«Anthar était un grand frère pour moi à Bastia» «A 30 ans, il peut encore beaucoup donner à l'Algérie» Le transfert d'Alexandre Song, le puissant milieu de terrain camerounais, au FC Barcelone a constitué l'évènement de l'été en Espagne. Mercredi dernier, il a fait la une de tous les plus grands quotidiens espagnols. Le temps de lui trouver un appartement pour qu'il puisse y aménager avec sa famille, Song a été installé à l'hôtel Rey Juan Carlos de Barcelone, le même où Le Buteur et tous les médias qui couvrent The Chance Nike sont logés depuis le 19 août dernier. Mercredi, c'était journée libre pour tout le monde, une occasion pour scruter les entrées et sorties des clients, notamment le plus prestigieux parmi eux : Song. Vers 14h et alors que nous sirotions un thé en face de la réception, Song traversait le hall en pressant le pas vers la porte de sortie où l'attendait un taxi. Un moment à ne pas rater. «Anthar était un grand frère pour moi à Bastia» Comme tous les Africains, Song est très facile à aborder. Pas besoin de salamalecs pour commencer la discussion, il fallait juste décliner son identité. «Depuis que j'ai côtoyé Anthar Yahia à Bastia, j'ai appris à aimer les Algériens, des gens très attachants, Anthar était pour moi un grand frère, lui, c'était la star à Bastia et moi, je débutais à peine en équipe première», nous a-t-il raconté pour ensuite nous dire son admiration pour le héros d'Oum Dorman : «Moi, je l'appelais souvent l'artiste, parce que c'était un vrai artiste avec sa conduite de balle et son jeu tout en finesse.» De Bastia, chacun des deux Africains a fait son chemin : Anthar a fait une virée à Nice, avant de s'installer dans la durée en Allemagne. Song s'est d'abord imposé à Bastia pour ensuite faire le grand saut à Arsenal, puis depuis mardi vers le grand FC Barcelone. «A 30 ans, il peut encore beaucoup donner à l'Algérie» Après le premier échange, Song a demandé des nouvelles de Yahia et on lui a expliqué qu'il jouait toujours en Allemagne, mais qu'il avait mis fin à sa carrière internationale. Même s'il dit respecter le choix de Yahia, Song avait ouvert de grands yeux lorsqu'il a appris la nouvelle. «Il a quel âge ?», nous a-t-il demandé ? «A 30 ans, on a encore beaucoup de choses à donner à son pays, mais bon, c'est sa décision et il faut la respecter. Je lui souhaite bon courage pour la suite de sa carrière et passez-lui le bonjour de ma part», a-t-il lancé. «J'ai dû lui cirer ses chaussures en 2004» Profitant de ce moment unique, nous avons rappelé à Song l'histoire du pari qu'il avait lancé à Anthar Yahia, avant son départ pour la CAN-2004. Cette année-là, Song n'avait que 16 ans, mais il faisait déjà figure de grand espoir. Yahia, lui, en avait 22 et était déjà un joueur très important à Bastia et en sélection qu'il venait juste de rejoindre à la faveur de la première loi sur les bi-nationaux. «Si l'Algérie perd par moins de 3 à 0 face au Cameroun, je te cirerai tes chaussures à ton retour à Bastia», l'a-t-il défié. De quoi titiller l'orgueil du guerrier algérien qui a réussi avec ses frères d'arme de la première heure à tenir en échec le grand Cameroun des Rigobert Song, l'oncle d'Alexandre, Eto'o, Geremy, Kameni, M'boma... De retour à Bastia, Yahia est allé directement vers le jeune Song pour lui faire tenir sa promesse. Chose promise, chose due ? «Un pari est un pari et j'ai dû lui cirer ses chaussures parce que pour tenir en échec cette équipe du Cameroum, il fallait être très fort», a avoué Song avec un large sourire. «Voyez avec le club et on fera une longue interview» Lorsque nous avons sollicité Song pour une longue interview, le soir à l'hôtel, le joueur camerounais s'est excusé en nous rappelant qu'à Barcelone, il y a des règles strictes à respecter. «On ne parle qu'en conférence de presse ou en zone mixte. Pour les interviews, il faut une autorisation officielle du club. Si vous arrivez à l'avoir un jour, on parlera plus longuement, surtout de l'Afrique», a promis Song avant de s'engouffrer dans la luxueuse voiture qui le ramenait à une destination inconnue pour nous. A Barcelone, il est déjà le nouveau Yaya Touré Si une équipe comme le Barça a choisi de recruter Song, c'est qu'elle a décelé en lui de grandes qualités. Voici l'avis d'Andoni Zubizarreta, le directeur sportif du Barça : «Quand on voit Song, on se dit surtout ‘quelle force de la nature !' Mais sur le terrain, on voit aussi que techniquement, il est très bon, c'est un joueur complet, quoi !» La comparaison est vite trouvée par les journalistes espagnols qui ont tout de suite pensé à Yaya Touré qui a laissé sa trace au Camp Nou. D'ailleurs si Song est à Barcelone, c'est pour permettre à Sergi Busquets de se reposer un peu et pour renforcer aussi l'axe central, l'un des rares points faibles du Barça la saison passée. Comme le faisait si bien Yaya Touré. «Mes enfants sont des fans de Messi» Lors de sa présentation à la presse barcelonaise, Song a répété qu'il était heureux de jouer dans le meilleur club du monde, mais la phrase qui a fait plaisir à tout le monde ici est lorsqu'il a parlé de Messi. «Quand mes enfants jouent au foot à la maison, ils se voient toujours dans la peau de Messi, ils veulent à tout prix lui ressembler, c'est vous dire leur bonheur lorsqu'ils ont appris que leur papa va jouer dans le même club aux côtés du meilleur joueur du monde», a confié Song à des journalistes surpris, mais qui n'en demandaient pas plus pour leur une.