Rahim : «Ce derby restera un mauvais souvenir pour moi» Alors Tarek, que pensez-vous du match de ce soir entre l'USMA et le MCA ? C'est un match derby entre deux équipes qui se connaissent parfaitement. En tout cas, je pense que cette rencontre a perdu de son charme. Par le passé, à notre époque, le match commençait bien avant. C'était plus chaud que maintenant. Beaucoup pensent que le Mouloudia part favori, cette fois-ci, par rapport à l'USMA... Oui, c'est vrai. Le Mouloudia se trouve dans une bonne situation par rapport à l'USMA, dont les joueurs seront sous une terrible pression. La défaite est interdite pour l'USMA. Je pense aussi que ses joueurs commencent à douter après une telle déconfiture. Pensez-vous que l'USMA est en pleine crise ? Oui. A vrai dire, l'USMA est en pleine crise. Ils ont commencé par un nul à domicile alors que tout le monde s'attendait à une victoire. Après, ils ont concédé une défaite à El-Eulma. Une défaite lors de ce derby est interdite pour les Rouge et Noir sinon ils vont encore s'enfoncer plus. De ce fait, ils vont tout faire pour l'éviter. Il ne faut pas oublier que les dirigeants de l'USMA ont mis tous les moyens nécessaires, alors que l'équipe n'a pas réalisé de résultats satisfaisants, il faut comprendre ça aussi. Donc, vous soutiendrez, sans doute, le Mouloudia ? Oui, et comment ! C'est l'équipe du cœur. A votre avis, où se situe le problème de l'USMA ? L'USMA ne possède pas une ligne d'attaque. Sincèrement, mis à part Daham, qui peut marquer et changer le cours d'un match à n'importe quel moment, aucun autre n'est capable de scorer. En revanche, le Mouloudia possède une bonne offensive, avec des attaquants très rapides, comme Sayah et Djallit. En défense, l'USMA n'a pas aussi beaucoup de choix. Excepté Laïfaoui, les autres ne sont pas tous convaincants. Même le Mouloudia souffre de ce compartiment, mais dans l'ensemble ça ira. Vous avez disputé beaucoup de derbys, comment les avez-vous vécus ? J'ai pris part à quatorze derbys sans défaite. Je n'oublierai jamais ceux de 1988-1989. C'était mes premier derbys après ma promotion en séniors, et on avait gagné en aller-retour. Ce jour-là, Belhouchet s'était bien illustré. Mais vous avez quand même perdu le match de 1995 à Bologhine, qui a été rejoué à huis clos... Non, je ne comptabilise pas ce match. Pour moi, j'estime que c'était un match amical, un match d'entraînement, puisqu'il avait eu lieu à huis clos. Lors du premier match de 1995, les supporters vous ont sifflé en vous réservant un accueil spécial, après avoir refusé de jouer à l'USMA. Racontez-nous ce qui s'est passé... Exactement. A l'époque, des dirigeants de l'USMA sont venus me voir pour solliciter mes services auprès de l'USMA. Ce à quoi j'ai répondu par la négative. J'étais un enfant du Mouloudia et je voulais y rester. Lors de ce match, dès mon entrée sur le terrain, je me suis dirigé directement vers la tribune des supporters du Mouloudia pour les saluer en taquinant les Usmistes. Après, j'ai joué le match le plus normalement du monde. Au contraire, les sifflets m'ont gonflé à bloc. Mais au retour, il y avait ce malheureux épisode avec Rahim... Oui, je m'en souviens, c'était le destin. Rahim demeure un grand joueur, un ami et un frère pour moi. A ce moment-là, je ne souhaitais pas lui dire un mot. La preuve, l'arbitre n'avait sifflé ni faute, ni penalty et ni même un carton jaune. Pour un défenseur comme moi, il ne fallait pas le laisser marquer, car il allait ouvrir le score. Malheureusement pour lui, il était mal tombé. Votre pronostic pour ce match ? Une victoire de deux buts à un pour le Mouloudia. Je pari que Djallit marquera ainsi que Babouche d'un coup franc. Pour les Usmistes, c'est Benmoussa, en forme en ce moment, qui réduira le score. -------- Rahim : «Ce derby restera un mauvais souvenir pour moi» Alors Azzedine, le derby USMA-MCA approche à grand pas, il ne reste que quelques heures et on veut connaître votre avis sur ce match... A mon avis, ce derby diffère des anciens. Je me souviens à notre époque, le derby commençait bien avant, presque quinze jours avant le coup d'envoi. Dans les rues de Bab El-Oued, la Casbah et autres quartiers, les drapeaux des deux clubs se frôlaient. On commençait à préparer les chansons aussi. C'était vraiment un moment magique. Quand le jour «j» arrive, je ne vous dis pas, c'était magnifique. Mais les deux clubs sont dans deux situations différentes... Absolument. L'USMA a mis les moyens cette saison ; mais en deux matches, elle n'a remporté aucun. Les Usmistes ont été tenus en échec lors du premier match à domicile, puis ils ont concédé une défaite à El-Eulma. Il me semble qu'ils sont dans l'obligation de réagir. En face, il y a le Mouloudia qui a enchaîné avec deux victoires lors des deux premiers matches. Donc, le Mouloudia part favori ... Non, ça m'étonnerai. Certes, le Mouloudia a réussi à battre ses deux premiers adversaires, contrairement à l'USMA, mais cela n'a rien à voir. Le derby diffère des autres matches. D'ailleurs, pour préparer un tel match, il faut se baser beaucoup plus sur l'aspect psychologique. Un entraîneur n'a pas à préparer un schéma tactique ou autre chose. Il suffit seulement de se concentrer sur ce côté. Même les joueurs n'auront pas besoin d'une motivation. La motivation vient seule. Gagner un derby n'est pas la tâche de l'entraîneur, mais cela dépendra des joueurs. Quels sont les caractéristiques de ce derby ? USMA-MCA, c'est toute une histoire. D'ailleurs, dans une famille, vous trouvez deux clans, ceux qui aiment le Mouloudia et ceux qui aiment l'USMA. Après le retour de l'USMA parmi l'élite en 1995, racontez-nous le premier derby ? C'était un match spécial pour nous, croyez-moi. D'ailleurs, le match avait eu lieu au stade de Bologhine, très exigu. A l'époque, beaucoup de supporters avaient passé la nuit devant les portes du stade. Le jour j, à 10h, le stade était plein à craquer où il y avait une folle ambiance. Par la suite... Le match a commencé. Quelques minutes après l'ouverture du score, l'arbitre avait été atteint par un fumigène. Cela a engendré, donc, l'arrêt de la partie, rejouée à Bologhine à huis clos où on avait battu le Mouloudia par la plus petite des marges, 1 à 0. Mais je suis persuadé, quand même, qu'un tel événement ne devrait pas se produire à Bologhine, le 5-Juillet était mieux conçu pour recevoir ce genre de rencontre. Cela permettra aux supporters de se rendre en masse au stade. Aussi, l'ambiance est garantie d'avance. Ce jour-là, vous aviez contracté une grave blessure. Un commentaire ? Oui, c'est vrai, mais je pense que c'est le destin. Ce derby demeure un mauvais souvenir dans ma carrière. D'ailleurs, je ne me souviens que de peu de choses de ce match. OK, ça ne fait rien. Vos souvenirs à propos de ce fameux match que vous avez perdu... Je me souviens que j'avais joué seulement treize minutes, avant de quitter le terrain. A ce moment-là, j'avais perdu connaissance. Il était écrit comme ça, c'est le destin que voulez-vous qu'on fasse ? Après ma blessure, j'ai oublié tout le match, le résultat m'intéressait peu. Concernant le derby de 2000, après votre retour à la compétition, vous avez gardé, quand même, des souvenirs, n'est-ce pas ? Oui, c'est sûr. D'ailleurs, j'ai failli marquer. Je pense que ce derby restera parmi les meilleurs, vu l'intensité et l'ambiance. J'étais vraiment chanceux d'avoir pris part à un tel match. Votre pronostic pour le match, avant de conclure ? Je ne peux pas donner de pronostic. C'est difficile. Il y a plusieurs paramètres qui rentrent dans une telle confrontation.