Direction le Brésil pour Malouda ? Guy Roux, l'ancien entraîneur de l'AJA, dresse un premier bilan de l'Euro. Et se prononce en faveur d'une prolongation du sélectionneur. Ce grand voyageur du football n'a pas fait, cette fois, le déplacement en Pologne et en Ukraine. Mais Guy Roux, consultant pour Europe 1 (chaque soir dans le club Euro 2012 notamment), n'a manqué aucun match depuis le début de l'Euro. Il livre son analyse. Que retenez-vous de l'Euro à ce stade de la compétition ? D'abord, son homogénéité. Il y a quinze équipes qui se tiennent serrées, disons entre la note de 10 et 14 sur 20. Et puis, il y a l'Irlande, que je mettrais à 6 sur 20. Mais il n'y a pas eu de moments d'extase jusqu'à présent. Même l'Espagne, avant le match contre la France, ne nous a pas encore servi le grand bonheur que procure parfois Barcelone. Y a-t-il homogénéité également dans les systèmes de jeu ? En gros, il y a trois schémas dominants. D'abord, celui qu'on considérait jusqu'alors comme honteux : une défense basse, groupée, souvent en 4-5-1, avec une domination acceptée, neuf joueurs de champ dévoués entièrement à des tâches défensives et des contre-attaques sporadiques. C'est l'Angleterre du premier match, la Suède ou la Grèce, qui aime quand même donner des coups de patte plus souvent. Le deuxième, c'est l'inverse : ce sont les équipes qui acceptent de dominer et essaient de s'en donner les moyens : l'Espagne, la France au premier tour. Elles jouent dans les pieds, en triangle et passes courtes. La troisième, c'est la méthode mixte. On défend quand il le faut, on attaque quand on le peut. C'est l'Italie, l'Allemagne, le Portugal. Des équipes équilibrées, qui défendent bien mais sans en faire une politique. Jouer sans attaquant de pointe, comme l'Espagne, est-ce une nouveauté ? C'est tout sauf nouveau. La grande équipe de Hongrie de 1954 avait un avant-centre en retrait, décroché. Ce sont les inters qui plongeaient devant, notamment Kocsis. C'est un peu ce que fait l'équipe de France avec Benzema, qui décroche beaucoup. Je ne vois pas vraiment d'innovation. Mais on retrouve pour la première fois depuis longtemps des équipes, comme l'Espagne, qui défendent en zone sur coups de pied arrêtés, à la manière de Brest en Ligue 1. Avant ce quart de finale, qu'avez-vous pensé de l'équipe de France ? On en a vu deux. Celle qui a essayé de se mettre en place à base de jeu court et en maîtrisant plutôt son jeu défensif, avec un bon Diarra et en freinant les élans offensifs des latéraux. Et celle qui a raté son match contre la Suède. Ce jour-là, l'ambiance générale, depuis le soixante-cinq millionième Français jusqu'aux médias, a imbibé le groupe et le staff du sentiment que la qualification était presque acquise. Les joueurs se sont laissés endormir par la Suède, comme l'Angleterre avait essayé de les endormir avec ses blessés. Et l'altercation dans le vestiaire après la Suède ? Quand c'est une équipe nationale, ça prend tout de suite une dimension! L'opinion influe sur le moral des joueurs et sur leur attitude. Mais cette hostilité n'aurait pas existé en club, où on sait que sur 50 matches, on peut en rater huit à dix. Comment trouvez-vous les débuts de Laurent Blanc dans une grande compétition ? Très bons, vraiment. Il ne panique pas. Il a su très bien gérer une minirixe dans son effectif. Je sens un staff très soudé. On le savait avec un Jean-Louis Gasset. J'ai beaucoup apprécié que Boghossian vienne en relais quand il le fallait. On sent de l'intelligence dans leur manière de fonctionner. Doit-il être prolongé ? C'est peut-être déjà fait! Noël Le Graët et lui ne sont pas obligés de nous le dire. Si j'avais été à la place de Blanc, une fois la qualification pour les quarts acquise, j'aurais dit au président : "On se voit dans votre chambre ou dans la mienne. Vous apportez le contrat, j'amène le stylo." Et surtout, on n'en parle qu'après le dernier match, que ce soit le quart, la demi-finale ou la finale... Je trouverais dommage que Blanc ne continue pas, puisqu'on est content de lui. Direction le Brésil pour Malouda ? A un an de la fin de son contrat avec le récent champion d'Europe, Florent Malouda ne sera vraisemblablement plus un joueur de Chelsea la saison prochaine. L'ancien lyonnais pourrait rebondir du côté du Brésil et de Vasco de Gama, à en croire les informations dévoilées par The Sun. Une hypothèse pas si absurde que cela puisque son épouse est brésilienne et que ce transfert le rapprocherait de sa Guyane natale. Disparu de l'effectif sous André Villas-Boas, l'ailier français a retrouvé du temps de jeu avec Roberto Di Matteo. Arraché à l'OL en 2007 pour environ 16 millions d'euros, le gaucher de 32 ans pourrait cette fois être transféré contre un chèque de 4 millions d'euros.