Des Algériens binationaux sont venus supporter la France Les «Algériens de l'Euro», ceux qui sont présents en Pologne et en Ukraine pour la couverture de l'Euro-2012, ont été conviés, mercredi passé, à un dîner offert par l'ambassadeur d'Algérie à Varsovie, Abdelkader Khemri, en sa résidence dans la capitale polonaise. Le choix de mercredi était réfléchi puisqu'il s'agissait du premier jour de repos dans les matches au programme depuis le début du tournoi, ce qui aurait dû permettre à toutes les personnes invitées d'être présentes. Malheureusement, des impératifs professionnels ont fait qu'il y a eu des absents. Khalef a été retenu par une émission en direct, d'autres étaient en dehors de Varsovie Ainsi, Mahieddine Khalef, consultant à Al Jazeera Sport, a été retenu par une émission qui est passée en direct à 21h locale et portait sur l'analyse du premier tour de l'Euro-2012. De même, Mohamed Assoul, qui avait été l'un des coordinateurs de la préparation de la réception, avait été envoyé à Wroclaw pour un reportage. Adel Haddad, l'un des deux envoyés spéciaux du Buteur et d'El Heddaf, était retenu en Ukraine pour les besoins de la couverture de l'événement dans ce pays, de même que plusieurs reporters et journalistes algériens exerçant à Al Jazeera Sport (Mohamed Ouadah, Abdelkader Saïdani, Djamel Djabali, Mohamed Laraba, Leïla Smati, Nabil Benali et Mohamed Nedjari) qui étaient dispatchés sur différents sites en Pologne et en Ukraine. Comme quoi, même quand il n'y a pas de matches, il y a quand même du travail à faire. Derradji, Berriche, Benchikha, Ania et Fatiha ont répondu à l'invitation De ce fait, sur la quinzaine d'Algériens auxquels une invitation a été adressée, la moitié d'entre eux seulement ont pu y répondre favorablement. Ainsi, Hafid Derradji, Lakhdar Berriche, Abdelhak Benchikha, qui exerce en tant que consultant à Al Jazeera Sport, Fatiha Rekkam, productrice d'émission dans la même chaîne et Ania, présentatrice de la matinale, étaient présents, sans oublier le plus ancien Algérien vivant à Varsovie, Youcef Naïmi, connu du monde du football en Algérie pour avoir aidé à l'organisation de stages de préparation d'intersaison pour des clubs algériens. Parmi le personnel de l'ambassade étaient présents le conseiller Cherif Khali ainsi que Ghalia Benziouche et Djaouida Brahami. Comme à l'ambassade ça travaille également comme pour les journalistes, le consul général, Hakim Mezzani, manquait à l'appel, car étant en mission sur le terrain. Benchikha a senti le h'miss, Derradji a confisqué les olives Le mot le plus approprié pour qualifier ce dîner très convivial est : familial. Sincèrement, tout le monde s'est senti comme chez lui, tellement Abdelkader Khemri a mis tous ses invités à l'aise. D'ailleurs, il n'hésitait pas à faire le service. Sevrés de cuisine algérienne depuis deux semaines au moins, les invités ont retrouvé, avec un plaisir non dissimulé, des plats bien de chez nous. Benchikha, qui a du flair dans l'exercice de son métier, en a eu même pour sentir, dès son entrée dans le salon, l'odeur particulière du h'miss, notre salade de poivrons locale. Derradji, quant à lui, a carrément confisqué l'assiette d'olives, exigeant en rigolant 2 zloty l'unité à qui en voulait, tellement elles étaient délicieuses. «Elles viennent tout droit d'Oran», a assuré Khemri qui a d'ailleurs annoncé la couleur d'emblée en affirmant : «Je me suis dit que vous vouliez sûrement manger les plats de chez nous.» Il ne croyait pas si bien penser. «Buuuuuuuuuuuut !» Enfin de la viande halal ! Si la chorba était succulente, que dire alors du couscous ! A sa vue, il y a eu presque un cri de joie. Benchikha a failli sauter de son banc alors que Derradji et Berriche exultaient comme s'ils allaient crier «Buuuuuuuuuuuuuuut !» Fatiha et Ania n'étaient pas en reste, elles qui ressentent des démangeaisons aux mains depuis deux semaines qu'elles ne peuvent plus préparer des plats de chez nous. Et puis, que c'était émouvant de retrouver le goût de la viande ! Ce n'est pas facile, pour les carnivores que nous sommes, d'en être sevrés depuis si longtemps et de se mettre au poisson — congelé pour la plupart — ou au mode végétarien. Grâce à Boudjemaâ, un boucher algérien exerçant dans le quartier, on pouvait mordre «halalement» à pleines dents dans de la viande de mouton. Ne parlons pas des dattes et des gâteaux orientaux bien de chez nous, ramenés d'Algérie et que l'ambassadeur a tenu à nous faire partager. Berriche a narré des anecdotes sur Zidane C'est que ce n'était pas du tout le genre de dîners protocolaires où les convives sont figés, voire crispés, et où chaque sourire est commercial et chaque geste calculé. Autour de la table, ça discutait à bâtons rompus de tout et de rien. Il était question de l'Euro, de la Pologne, de l'Algérie... Berriche a narré des anecdotes sur les interviews qu'il a effectuées avec des stars et des légendes du football international, notamment celle avec Zinédine Zidane dont il retient une phrase marquante : «Je suis fier des parents que j'ai.» Benchikha délivrait ses analyses sur l'Euro et ses pronostics pour le vainqueur final alors que Derradji racontait des souvenirs de voyages. L'ambiance était tellement fraternelle que même Fatiha, Ania, Ghalia et Djaouida, pourtant timides de nature, ont disserté sur tout comme si elles étaient en famille. Khemri le plus heureux de tous Paradoxalement, le plus heureux de tous était... notre hôte. Non seulement il a raconté nombre d'anecdotes sur son parcours, ses études, ses voyages, mais il était visiblement très content de recevoir des Algériens, tellement content qu'il ne cessait de nous répéter que c'était un plaisir pour lui de nous recevoir. Le plaisir était partagé, avons-nous insisté, mais il renouvelait sans cesse ses remerciements, heureux, tout comme ses collaborateurs, de rencontrer des compatriotes et de sentir l'air du pays. ------------------------------ Des Algériens binationaux sont venus supporter la France A l'occasion du match France-Suède, qui a eu lieu mardi passé, nous avons remarqué la présence de nombreux drapeaux algériens dans les lieux de regroupements des supporters de la France. Nous croyions qu'il s'agissait d'Algériens résidant en Ukraine, mais il s'agissait en fait de binationaux venus de France pour supporter la sélection française tout en montrant leur appartenance à l'Algérie. «Algériens et fiers, mais nous avons aussi grandi en France» Pour eux, faire les deux choses est loin d'être antinomique, comme l'affirme Saïd, 30 ans, venu de Marseille : «Le seul fait de nous afficher avec le drapeau algérien renseigne sur notre attachement à notre pays d'origine. J'aurais pu porter le drapeau français sans que personne remarque que je suis algérien, mais je montre avec fierté l'emblème de mon pays. Cela ne m'empêche pas de supporter la France car c'est là où j'ai grandi et que je vis.» Kamel, 34 ans, de la banlieue lyonnaise, abonde dans le même sens : «Personnellement, je vis avec ma famille en France depuis 25 ans. Je suis marié à une Algérienne et je vais au bled presque tous les ans. Cependant, il ne faut pas oublier que nous avons vécu et grandi en France et, juste pour ça, il faut lui en être reconnaissant. Je n'ai donc aucun complexe à supporter la France, surtout que Benzema est de mon quartier et je l'adore depuis qu'il jouait à l'Olympique Lyonnais.» « Je suis ici pour Nasri, Benzema et Ribéry » Pour Nabil, qui vit dans la banlieue de Lille et qui brandissait un drapeau algérien sur lequel était écrit «One, two, three ! Viva l'Algérie !», son soutien à la France est motivé par des considérations communautaires : «Il y a de nombreux Maghrébins et Noirs qui jouent dans la sélection française. Comme j'avais supporté la France pour Zidane, je la supporte à présent pour Nasri, Benzema et même Ribéry qui est marié avec une Algérienne et qui s'est converti à l'Islam. C'est suffisant pour moi. Toutefois, la première sélection de mon cœur est celle de l'Algérie.» Son copain Rédha ne partage pas la même vision des choses, préférant voir la problématique sous l'angle de la mondialisation : «Regardez : des Suédois qui se prennent en photo avec des Français, un Noir assis à côté d'un Blanc... Le monde a évolué, mais les mentalités sont restées rétrogrades en Algérie. On continue de diaboliser la France alors que moi, personnellement, j'ai la double nationalité et je n'ai jamais été victime d'un acte ou d'un propos raciste de la part d'un Français. Je respecte beaucoup les martyrs de notre Révolution, mais il faut tourner la page.» Il y a aussi des Tunisiens, des Maliens et même des Bengalais ! Ce qui est sûr, c'est que les binationaux algériens ne sont pas les seuls à s'être déplacés jusqu'en Ukraine pour supporter la France. Des Tunisiens, Marocains, Maliens, Sénégalais l'ont également fait. Il y a eu même des Bengalais parmi les supporters, preuve que la France a une audience internationale et non pas chez les Algériens de France uniquement.