«On ne justifie pas les échecs par les événements de Saïda» Offensé par les déclarations de l'actionnaire majoritaire de l'USMA, Ali Haddad, qu'il a tenues dernièrement lors d'une conférence de presse, le président du CSA/USMA, Saïd Allik, a invité la presse, hier à la maison de la presse Tahar-Djaout, où il a répondu au P-DG de l'ETRHB. Préparant un document de cinq pages, intitulé «Réponse du président du CSA/USM Alger au président de la SSPA/USM Alger», des copies ont été distribuées aux nombreux journalistes présents. Saïd Allik a prononcé un discours où il a tenu à rétablir la vérité et apporter des éclaircissements sur certains propos tenus par Haddad. «Revoir les statuts de l'USMA est un combat que je mène depuis 2010» Après avoir remercié les journalistes d'avoir répondu à son invitation, Saïd Allik est entré directement dans le vif du sujet. «Si j'ai décidé de m'adresser, aujourd'hui, à la presse, c'est uniquement pour apporter la vérité et rien que la vérité. Je n'ai rien à cacher. Revoir les statuts de la SSPA/USMA est un combat que je mène depuis octobre 2010. Cela ne date pas d'aujourd'hui. C'est un problème qu'on a soulevé depuis un moment et qu'on voulait régler à l'amiable. On n'a pas choisi les circonstances», dira-t-il d'emblée. «Je reconnais avoir commis une erreur lors de la transaction» L'ex-premier responsable de l'USMA reconnaît, dans son intervention, qu'il a commis une erreur lors de la conclusion de la transaction de la vente de la majorité des actions du club à Ali Haddad. «Je ne suis pas très au fait de la chose commerciale, mais j'ai été entouré par des gens spécialisés dans ce domaine. Malgré cela, quelque chose nous a échappé lors de la transaction. Je n'ai pas tout lu avant d'apposer ma signature sur le contrat, parce que je faisais confiance à ces personnes. C'est par la suite qu'on a attiré mon attention sur cette erreur d'évaluation des biens matériel et immatériel du club. La notaire aurait dû attirer mon attention bien avant la signature, chose qu'elle n'a pas faite», explique Allik. «Haddad voulait nous garder, Mechia et moi» Saïd Allik a révélé, par ailleurs, qu'Ali Haddad tenait à les avoir à ses côtés, lui et Mechia, pour l'aider à gérer le club après l'acquisition de la majorité des actions. «L'ETRHB aidait l'USMA bien avant l'avènement du professionnalisme, lors de la saison 2008-2009 sous forme de sponsoring. Du moment qu'on obligeait tous les clubs à passer au professionnalisme, on a discuté avec son P-DG et on s'est mis d'accord sur tout. Haddad a posé deux conditions : il a dit qu'il veut être actionnaire majoritaire mais je ne peux pas gérer le club sans Allik et Mechia. » «C'est l'AG qui a voté la vente des actions du club et non pas Allik seul» Le président du CSA/USMA révèle qu'il n'a pas pris seul la décision de vendre la majorité des actions du club au groupe ETRHB Haddad, mais c'est l'assemblée générale qui a voté le projet. «Lorsqu'on a entamé les négociations avec Haddad, j'ai convoqué l'assemblée générale qui a voté le projet de vente de la majorité des actions pour le groupe ETRHB. On a cru que l'avenir du club est d'aller vers le professionnalisme. C'est par bonne volonté qu'on a procédé à une telle transaction». «Mouldi Aïssaoui était le seul qui a voté contre» Si tous les membres de l'assemblée générale ont été pour la vente de la majorité des actions pour Haddad, ce n'était pas le cas de Mouldi Aïssaoui. «Sur les 46 présents à l'assemblée générale, seul Mouldi Aïssaoui a voté contre. Mais il ne pouvait rien faire lui seul, sa voix ne représentait rien devant la majorité», a précisé Allik. «Haddad a acheté 67 % des actions» «On a été de bonne foi avec Haddad. On lui a cédé 67 % des actions avec l'accord de l'AG. En l'espace de vingt jours, on a tout ficelé alors que trois dates ont été fixées par la LNF pour les autres clubs. Pour le reste des actions, on a réussi à vendre 22 à 23 millions de dinars d'actions pour les membres du CSA et les autres, alors qu'on été en période de vacances qui a coïncidé avec le mois de Ramadhan». «En acceptant de conclure la transaction, je savais que j'allais perdre le poste de président» «En acceptant de vendre la majorité des actions pour un entrepreneur, j'ai été conscient que j'allais perdre le poste de président. C'est une chose logique. Mais nous savions que l'avenir du club était d'aller vers le professionnalisme. Et j'ai accepté de céder le poste de président pour l'intérêt de l'USMA. C'est une fois la transaction achevée que j'ai commencé à recevoir des e mails et des appels des amoureux du club pour m'informer que quelque chose ne va pas dans la transcription des statuts du club». «Une action en justice a été introduite» Lors de la conférence de presse qu'il a animée dernièrement, Ali Haddad a déclaré que si Allik n'est pas content, il n'a qu'aller en justice pour être rétabli dans ses droits. Allik dira à ce sujet : «J'ai soulevé la faille et je voulais qu'on règle ce différend à l'amiable, sans faire de bruit. Haddad a dit non, et il me demande d'aller en justice. Qu'il sache, alors, qu'une action en justice est déjà intentée. Bien qu'on connaisse les rouages de la justice où un «pauvre» ne pèse rien devant un milliardaire, nous avons confiance en la justice de notre pays qui va trancher cette affaire». «Je ne veux pas être désigné comme étant la personne qui a bradé l'USMA» Saïd Allik ne veut surtout pas qu'on lui impute la responsabilité d'avoir vendu le club à un prix inférieur à sa valeur. «C'est moi qui ai initié le processus du passage de l'USMA au professionnalisme, je suis donc responsable devant l'histoire. Je ne veux pas que demain on dise à mon fils et à mes petits fils que c'est ton père ou ton grand-père qui a bradé l'USMA. Je ne veut pas être désigné comme étant la personne qui a bradé l'USMA. C'est pour cette raison que je mène ce combat pour rétablir l'USMA dans ses droits. On a voulu rectifier le tir sans faire de bruit. Malheureusement, on n'a pas trouvé une oreille attentive à notre message. On dit basta. On n'avait d'autres moyens que d'intenter une action en justice». «Jamais je n'accepterai d'être un salarié de Haddad» Après avoir conclu la transaction de vente des actions, Saïd Allik a été désigné directeur général du club. L'ancien président usmiste n'a pas accepté de devenir un salarié du club, après avoir été premier responsable pendant des années. «Le conseil d'administration m'a nommé directeur général du club. J'ai remercié ses membres pour leur confiance, mais j'ai refusé ce poste. Je sentais qu'il n'y avait plus de confiance entre nous. Je ne pouvais travailler dans pareilles circonstances. Je sentais qu'il n'y avait pas une réelle volonté de sa part (Haddad) pour construire quelque chose avec Allik. Alors je lui dirai, je ne serai jamais ton salarié. Je pouvais aider le club pour une période d'un ou deux ans sans percevoir aucun salaire, après 25 ans de service. Je pouvais accepter le poste et percevoir par exemple un salaire de 200 millions, mais je ne suis pas motivé par l'argent uniquement.» «Le CSA/USMA a été lésé dans ses apports» «Après avoir constaté cette faille, on a reconvoqué l'assemblée générale du CSA, et on a décidé de ne pas se laisser faire. On a entrepris d'aller vers une autre expertise pour réévaluer la valeur de l'USMA. Cette expertise a confirmé que le CSA/USMA a été lésé dans ses apports au niveau de la SSPA. Comme tout le monde le sait, il y a des bien matériels et immatériels. Les biens immatériels sont l'histoire, le palmarès, le sigle du club, c'est ce qui coûte le plus cher.» «Au lieu d'incorporer comme apport du CSA/USM Alger la somme de 707 millions DA, la notaire désignée par Haddad a transcrit la somme de 98 millions DA» «En toute confiance encore une fois, j'ai accepté que la notaire choisie par Haddad prenne en charge l'établissement des actes relatifs à son entrée au capital de l'USMA. Toujours de bonne foi, j'ai signé des actes qui m'ont été présentés, et ce n'est que plus tard que j'ai découvert la supercherie. La notaire en connivence avec Haddad a délibérément ignoré le rapport du commissaire aux apports désigné par le tribunal, au lieu d'incorporer comme apport du CSA/USM Alger la somme de 707 millions de dinars, rapport dûment établi par l'expert, la notaire a transcrit la somme de 98 millions de dinars, c'est-à-dire uniquement le prix du siège du club. La notaire aurait dû attirer mon attention sur l'anomalie qui existait entre l'évaluation du commissaire aux apports et celle restrictive figurant dans les statuts. Aujourd'hui je parle de la notaire, demain je divulguerai même son nom». «La FAF a communiqué une circulaire bidon juste pour faire plaisir à un ami» «Avant la création de la SSPA, le CSA/USMA a fait une avance de 34 millions de dinars, le CSA n'a pas été remboursé jusqu'au jour d'aujourd'hui. Pour le problème des dettes du club, Haddad a accepté de les apurer au fur et à mesure. En mai 2010, il a fait un premier chèque de 40 millions de dinars, en juin il a donné un autre de 50 millions de dinars. C'est une avance pour payer les dettes. Une circulaire de la FAF datée de septembre 2010 a tout remis en cause. On a décidé que les dettes ne peuvent pas être imputées à la société créée. C'est une décision lourde de conséquence. C'est pour faire plaisir à un ami que la FAF a communiqué cette circulaire. Mais de quoi se mêle la FAF dans une transaction entre un club et un preneur, si les deux parties sont d'accord. J'ai saisi la FAF à ce sujet, et je lui ai expliqué qu'elle faisait fausse route.» «On a programmé la mort silencieuse des autres disciplines» «Durant l'ère de la Sonelgaz, qui était partenaire de l'USMA depuis 1977, on avait 1 200 athlètes hors du football, et 1 500 si on inclut le foot. L'USMA fourni 80 % des athlètes des équipes nationale de différentes disciplines, comme le basket-ball, la natation et le judo. Aujourd'hui, si ces disciplines fonctionnent encore, c'est grâce à Sonelgaz et Djezzy qui nous ont laissé des miettes. J'ai discuté avec le MJS, et je lui ai dit qu'on est en train de programmer la mort silencieuse de ces disciplines, notamment le sport féminin. C'est honteux de la part de ces responsables qui le font peut-être inconsciemment.» «L'intrus à l'USMA, c'est Haddad pas moi» «Pour répondre aux dernières déclarations de Haddad, moi je ne vais pas baisser mon niveau. Mais lorsqu'il dit que Allik doit s'éloigner de l'USMA, moi je lui répondrai que l'intrus c'est lui et pas moi. Qui est nouveau à l'USMA, lui ou moi ? Allez demander à n'importe quel supporter il vous répondra. La valeur matériellle du club est nulle. C'est l'histoire et l'image véhiculée par le club. L'USMA a une double histoire, une histoire révolutionnaire et une autre sportive. L'USMA compte plusieurs chouhada parmi ses dirigeants». «Comparer les événement de Saïda à ce qui se passe dans les territoires occupés est une insulte au peuple palestinien» «Personnellement j'ai tout donné à l'USMA. J'ai perdu un fils que je n'ai pas vu grandir, mais je ne regrette rien. L'image de l'USMA est ternie aujourd'hui. Comment peut-on comparer les événements de Saïda à ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés. C'est de l'immaturité politique. C'est une grave insulte au peuple palestinien. Personnellement, j'ai décidé d'arrêter un match de demi-finale de la Coupe d'Algérie à Skikda alors qu'on menait 1 à 0 pour manque de sécurité. Les hautes autorités sont intervenues et m'ont demandé de rejouer le match, qu'on a gagné sur le terrain et au niveau de la commission de discipline. Comme je suis quelqu'un qui aime son pays, car la famille Allik est une famille révolutionnaire, j'ai accepté de le rejouer. Feu Kezzal a été contre cette idée, mais j'ai décidé de prendre cette responsabilité. Il n'était pas question d'aller en finale alors qu'on n'a joué qu'une mi-temps. L'image de l'USMA a été glorifiée et le président de la République en personne est venu nous féliciter lors de la finale pour cette décision». «On ne justifie pas les échecs par les événements de Saïda» «Franchement, je suis contre un entraîneur qui vient me dire que si on a perdu le titre c'est à cause des événements de Saïda. La saison d'avant, lors du premier match de coupe à Saïda, on avait accusé Allik de manipuler les supporters. Décidément, le sort de l'USMA est lié à Saïda. Quant il s'agit de défendre l'image du club, je n'hésite pas, à chaque fois, de monter au créneau. Il faut que tout le monde sache que le CSA a un droit de regard sur l'équipe et sur la SSPA. Le CSA est actionnaire et moi-même je suis actionnaire. Maintenant Haddad vient me dire de m'éloigner de l'USMA, l'intrus c'est lui et pas moi». «Haddad a tenu un langage de café» «L'USMA est devenue une filiale de son groupe (Haddad) et il fait ce qu'il veut avec. Haddad a tenu un langage de café, moi je ne rentre pas dans ce genre de débat. Mais c'est indigne de la part d'un homme d'affaires coté sur le plan économique. C'est indigne de comparer le peuple palestinien qui lutte pour recouvrir son indépendane à un match de football». «Il voulait me faire sortir par la petite porte» «Comme je l'ai dit, je n'accepterai pas d'être un salarié de Haddad. Le poste qu'il m'a proposé est une supercherie. Si je l'avais accepté, j'en suis convaincu, il m'aurait licencié un ou deux mois après, juste pour me faire sortir par la petite porte. J'ai refusé et l'histoire est là pour juger. Durant l'ère Allik, l'USMA a retrouvé ses marques et les dirigeants qui m'ont devancé ont fait un grand travail. Ils cherchent à me salir alors que c'est eux qui sont sales » «Comparer l'USMA à un appartement est une insulte à nos martyrs » «Haddad a osé comparer l'USMA à un appartement qu'il a acheté. C'est une insulte lourde est grave aux martyrs et à tous les amoureux du club. Non ! je n'ai pas vendu un appartement, car nous, assemblée générale de l'USMA, avons cédé en toute bonne foi et en toute confiance une partie de nous-mêmes». «Son investissement est improductif» «Le CSA a acheté un matériel médical pour lancer le centre médical à côté du stade qu'elle a cédé pour la SSPA et on n'a reçu aucun centime à ce jour. Pis encore, cette facture a été comptabilisée dans les bilans de la SSPA. Payer un joueur pour un montant de 5 milliards est un investissement improductif. Il a refait le goudron du parking qu'il a facturé par la suite au CSA. La 2e tribune qu'il fait croire aux gens qu'il est derrière sa réfection a été réalisée avec un budget de la wilaya d'Alger». «On est en train de réglementer la fraude en Algérie» «Le professionnalisme tel qu'il est voulu par les institutions de notre pays ne réussit pas. Si on enlève les moyens de l'Etat aux clubs, ce serait catastrophique. Je me demande comment un investisseur peut mettre 30 à 40 milliards chaque saison, sans contrepartie. Au bout de cinq ans, il aura déboursé plus de 500 milliards, d'ou vient tout cet argent ? On est en train de réglementer la fraude. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Grâce à l'USMA, les autres clubs ne veulent pas s'engager tête baissée. On est dans le faux. Comment veut-on obliger 32 équipes à passer au professionnalisme du jour au lendemain ? Il y a des clubs qui ont un capital de 1 million de dinars alors que le fonctionnement d'une équipe qui joue le maintien est de 10 milliards de centimes. J'approuve l'intransigeance des présidents qui ne veulent pas marcher dans le coup».