«En me critiquant moi et Djelloul, on touche aussi à Saâdane et Raouraoua» L'entraîneur des gardiens de but de l'Equipe nationale, Hassen Belhadji, a dû sortir de son mutisme pour répondre aux critiques dont il a fait objet ces derniers temps, notamment après le comportement de Chaouchi lors du match contre l'Egypte. * Tout d'abord, quelle lecture faites-vous des résultats des Verts à Angola ? La quatrième place décrochée en Angola demeure une place très honorable à laquelle rares sont ceux qui s'y attendaient. Nous avons effectué un mauvais départ suite à cette défaite face au Malawi, mais nous avons réussi progressivement à remettre le groupe en confiance. Avec du travail et de la persévérance, nous avons réussi à atteindre les demi-finales et animer ce match de classement. Je crois que c'est une bonne performance pour l'Algérie qui n'a pas atteint ce stade de la compétition depuis vingt ans. Je suis vraiment fier de cet exploit réalisé en Angola. * Avant le coup d'envoi de la CAN, la défection de Gaouaoui avait posé problème. Comment avez-vous géré la situation ? En tant qu'entraîneur des gardiens de but, mon devoir ne se limite pas à la préparation physique des portiers et à leur rappeler leurs devoirs sur le terrain. Je dois aussi faire face à toutes les situations. Du moment que Gaouaoui est tombé malade, on a décidés, de concert avec Saâdane, de rappeler Ousserir alors qu'on savait bien que Chaouchi allait bien tenir son rôle de gardien de but numéro un. * Comment jugez-vous la participation de Chaouchi et Zemmamouche au cours de ce tournoi ? Je ne peux pas aller contre l'avis des supporters algériens et arabes qui sont unanimes à penser que Chaouchi a réalisé un tournoi exceptionnel prouvant qu'il est à la hauteur de la confiance placée en lui. Après les erreurs commises face au Malawi, Chaouchi a repris confiance en ses moyens pour prouver qu'il est un grand gardien. Idem pour Zemmamouche qui a fait ce qu'il devait faire face à l'Egypte et le Nigeria. Des prestations qui prouvent que l'Algérie dispose de grands gardiens de but. * Que pensez-vous du comportement de Chaouchi envers l'arbitre et Geddou face à l'Egypte ? Il ne faut pas mettre plus de pression sur Chaouchi qui est avant tout un être humain. S'il a fauté dans un seul match, il faut le rassurer et lui remonter le moral car il ne faut pas ignorer ce qu'il a démontré comme talent la plupart des matches. Il est encore jeune, il a besoin d'aide et qu'on reste solidaire avec lui. * Benabdallah vous a critiqué dans le journal El Heddaf. Qu'avez-vous à dire là-dessus ? J'ai été étonné en lisant les déclarations de Benabdallah. On dirait comme qu'il avait un compte à régler. En vérité, il n'existe rien entre nous et je n'ai jamais parlé avec lui auparavant. J'ai préféré le laisser à sa conscience. C'est facile de critiquer de la sorte quelqu'un que vous ne connaissez pas. Mais il n'a pas de preuve sur ce qu'il a avancé contre moi car il pense que je suis un illustre inconnu. * Justement, qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Laissez-moi vous parler en détail mes diplômes et mon palmarès. De 1973 à 1986, j'ai fréquenté l'école de l'ASO Chlef avec laquelle j'ai connu toutes les catégories. J'ai joué aux côtés de Téguia, Mejdoub, Sadek Larbi, El Hadj Youcef et Chorfi. J'ai pu réaliser l'accession avec l'ASO en 1983. J'ai réalisé une autre accession avec l'ASO cette fois en tant qu'entraîneur des gardiens de but en 1993-1994. C'était l'époque du président Bouali Belaïd et Meksi comme entraîneur. Même entre 1997-2001, j'ai pris mes fonctions à l'ASO en ma qualité d'entraîneur des gardiens. Quant à mon CV, j'ai travaillé comme entraîneur des gardiens de l'Equipe nationale cadette, junior et espoir de 1988 à 1997. J'étais aux côtés de grands techniciens comme Mehdaoui, Lalmas, Laroui, Bira, Kalem, Aït Mohamed, Laroum et Ouardi. En 1992, j'ai pris part à la finale de la Coupe d'Algérie que j'ai perdue face à la JSK au stade Zabana 1-0. J'ai participé à la phase finale de la CAN jeunes. J'ai travaillé ensuite avec l'équipe fanion aux côtés de Saâdane, Jorge Likens, Rabah Madjer, Robert Wasseige et aujourd'hui une seconde fois avec Saâdane avec les résultats que l'on connaît. J'ai une expérience de 22 ans comme entraîneur des gardiens de but. * Parlez-nous de vos diplômes… Je suis diplômé de l'Institut supérieur des sports où j'ai étudié pendant 5 ans entre 1982 et 1987. J'ai été major de promotion avec la meilleure note pour ma thèse. J'ai obtenu le diplôme de conseiller en méthodologie du travail des gardiens de but. En plus du diplôme d'entraîneur des gardiens de l'Institut des sports de Paris avant de décrocher le diplôme de 3e degré dans la capitale française. Cela devrait, à mon avis, être suffisant. * Quelle a été la réaction de la direction de l'ASO après ces critiques ? La direction, à sa tête le président de l'ASO, Abdelkrim Medouar, n'a pas du tout apprécié les déclarations de Benabdallah. Le président avait tous les droits de faire des reproches à Benabdallah car Chlef tout entier n'accepte pas qu'on fasse ça à ses enfants qui aiment leur sélection nationale. La position de Medouar à mes côtés m'a vraiment remonté le moral. * Avez-vous reçu le soutien des autres techniciens ? Autant que cette sortie de Benabdallah m'a fait du mal autant les réactions des autres techniciens m'ont fait chaud au cœur. Beaucoup d'entraîneurs m'ont appelé et demandé de remettre Benabdallah à sa place et de lui répondre violemment. Je ne l'ai pas fait car, avant tout, il est mon collègue de travail du moment qu'on exerce le même métier. Je n'ai pas le droit de lui répondre de façon virulente. Mais il reste une chose… * Laquelle ? S'il veut que je lui donne un coup de main, je le ferai sans hésiter et sans arrière-pensée car Benabdallah reste un frère avant tout pour moi. En ma qualité de technicien, je dois aussi accepter les critiques. Cela peut nous dévoiler nos erreurs et mettre au jour nos faiblesses. Mais on doit critiquer de manière constructive pas le contraire. On ne doit pas toucher à la personnalité ni remettre en question les compétences des gens. Celui qui pense que Belhadji n'est pas compétent pense donc la même chose de Saâdane et Raouraoua car ces deux hommes m'ont fait confiance et étaient convaincus de mes capacités. Si l'on prend en considération les déclarations de Benabdallah, Raouraoua et Saâdane ne croient pas aux compétences et performances de ceux qui sont au staff technique. De toutes les façons, c'est seulement la qualification de l'Algérie au Mondial et sa belle performance en Coupe du monde qui m'intéressent, le reste importe peu pour moi. * Benabdallah a donc douté de vos compétences et de celles de Saâdane et Raouraoua... Dans la sélection, on travaille, on souffre et on vit sous pression. Lorsque nous avons pris part à 13 matches des éliminatoires sous une pression terrible, je me demande où était Benabdallah. Il était bien installé dans son fauteuil ou avec des amis à parler en toute liberté et sans pression. Est-il raisonnable de dire à quelqu'un dont le sang a coulé en Egypte pour l'amour de son pays qu'il n'a pas de place dans la sélection ? C'est vraiment honteux ! * Vous semblez affecté… C'est sûr ! La pierre qui m'a atteint à la tête je la garde chez moi comme témoin de ce triste souvenir. Alors qu'on était agressés en Egypte et que je m'attendais un autre accueil dans mon pays, voilà les déclarations qu'on me réserve. Est-ce que Benabdallah sait que l'Algérie a fait un bond de 75 places au classement mondial en passant de la 101e à la 26e place ? Cela prouve bien que le staff technique a réalisé un travail titanesque à la tête de la sélection. J'étais fier en permettant aux 35 millions d'Algériens de sortir exprimer leur joie dans les rues des quatre coins du pays après cette qualification historique au Mondial sud-africain et lorsque nous avons réussi à décrocher cette quatrième place à la CAN qui nous a permis d'être accueillis en héros par nos fans. * Vous avez donc la conscience tranquille... Ce n'est pas seulement le sentiment du devoir accompli mais je suis encore plus fier de l'exploit de l'Equipe nationale. On a rendu aux Verts leur lustre d'antan. Cet exploit a permis aux techniciens algériens et aux entraîneurs des gardiens de but d'être fiers et d'avoir la tête haute. On est très estimés non seulement en Algérie mais partout dans le monde arabe, en Afrique et même en Europe. Je suis fier d'avoir contribué à la qualification des Verts survenue après 24 ans de disette. C'est une fierté pour tous les Algériens car nous serons au mois de juin prochain les seuls représentants du monde arabe. A cette occasion, laissez-moi remercier Raouraoua et le président Bouteflika qui n'ont pas lésiné sur les moyens pour nous faciliter la tâche. * Songez-vous à renforcer les bois de la sélection par d'autres portiers ? Ce sujet est à l'étude avec l'entraîneur en chef, Saâdane. Cela ne remet pas en question le mérite de Chaouchi, Gaouaoui, Zemmamouche et Ousserir mais nous projetons de renforcer dès maintenant l'Equipe nationale des locaux. Comme Saâdane l'avait dit, l'Algérie a grandi et ne pourra plus faire machine arrière. C'est pour cela que nous sommes en train de suivre chaque joueur que ce soit dans le championnat national ou celui européen et faire ensuite notre rapport à Saâdane. Pour le moment, rien n'est décidé encore. * Qui sera titularisé au Mondial, Chaouchi ou Gaouaoui ? Je tiens à préciser que Chaouchi est un grand gardien de but pétri de qualités. Mais on doit penser à corriger certains de ses défauts afin qu'il soit beaucoup plus performant à l'avenir. De ce côté-là, je ne suis pas inquiet. On fait entièrement confiance à Chaouchi afin qu'il soit prêt pour le Mondial. Même chose pour Gaouaoui qui est l'un des meilleurs portiers du championnat. Le plus important est qu'on travaille et qu'on se prépare comme il se doit. * Un dernier mot ? Je remercie votre journal qui est devenu une référence en matière de crédibilité et de professionnalisme. Je remercie aussi les supporters algériens qui nous ont encouragés après la CAN. Je leur promets qu'on fera notre possible pour leur procurer d'autres joies en perspective de la Coupe du monde. Entretien réalisé par Brahim S.