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Laïfaoui : «J'ai pardonné à celui qui m'a agressé à Saïda, je lui dis que je suis un type bien, je ne suis pas rancunier»
Publié dans Le Buteur le 25 - 07 - 2012

"e suis fainéant, trop même. Je suis incapable de faire beaucoup de choses dans la journée. Je dors beaucoup, et quand je me réveille, je reste au lit, je ne bouge pas."
Comment se passe le Ramadhan pour vous ?
Le plus normalement du monde, je jeûne comme tout le monde, sans le moindre souci, normal quoi.
Ghelbek wella ghlebtou ?
On va dire ghlebtou, car je jeûne dans de bonnes conditions, je ne m'emporte pas, je suis toujours calme et je fais convenablement toutes mes obligations religieuses.
Vous êtes fainéant en ce mois ou très actif ?
Tu veux la vérité ? Je suis fainéant, trop même. Je suis incapable de faire beaucoup de choses dans la journée. Je dors beaucoup, et quand je me réveille, je reste au lit, je ne bouge pas.
Aksas nous a dit qu'il se levait à 17h30, et vous ?
Aksas est plus fainéant que moi, ce n'est pas la même chose. Moi, je me lève à midi. Je sais que je dors beaucoup, mais je ne peux pas rater la prière du dohr.
Vous rappelez-vous du jour où vous avez jeûné pour la première fois ?
J'avais sept ou huit ans je crois.
C'était pénible pour vous ?
Le jour le plus long de ma vie, «nhar mahabch yakhlas» (rire).
Qu'avez-vous fait durant cette journée ?
Je dormais et me levais, je ne faisais que ça, mais en regardant tout le temps à l'horloge qui n'avançait pas.
Y a-t-il eu quelque chose de particulier pour célébrer cet évènement ?
Je ne me rappelle pas, mais ce qui est sûr, c'est qu'on s'est bien occupé de moi. J'ai été chouchouté.
Est-ce que vous mangiez en cachette quand vous étiez enfant ?
Oui, beaucoup, on était très jeunes et on ne pouvait pas jeûner toute la journée. Y a pas mieux que la franchise, mais on était des enfants.
Racontez-nous une histoire qui vous est arrivée un jour où vous avez mangé intentionnellement...
Il y en a beaucoup, mais je me rappelle qu'à l'âge de 12 ans par exemple, le jeûnais une demi-journée, et je mangeais pendant l'autre demi-journée. Allah ghaleb, je ne pouvais pas continuer à jeûner toute la journée. Je mangeais bien sûr en cachette sur le toit de l'immeuble ou dans la cage d'escalier quand il n'y avait personne. Je partais aussi souvent au Jardin d'Essai, qui ne se trouve pas loin de chez moi pour manger là-bas en toute tranquillité. Encore une fois, nous étions des enfants.
Quelle était la réaction des parents ?
Ils ne pouvaient pas le savoir. Je ne leur disais rien et je me comportais comme si je n'avais rien avalé. Il n'y avait que mon frère Hsissen, qui vit aujourd'hui en France, qui était au courant, mais il ne disait rien à mes parents.
Vous avez passé quatre ans à Sétif. C'est mieux de passer le Ramadhan là-bas ou à Alger ?
Je reconnais que je passais d'agréables moments à Sétif, mais mes amis me manquaient, ouled houmti, ma famille, tout ces gens sont importants pendant ce mois. C'est pour ça que qu'il n'y a pas mieux que de passer ce mois auprès des siens. Je crois qu'entre Alger et Sétif, c'est quand même différent.
Quelle est la différence ?
C'est clair, à Sétif, je ne veillais pas. A Alger, à la fin des tarawih, on se retrouve tous avec les amis du quartier et on peut discuter, rigoler et jouer aux cartes jusqu'à une heure tardive. Quand ce n'est pas les copains, ce sont les membres de la famille.
C'est pour cette raison que vous êtes revenu vivre à Ruisseau ?
Oui, je suis un enfant du Ruisseau et je ne peux pas vivre loin de mon quartier. J'y suis revenu et c'est là où mes enfants doivent grandir. Je suis à côté de mes parents, tout va bien pour moi, El hamdoulillah.
Une préférence pour un plat pendant le Ramadhan ?
Oui, j'aime lemtouem, et si ça ne tenait qu'à moi, j'en mangerai tous les jours.
Chorba frik ou vermicelle ?
Frik.
Des mains de la maman ou de votre épouse ?
On va dire les deux, comme ça, elles seront toutes les deux satisfaites, même si « elbenna » tu la retrouves toujours dans les plats « taâ laâdjouz ». Je suis sûr que toi par exemple, tu préfères les plats de ta mère, même si ceux de votre épouse sont excellents.
Avez-vous déjà rompu le jeûne chez votre mère ou pas encore ?
Oui, pas plus tard qu'hier (entretien réalisé lundi ndlr), nous avons mangé chez ma mère, il y avait toute la famille, c'était super.
Hamoud Boualem ou Coca Cola ?
Hamoud Boualem, Sélecto de préférence, et bien fraîche, je ne te dis pas.
Viande d'agneau ou de bœuf ?
Pour moi, il n'y a pas mieux que le bœuf.
Zlabia ou kelb elouz ?
Kelb elouz mahchi, j'aime beaucoup, et je crois qu'El Amraoui, qui est de notre quartier au Ruisseau, fait le meilleur kelb elouz à mon avis.
Lben ou raïb ?
Lben.
Brik ou bourek ?
Sans le bourek et la chorba, la table n'a aucun sens. La chorba, ça se mange avec le bourek, trois de préférence, ça suffit.
Quand le «Adhan» retentit, vous êtes où en général ?
Je suis souvent dehors, dans le quartier.
Pourquoi ?
C'est comme ça depuis que j'étais jeune. Je suis toujours dehors et j'éprouve un plaisir particulier quand je me précipite pour monter à la maison. Je suis toujours le dernier à rentrer à la maison, mais le premier à en sortir après. Je mange très vite (rire).
Qui préférez-vous être toujours autour de la table ?
Ma femme, mes enfants, mes parents et toute la famille. Hier, on s'est rassemblés tous, c'était un bonheur.
Café ou thé ?
Café.
Etes-vous de ceux qui jeûnent en se privant juste de boire et de manger ou quelqu'un de pieux pendant ce mois ?
Oui, je suis quelqu'un de pieux pendant ce mois, je fais toutes mes prières à temps et je ne rate pas les tarawih.
Avez-vous commencé à lire le Coran ?
Non, pas encore, mais bientôt.
Calme ou nerveux ?
Très calme, il n'y a rien qui m'énerve.
Vous pardonnez en ce mois ou vous êtes rancunier ?
J'ai passé toute ma vie à pardonner et à chercher la paix. Je ne fais pas ça qu'au mois de Ramadhan, mais toute l'année.
Donc, vous pouvez pardonnez en ce mois à quelqu'un qui vous a fait du mal, c'est cela ?
Vous allez peut-être être surpris de ce que je vais vous dire, je n'ai pas d'ennemis, et si quelqu'un m'a fait du mal, je lui pardonne.
Alors, on veut vous entendre pardonner à celui qui vous a agressé à Saïda et qui a failli vous tuer ...
Je lui ai déjà pardonné, je l'ai fait savoir lors de mes différentes interventions médiatiques, mais je le répète aujourd'hui puisqu'on est au mois de Ramadhan, et je luis dis que de mon côté, je lui pardonne, je suis quelqu'un de bien, et tous ceux qui me connaissent me reconnaissent cela.
Qu'en est-il des gens de Saïda ?
Ils ne m'ont rien fait, j'ai pardonné à celui qui m'a agressé, les autres ne m'ont rien fait.
Pour qui vous priez en ce mois ?
Pour mes parents, parce qu'on ne peut jamais leur rendre ce qu'ils nous ont donné. A tous les malades et les pauvres malheureux, il faut se mettre à leur place.
Vous vous êtes bagarré un jour pendant ce mois ?
Non, je ne me bagarre pas, ni pendant ce mois, ni pendant les autres moi. Laïfaoui ne cherche que la paix, il évite les problèmes.
Qu'est-ce qui vous dérange chez les Algériens ?
Leur stress et leur impatience, les bagarres et les disputes pour rien.
Seriez-vous capable d'adopter un enfant ?
Je n'ai jamais réfléchi à cette question. Franchement, je ne peux pas vous répondre, ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Mais pourquoi pas quand même.
Si vous décidez de faire une bonne action durant ce mois, ça va être laquelle ?
Que Dieu me vienne en aide pour que je puisse aider Dar Errahma, Diar El Aâdjaza et les pauvres gens. Pourquoi on les oublie, pourquoi on ne va pas les voir ? Je crois qu'il n'y a pas une meilleure occasion pour leur venir en aide.
Quel est le défaut que vous aimeriez changer en vous ?
Je vous ai dit que j'étais fainéant, c'est ce que je veux changer en moi, je veux devenir plus actif.
Entraînement le jour ou en nocturne ?
Le soir.
Que pensez-vous de ceux qui jettent les ordures par les balcons ?
Ça, c'était « zmen », pas aujourd'hui. Mais c'est grave de le faire encore. Le plus drôle, c'est que celui qui le fait descend rejoindre les gens du quartier comme si de rien n'était. Il va même jusqu'à dénoncer ce comportement (rire).
Et de ceux qui font de la vitesse sur les routes ?
Je leur dis d'aller doucement, de ne pas mettre leur vie et celle des autres en danger, à cause d'un retard de cinq minutes.
Faites-vous de la vitesse ?
Non, jamais. Je suis d'ailleurs la risée des amis parce que je conduis doucement.
Faites-vous une virée dans la cuisine avant le f'tour ?
Non, les odeurs me tuent.
Si vous avez le Président de la république devant vous, que lui diriez-vous ?
Je lui dirais saha ftourek et saha ramdanek
Carte ou dominos après la prière des tarawih ?
La Coinche avec les copains.
Aksas dit que vous ne savez jouer ni aux cartes ni à autre chose, et que vous êtes nulle en tout. Que répondez-vous ?
J'ai lu ce qu'il a dit de moi. Alors, je lui dis de venir ce soir pour une partie de Coinche face-à-face et on verra la raclée qu'il va prendre. Amine est mon frère, mon ami et wlid houmti, mais c'est quelqu'un qui ne sait jouer qu'au jeu de dames et au jeu «ronda». La Coinche, c'est plus grand que lui.
Vous enfants jeûnent-ils ?
Mon fils Islam a 6 ans, il m'a dit qu'il veut jeûner, je le laisserai peut-être jeûner la nuit du 27. Samir est encore jeune, il a quatre ans.
Votre programme télé préféré ?
Imarat el Hadj Lakhdar, caméra cachée et Kamel Bouaâkaz, il me tue de rire.
Saha f'tourek Abdelkader...
Nta zada et saha f'tour à tous les Algériens, ici et à l'étranger, sans oublier mon frère Hsissen.


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