compartimentation des tribunes, séparation des supporters des deux équipes, blocage de l'accès des supporters vers le terrain, sécurisation des officiels, cloisonnement des vestiaires, interdiction de la main courante aux intrus…). Alors, que dire d'un pays où il y a eu un coup d'Etat miliaire et où des rebelles organisés menacent le pouvoir central ? L'Irak, l'exemple type des «domiciliations» à l'extérieur Il y a eu plusieurs exemples de matchs qui ont été délocalisés pour des raisons sécuritaires. L'exemple le plus édifiant est celui de l'Irak qui, en raison des différents troubles politiques vécus ces trente dernières années, a été appelé souvent à «accueillir» ses adversaires dans d'autres pays. Cela était le cas durant la guerre contre l'Iran dans les années 80, ce qui n'avait pas pour autant pénalisé les Irakiens qui s'étaient qualifiés pour la Coupe du monde 1986. Pour les qualifications pour le Mondial-2002, l'Arabie Saoudite, qui se trouvait dans la même poule que l'Irak, avait refusé de jouer à Baghdad, contrairement à l'Iran, au Bahreïn et à la Thaïlande qui y avaient joué, ce qui avait amené la FIFA à programmer Irak-Arabie Saoudite le 5 octobre 2001 à Amman, capitale de la Jordanie (les Saoudiens l'avaient emporté 1-2). De 2003 à 2009, à cause de la deuxième guerre du Golfe qui avait amené à la chute de Saddam Hussein et des troubles qui s'en sont suivis, l'Irak a été une nouvelle fois interdite de recevoir sur son territoire, ce qui l'avait amené à accueillir ses adversaires dans différents pays (Jordanie, Syrie, Qatar et Emirats arabes unis). La Libye et la Côte d'Ivoire se sont qualifiées à la CAN-2012 à l'extérieur Plus récemment encore, deux sélections africaines ont dû batailler hors de leurs territoires lors des qualifications pour la Coupe d'Afrique des nations qui s'est déroulée en début d'année au Gabon et en Guinée équatoriale : la Libye et la Côte d'Ivoire. En effet, du fait de la révolution qui avait cours dans le pays, la sélection libyenne a reçu deux fois à l'extérieur, une première fois à Bamako (Mali) et une autre au Caire (Egypte) et il aura fallu attendre le 11 septembre de l'année passée pour la voir recevoir le Zimbabwe à Tripoli, une fois la guerre terminée. De même, du fait de la guerre civile qui sévissait en Côte d'Ivoire entre les «Sudistes» de Laurent Gbabgo et les «Nordistes» de Alassane Ouattara (chacun des deux camps revendiquant la victoire à l'élection présidentielle), les Ivoiriens ont dû jouer «à domicile» au Togo. Cependant, ces circonstances n'ont pas handicapé les deux sélections qui ont réussi à se qualifier à la CAN-2012. L'Egypte a vu son match face à la République centrafricaine reporté au 30 juin Dernier exemple de perturbation de match pour raisons sécuritaires : la sélection d'Egypte n'a pas joué, le 29 février, son match contre la République centrafricaine en éliminatoires pour la CAN-2011. Après le drame qu'a connu le stade de Port-Saïd, où plusieurs dizaines de supporters d'Al Ahly avaient été tués à l'issue d'un match du championnat, toutes les compétitions ont été suspendues et les autorités égyptiennes avaient demandé et obtenu de la CAF, avec l'accord de la Fédération centrafricaine de football, de reporter le match République centrafricaine-Egypte au 30 juin prochain, soit deux semaines après le déroulement du match aller entre les deux équipes. Il faut dire que les Egyptiens ont obtenu une vraie faveur, peut-être grâce au fait que le siège de la CAF se trouve en Egypte. L'Algérie n'acceptera pas de reporter son match face au Mali pour le 15 août ou le 14 novembre Dans le cas où les troubles au Mali persisteraient d'ici au début du mois de juin, la FIFA accepterait-elle que le match Mali-Algérie soit reporté ? C'est très peu probable, dans la mesure où les dates FIFA pour les matches officiels - et même pour les matchs amicales - ne sont pas nombreuses. Pour l'année 2012, ce sera impossible de «caler» une date en octobre et en novembre, car des matchs des éliminatoires y sont déjà programmés. Pour les dates des rencontres amicales, il y a le 15 août et le 14 novembre. Pour le 15 août, l'Algérie n'acceptera jamais car, non seulement il règnera une chaleur suffocante en cette période au Mali, mais les joueurs auront tout juste repris avec leurs clubs et ne seront, donc, pas dans leurs meilleures dispositions physiques. Quant au 14 novembre, on voit mal l'Algérie accepter de dilapider une opportunité de tester des joueurs ou un plan de jeu juste pour jouer au Mali, de surcroît en milieu de semaine, entre deux week-ends de compétitions, comme cela avait été le cas face à la Gambie. En cas de délocalisation, le Mali pourrait choisir le Niger, la Mauritanie ou même… l'Egypte Reste donc la solution «classique» dans pareils cas : délocaliser le match dans un autre pays. Si la FIFA le décidait, ce serait aux Maliens de choisir le pays dans lequel ils accueilleront la sélection algérienne. Ils n'hésiteraient certainement pas à choisir un pays où ils seraient à leur avantage par rapport aux Algériens, genre Niger, Mauritanie ou même… Egypte. Sait-on jamais ? En tout cas, le «feuilleton» risque d'accaparer l'attention des Algériens pour plusieurs semaines encore. C'est encore trop tôt pour préoccuper Vahid Halilhodzic, mais c'est quand même une donnée à prendre en compte dans la préparation de la «trilogie de juin».