Un cercle vicieux qui mène à la dépression. Trois ans et neuf mois. La sentence est sans appel. En ce 4 juillet 2012, la vie de Breno Vinicius Rodrigues Borges vient de basculer. Le Brésilien, âgé de 22 ans seulement, se voit envoyer pour près de quatre ans en calèche par le tribunal de grande instance de Munich I. Une bonne leçon pour ces footballeurs qui se prennent pour on ne sait pas quoi et qui portent atteinte à l'intégrité d'autrui. Comment ça, il n'a violé, blessé ou frappé personne ? Mais pourquoi il prend quatre ans, alors ? Parce qu'il a brûlé sa maison ? Ah, d'accord. Un cercle vicieux qui mène à la dépression A priori, Breno devrait ressortir de taule à la fin de l'année 2015 juste pour avoir causé des dégâts matériels. Rappel des faits : Breno habite dans une maison à Grünwald, petite commune riche située dans le sud de Munich. Une maison qu'il loue à 5 000 euros le mois pour lui, sa femme et ses trois enfants. On pourrait se dire que ça va plutôt pas mal dans la vie du défenseur brésilien, mais en fait, pas du tout. Arrivé en 2008 en Allemagne en provenance de São Paulo, celui qui a été élu meilleur joueur de l'édition 2007 du championnat brésilien a du mal à s'intégrer au Bayern. Beaucoup voient en lui une sorte de deuxième Lucio, mais Breno tarde à confirmer. La concurrence est trop forte derrière, avec la présence de Lucio justement, Daniel van Buyten et Martín Demichelis, ainsi que la montée en puissance de Holger Badstuber. Breno entre alors dans un cercle vicieux : il ne joue pas, donc il déprime, déprime encore, donc il n'est pas en forme, donc il ne joue pas. Pour ne pas arranger les choses, il lui arrive de se blesser, également : lors de la saison 09/10, il est prêté au 1.FC Nuremberg lors du mercato d'hiver, histoire de se relancer, de retrouver du temps de jeu. Malheureusement, il se fait les croisés au bout de huit matchs, et ne reviendra que huit mois plus tard. Lors de la saison 10/11, Breno reste cinq mois sur le flanc, la faute à une blessure au ménisque. Enfin, la saison dernière, il est obligé de subir une arthroscopie qui le tient éloigné des terrains durant trois mois. Une soirée triste et absurde Toutes ces blessures, ce temps passé loin des terrains n'ont pas aidé le pauvre Breno. Il est devenu accro à la boisson. Descendre une bouteille de whisky par jour était devenu quelque chose de pratiquement normal pour lui. Triste. Pas étonnant que le matin du délit, il se soit mis à boire après avoir appris qu'il allait subir une nouvelle opération du genou. S'ensuit une embrouille avec sa femme Renata, et Breno enchaîne les allées et venues. Lorsqu'il revient pour la troisième fois à 22h30, il chope un objet dans le tiroir de la cuisine et s'en va. Renata craint pour sa vie et quitte la maison avec les enfants. Breno revient, prend un vélo et s'en va faire un tour, se casse la gueule, s'écorche. Finalement, il rentre chez lui et met le feu à la maison. À 0h20, il court chez les voisins pour prévenir les pompiers. Le feu sera éteint vers 7h30. Entretemps, Breno est parti faire un petit tour en garde à vue. Taux d'alcool dans le sang : 1,66 g. Breno va faire un petit tour en cabane, il est relâché contre une caution de 500 000 euros. Uli Hoeness a beau crier au scandale, l'enquête continue. Petit à petit, l'histoire devient plus claire : Breno, qui a d'abord nié, est en réalité coupable. Il a mis le feu à sa maison. Il n'allait pas bien. La veille, il était allé voir un psy sur les conseils de son employeur, le Bayern Munich. Il buvait beaucoup, certes, et nombre de personnes dans cette situation mélangent alcool et médocs. Breno n'échappe pas à la règle, il aurait pris des somnifères dans l'infirmerie du club, même si (une fois de plus) un dirigeant du Bayern réfute cela, Christian Nerlinger (ex-directeur sportif) en l'occurrence. Breno, coupable et victime C'est donc un Breno pas du tout dans son état normal qui a mis le feu à sa maison. Il aurait pu en prendre pour quinze ans. Les juges voulaient lui en coller cinq et demi. Il s'en tire avec trois ans et neuf mois. «Par rapport à la loi, il s'agit d'une sentence tout à fait normale. Le tribunal de grande instance considère que Breno a mis la vie de personnes en danger. Cela aurait pu être des gens à l'intérieur de la maison, il n'en avait aucune idée, mais également des voisins», estime Maître Stefan Ackermann, avocat à Munich. Fort heureusement, il n'y a pas eu de victimes de l'incendie ; le seul qui a pris cher, c'est Breno. Ce qui fait sortir de ses gonds Elber Giovane. L'ancien du Bayern l'a mauvaise : il accuse son ancien club de ne pas s'être occupé du défenseur. «C'est très difficile de s'intégrer au Bayern, surtout quand on est un joueur étranger. Un autre style de vie. [...] Le Bayer Leverkusen fait ça beaucoup mieux. [...] Au Bayern, on vient enfin d'apprendre ce qu'il ne faut pas faire.» À savoir oublier de s'occuper d'un joueur. Un joueur qui voulait simplement «jouer au ballon», selon ses propres dires. Sa carrière est pour le moment entre parenthèses. Peut-être bien même qu'elle est terminée. En Allemagne, on ne sait pas trop comment réagir à cette affaire. Même un tabloïd comme Bild n'a pas osé faire de jeux de mots entre «Breno» et «brennen», qui signifie «brûler». Mais finalement, peut-être qu'à Rome, on se dit que la Lazio a bien fait de ne pas recruter celui qui aurait pu être considéré comme la réincarnation de l'empereur Néron...