«Je suis persuadé que l'Algérie ira en Coupe du monde» * Comment va Signore le retraité aujourd'hui ? Très bien depuis que j'ai entamé les démarches pour revenir sur le terrain en tant qu'entraîneur. J'ai passé avec succès mes examens pour l'obtention du diplôme de second degré. J'ai eu beaucoup de peine à accepter la fin de ma carrière. Je me suis retrouvé un peu perdu hors des terrains, même si j'ai eu à travailler dans plusieurs canaux de télévision en tant que consultant. Mais plus j'avançais, plus je me rendais compte que le terrain me rappelait. J'ai passé les plus belles années de ma vie sur les terrains de foot. Je crois que je ne me sentirai jamais bien en dehors. Il est donc temps pour moi d'y retourner. C'est comme ça, je n'y peux rien. * On doit donc vous féliciter pour l'obtention de votre diplôme. Pensez-vous que votre carrière de joueur va vous aider dans votre nouveau rôle ? C'est gentil de me féliciter, mais je suis assez lucide pour savoir que ma carrière de joueur, aussi lourde fût-elle, ne me servira pas à grand-chose sans des résultats probants avec mes futures équipes. Je sais que c'est un métier très dur et ingrat de surcroît. Les gens sont sans pitié avec les entraîneurs. Le stage que je viens d'effectuer m'a beaucoup appris du métier. Nous étions tous très attentifs, malgré nos carrières de joueurs. * Il y avait qui d'autres avec vous parmi les anciens joueurs ? On était plusieurs anciens joueurs. Je citerai entre autres Leonardo, l'actuel coach du Milan AC, Altobelli, champion du monde en 1982, Delvecchio, l'ancien international brésilien Ze Maria et un de vos compatriotes, l'Algérien Noureddine Zekri avec qui j'ai longtemps discuté dans ce stage, notamment sur le football algérien. * Et qu'avez-vous appris sur le football algérien avec Noureddine Zekri ? Il m'a parlé de la situation actuelle de votre équipe nationale. Je sais qu'elle revient en force lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Mais je savais avant cela que l'Algérie avait de très grands joueurs dans les années 80, notamment lors de la phase finale de la Coupe du nonde de 1982 et ce succès retentissant contre l'Allemagne que l'Italie avait battue en finale. * Quels sont les noms des joueurs algériens dont vous vous rappelez ? Franchement, je ne peux pas vous citer leurs noms, je sais juste qu'il y avait de très bons joueurs dans cette équipe. Par la suite, j'ai bien évidemment retenu le nom de Rabah Madjer lorsqu'il a gravé son nom à tout jamais dans l'histoire de la Coupe d'Europe après cette talonnade divine. C'est un geste éternel comme son auteur. * Vous n'avez pas croisé d'autres joueurs algériens lors de votre carrière de joueur ? Si, bien sûr ! J'ai connu Mourad Meghni à ses débuts en Italie. Il était avec moi à Bologne. Je peux vous assurer qu'il est très doué avec un ballon et très intelligeant aussi. J'ai également retenu son calme et sa bonne tenue. Il a toujours été agréable dans le groupe. J'ai toujours vu en lui un futur grand joueur car il a tout pour réussir une énorme carrière. Je l'ai vu de près et je sais de quoi il est capable. Je suis sûr que dans peu de temps, sa carrière prendra l'envol que je lui prédisais déjà à ses débuts à Bologne. Il n'a pas le droit de passer à côté avec tout le potentiel qu'il a. Je sais aussi, par le biais de mon ami Noureddine Zerkri, que Meghni vient d'opter pour la sélection algérienne. Ce sera un tournant très important dans sa carrière. Ce sera peut-être son année, qui sait ? En tout cas, je suis certain qu'il sera d'un très grand apport pour l'équipe d'Algérie. * Et que pensez-vous de Ghezzal ? Lui aussi c'est un très bon joueur, bien que je ne l'aie pas côtoyé de près comme Mourad Meghni. J'ai vu quelques matches de lui et j'ai tout de suite été séduit par son courage et son sens du but. Ce qu'il a de bien ce garçon, c'est qu'il a réussi à se faire une place de titulaire dès sa première année en Série A, le championnat le plus difficile du monde, selon les spécialistes. La saison d'avant, il jouait deux paliers en dessous. Il faut le faire, non ? Je crois que l'avenir lui appartient. Et je ne suis pas le seul à le penser, car si la Roma s'est intéressée à Ghezzal, ce n'est pas pour ses beaux yeux. Il mérite largement sa place en Série A. Le duo Ghezzal-Meghni fera sans doute mal aux adversaires de l'Algérie. Ces deux joueurs seront les fers de lance de l'équipe d'Algérie, je n'en ai aucun doute. * Un mot sur Zidane ? Zizou est une montagne à lui seul ! L'une des plus grandes montagnes du football mondial. Parler de Zidane en peu de mots serait injuste pour tout ce qu'il a réalisé dans le football. Un livre ne suffirait sans doute pas. Il fait partie de la race des plus grands. Partout où il a joué, ses traces sont encore toutes fraîches et indélébiles à tout jamais. Il a réussi à lui seul à hisser le football français au sommet du monde. Il faut le faire ! * Revenons maintenant à vous. Quels sont les meilleurs moments de votre carrière ? Je crois qu'en vingt ans de carrière, il y a eu beaucoup de moments de joie. Partout où je suis passé, je m'étais donné à fond, sans tricher un seul instant. C'est cela ma fierté. Mais les cinq ans que j'ai passés à la Lazio (1992-1997) ont été indéniablement celles qui m'ont apporté le plus de bonheur dans ma carrière et dans toute ma vie. Non pas parce que j'ai été élu à plusieurs reprises meilleur buteur du Calcio, mais plus parce que j'ai senti que ma valeur était reconnue, pleinement, totalement. Les supporteurs m'appréciaient à un point que je ne soupçonnais pas atteindre. Je n'oublierai jamais cette date du 11 juin 1995 qui a vu des dizaines de supporteurs de la Lazio sortir dans la rue pour manifester contre mon transfert vers Parme. Les gens étaient tellement nombreux que le président de la Lazio a été obligé de revoir sa copie pour décider le soir même d'annuler un transfert à deux doigts d'être consommé. C'est une image qui m'accompagnera jusqu'à ma tombe. * Certains disent que si vous aviez joué dans un club plus grand, vous auriez gagné beaucoup de titres qui manquent à votre palmarès. Qu'en pensez-vous ? C'est une manière de voir les choses. Moi je vois cela sous un autre angle. Pour moi, un grand joueur ne se mesure pas à l'aune du club dans lequel il a évolué ni avec le nombre de trophées gagnés dans sa carrière. Un grand joueur éclaire par son talent toute équipe dans laquelle il évolue, aussi modeste soit-elle. C'est pareil pour l'homme : il ne mesure pas la réussite de sa vie avec le nombre de millions qu'il a gagnés. * Et quels mauvais souvenirs en gardez-vous ? Là aussi j'en ai eu, malheureusement ! Je ne parle pas des défaites sur le terrain, mais plutôt de l'ingratitude avec laquelle certaines personnes m'ont poussé à quitter la Lazio. Il y a aussi ce souvenir de la Coupe du monde 1994 aux USA. * Vous parlez de la finale perdue contre le Brésil aux penalties ? Non, je veux parler du différend que j'ai eu avec Arrigo Sacchi. Il m'avait demandé de jouer à un poste inhabituel pour moi, mais j'avais refusé. C'est ce que je regrette le plus aujourd'hui. Je me dis que j'aurais dû accepter. * Pensez-vous que l'Italie sera capable de garder le titre de Champion du monde en Afrique du Sud ? Les statistiques me contrediraient si je disais oui, car on dit qu'il est plus facile de gagner la Coupe du monde que de la garder. On verra ça dans un an. * Et qui donneriez-vous comme favoris ? Le Brésil, toujours le Brésil ! Puis, je vois aussi, l'Angleterre, l'Espagne et l'Argentine. Je crois qu'il y aura aussi beaucoup de grandes surprises venant des équipes africaines qui vont se surpasser sur leur continent. J'espère que l'Algérie en fera partie. * Mais on n'est pas encore qualifiés ! Il faut d'abord mériter son billet, non ? C'est sûr ! Mais d'après les échos que j'ai eus en discutant avec mon ami Noureddine Zekri, l'Algérie n'est pas loin d'arracher sa qualification. A vos joueurs de faire en sorte que le rêve se réalise. Il ne faut pas qu'ils se déconcentrent lors des matches qu'il leur reste à jouer. Personnellement, je n'ai aucune crainte à ce sujet, car je connais la mentalité de l'Algérien. Elle est comme celle de l'Italien. On ne lâche rien jusqu'au bout. Et croyez-moi, je ne dis pas cela pour faire plaisir à mes amis algériens ou à vos lecteurs. J'en suis persuadé ! Nous sommes des Méditerranéens et notre mentalité est pareille. Alors, laissez les joueurs jouer comme ils savent le faire et vous verrez que l'Algérie sera bien présente au Mondial 2010. C'est en tout cas mon souhait le plus sincère pour votre pays. Entretien réalisé en Italie par Ahmed Lakrout Nom : Signori Prénom : Giuseppe Nationalité : italienne Date et lieu de naissance : 17 février 1968 à Alzano (Lombardie - Italie) Taille : 1,71 m Poste : attaquant Clubs successifs : 1984-1986 : Leffe (38 matches, 8 buts) 1986-1987 : Piacenza (14 matches, 1 but) 1987-1988 : Trento (prêt)(31 matches,3 buts) 1988-1989 : Piacenza (32 matches,5 buts) 1989-1992 : US Foggia (100 matches,36 buts) 1992-1997 : Lazio Rome (152 matches, 107 buts) 1997-1998 : Sampdoria (17 matches,3 buts) 1998-2004 : Bologne FC (115 matches, 52 buts) 2004-2005 : Iraklis Salonique (5 matches, 0 but) 2005-2006 : FC Sopron (9 matches,3 buts) 28 sélections en équipe nationalede 1992 à 1995, 7 buts Palmarès : 3 fois meilleur buteur du championnat d'Italie : 1993 (26 buts), 1994 (23 buts) et 1996 (24 buts) (SS Lazio). Finaliste de la Coupe du monde : 1994 (5 matchs disputés). Elu meilleur joueur du championnat d'Italie : 1993. 7e meilleur buteur de tous les temps en Italie Giuseppe Signori est l'un des meilleurs buteurs du Calcio. Il totalise à ce jour 188 buts en 344 matches de Série A. Il est tout simplement le 7e meilleur buteur de toute l'histoire de ce championnat. Pas d'élan lorsqu'il tirait les penalties L'international italien avait une autre habitude : il tirait les penalties avec seulement un pas d'élan car il considérait que les gardiens de but avaient moins de temps pour anticiper ses tirs. Pourquoi il portait des chaussures plus petites Signori avait la particularité d'utiliser des chaussures de pointure inférieure à la sienne. Il considérait tout simplement que la pression exercée sur ses pieds accentuait ses sensations au niveau des pieds et améliorait par conséquent son toucher de balle.
