«Personne ne m'a expliqué ma mise à l'écart de l'EN en 2001 et 2004. En tout cas, il y a une justice divine» «L'accession, c'est une réponse sur le terrain à ceux qui ont juré de me raccrocher les crampons» Tout d'abord Rafik, félicitations pour l'accession… Merci. Je vous remercie beaucoup d'être présent à mes côtés. L'accession, c'est le fruit du travail qu'on a accompli durant toute une saison. Ça a fini par payer, Dieu merci. A qui la dédiez-vous ? A mes parents. Vous attendiez-vous à une telle fin de carrière, avec une participation à la Coupe du monde et une accession avec Amiens en L2 ? Honnêtement, non. Je ne m'y attendais pas. Seul Dieu le savait. Moi, je crois en Lui et je Le remercie. Quand songez-vous raccrocher les crampons ? Le jour où je ne pourrai plus jouer et que je n'aurai plus cette envie de jouer au football. Mais on veut savoir si vous serez présent sur le terrain la saison prochaine… Maintenant qu'on a accédé en Ligue 2, j'ai encore un an de contrat avec Amiens. En principe, je vais jouer et par la suite, on verra où le destin va me mener. Est-ce une réponse aussi à vos détracteurs qui ont juré de vous pousser à raccrocher les crampons? Oui, je sais qu'il y a des gens qui ont dit que je ne vais plus pouvoir jouer encore. Moi, je leur dis Rabi yahdikoum inch'Allah. Ma réponse, c'est ce soir sur le terrain. C'est cette accession. Est-ce que vous suivez toujours l'actualité de votre ancienne équipe, le Mouloudia d'Alger ? Je suis toujours l'actualité du Mouloudia. Je suis le premier supporter de ce grand club. Le Mouloudia est dans mon cœur et dans mon sang. L'équipe a réussi à se qualifier à la phase des poules de la Ligue des champions africaine, avez-vous suivi son parcours ? Oui, bien sûr. Comme je vous l'ai dit, je suis toujours l'actualité du Mouloudia. En Coupe d'Afrique, j'ai vu tous ses matchs. Même celui contre le Dynamos ? Oui, c'est de ce match que je parle particulièrement, celui qui s'est joué à Bologhine. J'ai suivi le match à la télévision et j'étais très content pour mon club. Après une lourde défaite au Zimbabwe (4-1), les joueurs ont réussi à relever le défi. Ce n'est pas facile de réaliser une telle performance. Les joueurs ont fait preuve de grande volonté. Je pense qu'avec cette qualification, l'équipe est revenue en championnat. Mais en championnat, l'équipe est mal en point… Oui, mais il ne faut pas oublier qu'ils se sont qualifiés à la phase de poules de la Ligue des champions. J'espère qu'ils iront encore loin, car le public mouloudéen mérite d'être heureux. Vous espérez voir le MCA gagner la Ligue des champions, n'est-ce pas ? C'est certain, mais tout est lié au destin. Nous par exemple en Equipe nationale, personne ne s'attendait de nous voir aller en Coupe du monde. Finalement, on l'a fait. On avait arraché haut la main la qualification au Mondial, alors pourquoi le Mouloudia ne serait-il pas champion d'Afrique ? En cas de qualification en finale, seriez-vous présent au stade ? Si le Mouloudia se qualifie en finale de la Ligue des champions, je serai au stade inch'Allah, c'est promis. Vous souvenez-vous du titre de 99 que vous avez décroché avec le Mouloudia ? Je n'oublierai jamais cette saison-là. On avait réussi à décrocher le titre de champion d'Algérie, après 20 ans de disette. J'ai été sacré meilleur joueur de la saison en Algérie. Et après, j'ai signé un contrat professionnel avec Troyes. C'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. C'est grâce au Mouloudia, je n'oublierai jamais ça. C'est pour ça que lorsque les gens me demandent mon plus beau souvenir, je leur dis que c'est le Mouloudia. Justement, vous avez pris part à la demi-finale de la Coupe d'Algérie face à l'USMA au 5-Juillet. Dans un entretien qu'il nous a accordé, Mounir Zeghdoud dit que c'est son plus beau match… Oui, je suis d'accord avec mon ami et frère Mounir. C'était un match exceptionnel. D'ailleurs, je pense que c'est l'une des rares fois où il y avait une telle ambiance de folie au 5-Juillet. En plus, il y avait de grands joueurs sur le terrain, des buts, du spectacle aussi et une ambiance du tonnerre. Moi personnellement, j'en garde de bons souvenirs. Vous avez été la bête noire du voisin usmiste en inscrivant deux buts. Le premier au match aller, le second en coupe… Oui, cette saison-là, l'USMA m'a bien réussi. J'avais réussi à inscrire deux buts. Le premier, c'était lors du match aller et le second en coupe. Sur le terrain, les Usmistes étaient nos frères ennemis. Il fallait à tout prix satisfaire nos supporters. Mais en dehors du terrain, on était tous des frères et on entretenait d'excellents rapports. Au cours de cette saison, on se rappelle de Tarek Ghoul qui, à la suite d'un de vos gestes techniques, s'est retrouvé à terre et qui a fait la une de la presse… Oui, mais ce n'était qu'un détail. Tarek est un frère pour moi et je profite de cette occasion pour le saluer. Cette saison, vous n'aviez qu'un seul objectif, le titre puis l'Europe, et ça s'est concrétisé pour vous… Oui, c'était mon objectif. Le premier, c'est le titre de champion d'Algérie. Le second objectif, c'était d'aller en Europe. Je voulais y aller. Dieu merci, mon rêve a été exaucé. Je tiens aussi à préciser que les dirigeants du Mouloudia de l'époque, à leur tête le président Mohamed Djouad, et même les supporters, avaient compris ma situation. Je voulais partir pour progresser et ils m'ont facilité la tâche. Je les en remercie, mais je tiens à vous dire que c'est cela qui m'a fait aimer encore plus le club. A cette époque-là, la presse avait annoncé que le président de l'USMA, Saïd Allik, vous avait contacté… Non, ce n'est pas vrai. Allik ne m'avait pas contacté. Avant de signer à Troyes, je n'avais aucune proposition. L'année d'avant, il y avait par contre un contact avec le président de la JSK, Hannachi. Justement, vous avez failli jouer à la JSK. Racontez-nous cette aventure… C'était la saison précédant le titre. Je me souviens que Djouad était partant. Il avait pris la décision de quitter le club. Entre-temps, j'avais été contacté par le président de la JSK, Mohand Cherif Hannachi. Je l'avais rencontré et on s'est mis d'accord sur tout, mais il me restait encore une année de contrat au Mouloudia. Mais après, j'ai discuté avec Djouad qui m'avait convaincu de rester. Les supporters aussi avaient refusé aussi que je parte. Le destin a voulu que je reste encore au Mouloudia pour ensuite partir à l'étranger. Et dire que vous étiez sur le point de porter le maillot de la JSK, chose que beaucoup de gens ignorent… Oui, je sais que beaucoup l'ignorent. J'avais rencontré Hannachi et j'avais trouvé un accord, sans pour autant raconter cette histoire aux gens. J'avais aussi rencontré Djouad aussi, mais je tiens à dire aussi que toutes ces rencontres se sont faites dans la plus grande discrétion. Et comment cette histoire avait connu son dénouement ? Moi, je n'ai pas voulu m'immiscer. J'ai laissé Djouad et Hannachi discuter pour trouver un terrain d'entente. Ils l'ont trouvé, heureusement. En tout cas, les deux hommes ont été corrects avec moi et compréhensifs. Aujourd'hui, vous remerciez les supporters qui avaient refusé votre départ... Oui, bien sûr. Aujourd'hui, je les remercie du fond du cœur, car ils m'ont fait confiance. C'est grâce à eux que j'ai pu remporter, la saison d'après, le titre de champion d'Algérie et signer un contrat professionnel avec Troyes. Ne pensez-vous pas que le match RCK-MCA qui s'est joué au stade Benhaddad de Kouba n'était pas le mieux indiqué pour être supervisé par des émissaires du PSG qui étaient venus vous voir ? Oui, ça m'est resté en travers de la gorge. Les superviseurs du PSG sont venus me voir à l'occasion de ce match face au RCK. J'ai essayé de me donner à fond pour montrer mes qualités, mais, en fin de match, je me suis rendu compte que ce n'était pas le match qu'il fallait pour être supervisé. J'étais très déçu, mais malgré cela, les dirigeants m'ont préparé un contrat que j'ai refusé par la suite. Pourquoi l'avez-vous refusé ? J'ai refusé, car les dirigeants parisiens étaient voulaient que je signe, à condition qu'ils me prêtent à un autre club. J'ai refusé cette proposition et Dieu merci, je me suis engagé avec l'ESTAC par la suite. Gardez-vous en mémoire votre but face au CA Batna en finale de la Coupe du 1er-Novembre au 5-Juillet ? Je ne pourrais jamais oublier ces moments-là. J'avais presque vingt ans et je revenais d'une blessure de six mois. J'avais réussi à marquer l'unique but de la partie, devant des gradins du stade du 5-Juillet pleins à craquer. Vous étiez encore jeune en effet, tout ce beau monde vous a impressionné, non ? Non, pas du tout. Le stade était plein, car ça faisait belle lurette que le Mouloudia n'avait pas disputé de finale. C'était quelque chose d'extraordinaire pour moi. Seulement, j'avais vécu ces moments la saison d'avant lorsque je faisais parfois des apparitions. Votre première apparition avec l'équipe seniors du Mouloudia remonte à quand ? C'était lors de la saison 96-97, à l'occasion d'un match MCA-CSC qui s'est joué à Bologhine, si ma mémoire est bonne. On avait réussi à gagner par trois buts à zéro. J'avais fait mon apparition en cours de jeu. Certains supporters avaient même demandé au président de l'époque, Djouad, de supprimer le numéro 8… Sincèrement, je n'ai pas eu vent de ça, mais je pense que c'est une preuve de respect des Mouloudéens pour moi. Ça fait vraiment plaisir. Comment avez-vous vécu les deux finales de Coupe d'Algérie gagnées par le Mouloudia face aux frères ennemis usmistes en 2006 et 2007 ? Je les ai suivis comme un supporter devant la télévision. Pour la première, j'avais suivi une mi-temps seulement puisque je suis parti par la suite à l'entraînement. Mais la deuxième, lorsque Fodhil Hadjadj avait marqué un très joli but d'un tir lointain, je l'ai suivie intégralement. J'étais vraiment heureux pour mon ancienne équipe et surtout pour les Chnaoua que je considère parmi les meilleures galeries. En Equipe nationale, vous avez effectué vos débuts contre la Bulgarie à Sofia avec le duo Ighil-Pegula… Oui, c'est cela. Meziane Ighil était le premier à me convoquer en Equipe nationale. C'était à l'occasion du match amical face à la Bulgarie, à Sofia. Auparavant, j'avais pris part à des regroupements, mais mon premier match, c'était face à la Bulgarie. Justement, vous avez parlé de Meziane Ighil. Ce dernier, après une période difficile, est en train de faire un très bon parcours avec l'ASO Chlef. Il est sur le point de remporter le titre de champion d'Algérie… Meziane Ighil est un grand homme. Moi personnellement, j'ai appris beaucoup de choses avec lui. A chaque fois que je le croise, c'est avec un grand plaisir. C'est un homme à principes et honnête. Lors de ce match face à la Bulgarie, il y avait un grand joueur en face, Stoichkov. C'était sans doute votre idole ? Non, mon idole depuis mon enfance, c'est Rabah Madjer. Lui, c'est un grand joueur. IL y a quelqu'un d'autre que je considère comme mon idole aussi, c'est mon père. Por en revenir à ce match contre la Bulgarie, je dois dire que le fait d'avoir joué face à Stoichkov à cet âge est un grand plaisir pour moi, lui qui a fait les beaux jours du FC Barcelone. L'on se rappelle aussi de ce fameux match perdu face à la Tunisie au stade du 5-Juillet, durant lequel vous avez fait votre entrée en début de seconde mi-temps, malgré votre jeune âge… Oui, Ighil m'a fait confiance, c'est une preuve de plus qu'il m'estime beaucoup. Je me souviens que j'avais fait mon entrée en cours de jeu, cinq minutes seulement après le début de la deuxième mi-temps. J'avais tout fait pour permettre à mon équipe de revenir au score. Vous avez été l'auteur de la passe à Tasfaout qui a marqué le but de l'égalisation que l'arbitre n'avait pas validé pour cause de hors-jeu… Oui, c'est vrai. J'avais fait une très longue passe en profondeur à Hafid. Il avait réussi à égaliser, mais l'arbitre avait signalé une position de hors-jeu, alors qu'en réalité, c'était un but valable. Vous avez même tenté un ciseau et la balle est passée à quelques millimètres seulement du poteau… Oui, c'est une preuve que j'ai tout tenté. Mais le ballon ne voulait pas rentrer. C'était vraiment amer. J'avais ressenti une grosse déception, surtout pour le public était venu en force au stade. Moi, je voulais gagner, mais dommage. Puis il y a eu le Liberia et ce voyage à Monrovia dans des conditions qu'on vous laisse raconter… A l'époque, tout le monde pensait que l'EN allait perdre. Personne n'a songé à un très bon résultat, même les journaux à l'époque avaient titré que c'était une mission commando pour les Verts. On était complètement dos au mur. La défaite nous était complètement interdite. En plus, au Liberia, c'était la guerre civile. Une fois là-bas, on avait découvert des bâtisses brûlées et des tas d'autres choses. Bon bref, nous avions disputé le match et réussi à revenir avec un nul positif. J'avais réussi même à inscrire un très joli but. Au retour, il y avait aussi le chauffeur qui ne voulait pas nous prendre à l'aéroport. Il voulait qu'on lui fasse le plein d'essence, mais aussi de l'argent. Une fois à l'aéroport, ils n'ont pas voulu qu'on décolle, heureusement que le pilote avait pris la décision de décoller et Dieu merci. Même au retour, vous avez fait un grand match en face d'un grand Georges Weah… Oui, je me souviens de ce match qui s'est joué à Annaba. Mes amis m'avaient chambré avant, mais par la suite, ils m'ont félicité, car il y avait un grand Georges Weah que j'ai pu dribbler et j'ai réussi à marquer. La preuve, il avait joué en défense et après une seule montée, il a réussi à marquer l'unique but du Liberia. Durant la CAN 2000, vous n'avez pas beaucoup brillé, mis à part contre le Cameroun… Oui, tout d'abord, j'avais raté le match amical face au Vasco de Gama du Brésil. J'étais avec mon club, puis j'ai rejoint le groupe. Je revenais d'une blessure, mais le coach m'a fait quand même confiance et j'ai joué les deux premiers matchs. Le troisième match, je ne l'ai pas joué, j'étais déçu et en colère, mais lors du match du quart de finale, j'ai joué face au Cameroun contre qui j'ai fait mon meilleur match. Ne pensez-vous pas que l'équipe était crispée, vu qu'après une demi-heure de jeu, le Cameroun avait réussi à marquer deux buts… Oui, un peu… c'est vrai. Mais il ne faut pas oublier qu'en face, il y avait la grande équipe du Cameroun qui avait réussi la même année à décrocher le trophée et comptait une armada de joueurs. A la fin du tournoi, je me souviens que Samuel Etoo avait déclaré que l'Algérie était l'adversaire le plus coriace que le Cameroun a eu à affronter. Après un tel parcours durant la CAN, puis un bon début des éliminatoires du Mondial 2002 face au Cap-Vert, l'équipe a beaucoup régressé, pourquoi ? Je me souviens qu'on avait entamé les éliminatoires de la Coupe du monde par un tour préliminaire face au Cap-Vert. On avait réussi à se qualifier grâce à un but que j'ai marqué, puis un autre inscrit par Bourahli. Mais par la suite, les résultats n'ont pas suivi. Vous savez, si vous changez les joueurs à chaque fois et puis le staff technique, vous ne pourrez jamais avancer. Ne pensez-vous pas que ce penalty raté par Kraouche face au Sénégal à Annaba a joué un vilain tour à la sélection durant les éliminatoires ? Non, c'est le destin qui a voulu ça. Kraouche n'y est pour rien. C'est vrai qu'à l'époque, le sélectionneur Djadaoui m'avait désigné comme étant le premier tireur des penalties. On en avait même eu un en première mi-temps que j'ai marqué. Lorsque ce penalty est venu, j'allais le tirer, mais Kraouche avait pris le ballon. Je ne pouvais pas le lui enlever devant tout le monde. Il s'est senti en pleine confiance, je l'ai laissé donc tirer. Même si c'était moi qui l'avais tiré, je l'aurais peut-être raté aussi. Après le match contree le Maroc à Fès, vous n'avez plus été convoqué en sélection, pourquoi ? Je ne sais pas. Sincèrement, personne ne m'avait expliqué à l'époque ma mise à l'écart. Mon dernier match, c'était face au Maroc et on était sous pression. C'était même le premier match de Djamel Belmadi avec la sélection. Mais par la suite, on ne m'a plus fait appel. Moi, je ne peux pas obliger un entraîneur à me convoquer de force. Mais cette saison-là, j'avais disputé des matchs de Coupe d'Europe avec mon club de Troyes. Donc, j'étais bien en jambes. Et par la suite, est-ce que Djadaoui vous en a expliqué les raisons ? Non, mais je ne lui tiens pas rancune. D'ailleurs, on s'est rencontrés par la suite à Tunis et on s'est salués. Comment avez-vous suivi le 5-2 du Caire loin du groupe ? C'est une défaite qui m'a fait mal au cœur, comme tous les Algériens. J'avais suivi le match à la télé. C'est un derby face à l'Egypte et une telle défaite m'a fait beaucoup mal. Mais par la suite, avec la venue de Madjer, vous avez effectué votre grand retour en sélection… Juste après son installation, M. Madjer m'a appelé au téléphone. On a eu une discussion franche ensemble. Et il m'a redonné confiance. Son discours m'a beaucoup plu et j'avais une grande envie de revenir en sélection. Avec Madjer, tout se passait à merveille. Son premier match à la tête de la sélection, c'était face à l'équipe de France à Paris, mais malgré cela, on a fait un match très correct. Par la suite, on a travaillé dur et on a vu une bonne Equipe nationale face à la Belgique. Dommage que Madjer soit parti. Même durant la CAN 2002 qui s'est tenue au Mali, on avait vu une très bonne équipe d'Algérie, notamment face au Nigeria… Oui, comme je vous l'ai déjà dit, sous l'ère Madjer, la sélection marchait à merveille. Durant la CAN, on avait fait un très bon parcours. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on était en pleine reconstruction. Saâdane avait pris le relais après Madjer et vous avez été écarté encore une fois… Croyez-moi que jusqu'à présent, je ne connais pas les raisons de cette mise à l'écart. Je ne sais pas pourquoi on m'a écarté. En tout cas, il y a une justice divine. Personne ne vous a expliqué votre mise à l'écart ? Non, personne. On parlait à l'époque d'un problème entre vous et Boualem Charef… Sincèrement, je ne sais pas… Ne pensez-vous que si vous aviez été présent à la CAN 2004, vous auriez pu donner un plus à l'équipe, puisqu'il y avait pas mal de jeunes joueurs, comme Ziani et Anthar Yahia… A cette époque-là, j'étais un joueur clé à l'ESTAC de Troyes. Je jouais comme titulaire et j'ai pris part à toutes les rencontres. Pour ce qui est de votre question, je ne peux pas vous donner de réponse, car j'aurais pu apporter un plus comme je n'aurais pas pu la faire. Votre retour a coïncidé avec une cuisante défaite à domicile à Annaba face au Gabon… Oui, j'ai fait mon retour face au Gabon, après une année ou plus d'absence en Equipe nationale. Je me suis retrouvé à courir seul dans tous les sens, on était réduits à dix, après l'expulsion de Cherrad. Vous vous êtes même accroché avec un supporter à la fin du match… Ce supporter a commencé à insulter tout le monde. Je lui avais dit de ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Et à ce moment-là, il a insulté ma mère. Je me suis donc accroché avec lui parce que ma mère, c'est sacré. Les ratages de la CAN 2006 puis de 2008, comment les avez-vous vécus ? Dans la vie, on sème ce qu'on récolte. On avait une bonne équipe, surtout celle de Cavalli, mais on n'arrivait pas à se qualifier. On était premiers pendant un bout de temps, mais on a fléchi à la fin. C'est vraiment dommage, car M. Cavalli a fait du bon boulot. Si vous voyez l'équipe qui est allée en Coupe du monde, la majorité des joueurs étaient sous la Coupe de Cavalli. Mais beaucoup pensent que face à la Guinée, c'était une faillite tactique de la part de Cavalli qui a trop joué la défensive… Non, je ne partage pas votre avis. Si on avait gagné, on n'aurait pas dit que c'est une faillite tactique. Certes, on a joué avec un seul attaquant, c'était un choix, mais malheureusement, on a perdu. C'est vrai, c'est le résultat de ce match qui nous a éliminés. La grosse déception dans ce match, c'était celle du public venu des 48 wilayas qui avait envahi le temple olympique … Oui, c'était la grosse déception. Ils sont venus de partout pour nous soutenir. C'est vraiment dommage. Au coup sifflet final de l'arbitre, j'ai eu une pensée pour eux. Je sais qu'on les a déçus, on ne leur a pas donné tout ce qu'ils attendaient de nous. Dommage ! Un peu avant ce match face à la Guinée, vous avez raté un match amical face à l'Argentine. Le regrettez-vous aujourd'hui ? Non, pas du tout. Je voulais, certes, jouer cette rencontre, mais des affaires familiales m'en ont empêché. En Gambie, lors du dernier match des éliminatoires de la CAN 2008, vous avez ouvert le score, avant de sombrer à la fin… J'avais marqué un but au début du match, mais par la suite, on a appris le résultat de l'autre match Guinée-Cap-Vert. Donc même la victoire n'aurait rien changé. C'est pour cela qu'il y a eu peut-être un relâchement. Puis vous avez arraché une qualification historique à la Coupe du monde 2010, alors que personne ne s'attendait, après deux ratages en CAN… Oui, c'est vrai. Personne ne s'attendait à nous voir aller en Coupe du monde, notamment après avoir raté deux phases finales de la CAN. Les éliminatoires nous ont fait grandir, mais je pense que celui du Sénégal a permis à l'équipe de prendre conscience de ses capacités. Comment avez-vous suivi le match contre l'Egypte qui s'est déroulé à Tchaker, loin du groupe, puisque vous étiez suspendu ? C'est difficile. Oh, c'est affreux ! Personnellement, je préfère être sur le terrain que d'être dans la tribune. D'ailleurs, je suis descendu sur le terrain, puis à la mi-temps au vestiaire, j'étais sur les nerfs. Mais à la fin du match, j'ai décompressé en faisant le tour du stade avec le drapeau algérien. Durant ces éliminatoires, vous avez été décisif en inscrivant, face à la Zambie, deux buts qui ont fait gagner six points à l'EN… Dieu merci, j'ai réussi à marquer au bon moment. Maintenant avec du recul, je remercie Dieu de m'avoir permis d'aider mon pays. Seulement, il faut savoir que c'est la qualification de tout un groupe. Ce sont tous les joueurs qui y ont contribué, à commencer par Abdeslam, Bezzaz et même d'autres. Et le match d'Oum Dourman ? Vous savez, après la victoire du titre de champion d'Algérie en 1999, le deuxième plus beau souvenir dans ma carrière, c'était la victoire d'Oum Dourman. C'était un moment magique. Il fallait battre l'Egypte sur terrain neutre et on l'a fait. Aujourd'hui, je montre même des vidéos à mon fils. Vous avez mis fin à votre carrière d'international face aux USA, c'est une fin en beauté… Oui, je ne peux pas espérer une fin de carrière meilleure que celle-ci. Participer à une Coupe du monde puis mettre un terme à ma carrière internationale, je pense que c'est une bonne chose. Il y a le match du Maroc qui approche ; quel est le message que vous voulez transmettre à vos coéquipiers ? Je leur demande d'avoir confiance en eux, c'est le plus important. Il faut qu'ils continuent à jouer comme ils savent le faire. Je sais que ce sera difficile après un changement d'entraîneur et de joueurs, mais ça va passer inch'Allah. Ils ont fait l'essentiel lors du match aller. Maintenant, ils doivent bien négocier ce match. Dans le cas où le sélectionneur national vous fait appel pour aider la sélection lors des matches restants pour se qualifier à la CAN, accepteriez-vous cette proposition ? Oui, bien sûr, c'est avec grand plaisir que je répondrai favorablement à la demande du sélectionneur de mon pays. Mais au moment opportun, on verra bien. Je ne suis pas sûr qu'ils auront besoin de moi maintenant. Zidane avait été rappelé pour aider l'équipe de France pour se qualifier au Mondial 2006… Oui, moi aussi, comme je vous l'ai dit, j'accepterai avec un immense plaisir d'aider mon pays. Il y a Bedbouda qui a déclaré vouloir suivre vos traces… C'est un immense plaisir pour moi qu'il y ait un joueur qui veuille suivre mes traces. Moi, je lui dis vas-y, fonce, tu n'as rien à craindre. C'est un joueur qui possède des qualités. Je lui souhaite bonne chance. Le fait qu'il parte à l'âge de 20 ans va lui permettre d'évoluer encore, vous qui avez rejoint l'Europe à 24 ans… Non, il n'y a pas de grande différence. En plus, il n'y a pas d'âge pour réussir. Vous préparez votre reconversion en tant qu'entraîneur ? Oui, bien sûr. Actuellement, je joue à Amiens, mais, en même temps, je passe mes diplômes pour devenir inch'Allah entraîneur de football. Entraîneur du Mouloudia ou sélectionneur national ? Je ne sais pas. D'ici-là, on verra. Il ne faut pas brûler les étapes. Il faut commencer doucement. Il y a des étapes à suivre. En plus, ce ne sont pas tous les grands joueurs qui ont réussi comme entraîneur. Un dernier mot au peuple algérien… Je remercie tous ceux qui m'ont soutenu durant toute ma carrière. Le public algérien est merveilleux, il est parmi les meilleurs au monde. Aux supporters du Mouloudia, je leur dis d'être derrière leur équipe. Un salut à mon père et ma mère que je remercie pour leur soutien. Enfin, mes amis que je ne peux pas oublier, à savoir Mohamed et Redouane, surtout ce dernier qui vient d'avoir un enfant, je lui dis : Maintenant, t'es un homme ! (rire).