Le conseil fédéral avait décidé de garder Raymond Domenech le 3 juillet dernier. Deux mois après et à la suite d'un nouveau fiasco en Autriche (3-1), rien n'a changé. Le sélectionneur des Bleus est encore sur un siège éjectable. Et les questions refont encore surface... Boghossian, Deschamps, Houllier ou encore Blanc ? Et c'est reparti pour un tour. Raymond Domenech pensait avoir gagné du temps pour souffler avec son maintien entériné par le conseil fédéral du 3 juillet. S'il se savait attendu au tournant, il devait avoir l'opportunité de reconstruire. En exagérant, le train-train quotidien semblait pouvoir reprendre ses droits... Si train-train il y a, quand on est à la tête de l'équipe de France. Mais voilà un petit voyage à Vienne et le cauchemar de l'Euro 2008 a repris ses droits. La claque reçue au Ernst-Happel Stadion (3-1) contre la 101e nation mondiale au classement Fifa relance une nouvelle fois les questions sur un éventuel remplacement de sélectionneur. L'heure n'est évidemment pas encore au changement. Mais elle pourrait sonner très vite. Officieusement, on avait en effet demandé au patron des Bleus de prendre 5 points sur les trois premières rencontres de qualification pour le Mondial 2010. Domenech a encore deux matches (rdlr) : Serbie demain et Roumanie le 11 octobre) pour réussir son pari. Avec deux victoires, il sauve sa place. Sinon, le siège éjectable pourrait s'activer... Dans ces conditions, la prochaine rencontre contre la Serbie vaut son pensant d'or. « Il était prévu que la reconstruction soit longue, le chemin sera long mais on y arrivera », tente de se convaincre le président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, qui va annoncer vendredi s'il brigue un nouveau mandat. Le constat est pourtant criant : la reconduction de Domenech au lendemain du fiasco de l'Euro n'a pas créé un électrochoc au sein du groupe. L'équipe de France est toujours malade et rien ne tourne très rond. La défense est aux abois (11 buts encaissés en 4 matches), le milieu de terrain composé de Lassana Diarra et Jérémy Toulalan souffre de la comparaison avec la paire Vieira-Makelele. En l'absence d'un créateur comme Ribéry, l'animation offensive est presque inexistante. Et le duo Benzema-Henry n'arrive toujours pas à jouer ensemble. Surtout et c'est peut-être le plus inquiétant. Domenech ne semble pas avoir les moyens pour stopper l'hémorragie, notamment en cours de matches où son coaching est régulièrement inefficace. Mais peut-il vraiment faire quelque chose ? Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, le sélectionneur tricolore ne semble plus vraiment être le même et pour couronner le tout, il est assis entre deux chaises. Alors que la défense était un peu sa marque de fabrique, les instances dirigeantes du football français lui demandent désormais de jouer contre-nature : en privilégiant une philosophie plus séduisante. Malgré de beaux discours sur sa volonté d'imposer un jeu plus ouvert, Domenech a en effet des difficultés à mettre en place les demandes de la Fédération. Histoire d'enfoncer encore un peu plus le clou, des joueurs commencent à se lâcher. Comme l'a fait Florent Malouda dans L'Equipe cette semaine. Comme un symbole : peut-être lassées de s'acharner contre l'ancien boss des espoirs, les critiques visent désormais la FFF. Sur Europe 1, Guy Roux a donné le ton : « Si vous envoyez une armée au combat en disant que son général est nul, votre armée, elle ne va pas gagner. Le conseil fédéral aurait dû faire un vote à bulletin secret », a lancé l'ancien technicien d'Auxerre en expliquant qu'il aurait fallu maintenir Domenech sans réserve. Si les temps changent, la situation reste la même pour Domenech qui a trois jours pour trouver les bonnes solutions (retour d'Abidal ? Titularisations de Flamini et d'Anelka ? Changement de schéma avec un seul milieu récupérateur ?) contre la Serbie. Car, en cas de nul ou de défaite, la Fédération pourrait être amenée à prendre ses responsabilités sans attendre la Roumanie. Et à évoquer les noms de Boghossian, Deschamps, Houllier ou encore Blanc avec plus de sérieux...