Nuit cauchemardesque au Kwa-Martiane Les remplaçants face à la Côte d'Ivoire Les Algériens se sont réveillés, hier, avec la gueule de bois. Ils s'étaient tellement enivrés d'illusions et de rêves fous pour cette CAN qu'ils en ont perdu tout leur saoul. Déjà, le tribunal du peuple a tranché : Vahid Halilhodzic est un traître, ses joueurs sont des mauviettes et les dirigeants de la FAF des m'as-tu-vu. Les supporters algériens peuvent passer d'avocats touchants en juges impitoyables. Ils l'ont déjà été avec Saâdane, pourquoi pas avec Halilhodzic ? A bien analyser les péripéties qu'a connues la sélection nationale ces quelques dernières années, le changement des hommes n'a jamais été la panacée. Saâdane, c'est celui-là même qui a été insulté et vilipendé le 3 septembre 2010 Le nom de Rabah Saâdane a été longuement scandé, samedi soir, au Royal Bafokeng Stadium de Rustenberg. Sans doute que partout en Algérie, le cheikh s'est rappelé au bon souvenir de ses compatriotes. C'est fou comme on peut devenir subitement un héros, même en étant absent des événements. Or, ce sont ces mêmes admirateurs de Saâdane qui, le soir du 3 septembre 2010, l'avaient insulté et vilipendé au stade Tchaker et partout ailleurs, après un semi-échec à domicile face à la Tanzanie, lequel avait été suivi d'une défaite en match amical face au Gabon et une participation jugée tout juste acceptable à la Coupe du monde. Héros moins de 8 mois seulement plus tôt, il est devenu l'incarnation de la médiocrité à lui tout seul. D'un seul coup, on a découvert que l'équipe marquait peu, qu'elle était trop défensive et qu'elle se faisait mener par de prétendus nababs. Ainsi est l'esprit de l'Algérien. Benchikha, l'homme de la hargne et du cœur sorti par Bab Marrakech Abdelhak Benchikha a pris le relais. On voyait en lui l'entraîneur audacieux, autoritaire, qui ne se laisserait pas marcher sur les pieds par les «nababs». Un «général» chargé de remettre de l'ordre et de reconquérir le champ de bataille africain. Il a mis du cœur, de la salive, de la gestuelle dans son travail et a réappris aux joueurs à gagner avec la hargne, pour compenser le manque de talent. Mais voilà qu'il prend lui aussi la porte, celle de Bab Marrakech, parce que ses joueurs sont passés complètement à côté face au Maroc. Pourtant, il avait aligné une équipe offensive, ses joueurs avaient dominé durant les vingt premières minutes, mais le coach, en Algérie, est comptable même des maladresses de ses joueurs. Halilhodzic, tombeur de «nababs», mais stérile lors des matchs importants Les Algériens ayant été déclaré nuls et trop mous, on appelle au secours un étranger. Certes, il n'a pas les yeux bleus et roule les R, mais il est presque de chez nous. Vahid Halilhodzic, musulman par ses parents et européen par son parcours, voici le compromis idéal, croyait-on. Après six mois, il fait une révolution : les «nababs» que beaucoup dénonçaient sans jamais nommer sont écartés ou poussés à la retraite. Après six matchs, il est désigné héros national : aucune défaite, un jeu porté vers l'avant et des buts à la pelle. Allez, il a perdu contre le Mali, mais ça a quand même été digéré au milieu de l'euphorie du reste. Mais ne voilà-t-il pas que le jeu vers l'avant se révèle stérile dans des matchs importants : le Mali, la Bosnie-Herzégovine (seule sélection européenne affrontée, donc un indicateur intéressant), la Tunisie et le Togo. C'est beau de battre la Gambie, le Rwanda et la Libye, mais il y a mieux à faire. Belloumi, Madjer, Dahleb, Medane, Saïb, des génies qui ont été bien formés Alors, encore un fusible à faire sauter ? Cela a peu marché avec trois entraîneurs. Cela ne veut-il pas dire, tout simplement, que le mal est ailleurs ? En tenant compte de tous les paramètres, on trouve que le mal est tout simplement dans la qualité limitée des joueurs algériens en général. Il y a très peu de génies du ballon parce qu'il y a défaillance criarde dans la qualité de la formation. Quand on sait que Lakhdar Belloumi a séduit le monde entier à son époque, sans même sortir de l'Algérie, que Rabah Madjer a mis toute l'Europe à ses pieds, que Mustapha Dahleb aurait eu sa place aux côtés de Michel Platini, s'il n'avait pas choisi l'Algérie, que Hakim Medane était international à 17 ans, de surcroît affublé du surnom de «petit Maradona», et que Moussa Saïb a été champion d'Afrique des clubs et des nations en tant que titulaire à seulement 21 ans, on est en droit de se demander ce qu'on forme de nos jours. C'est facile de tomber sur Slimani, même Del Bosque n'y ferait rien Saâdane était trop défensif, certes, mais l'explication en est claire : il n'avait pas les joueurs qu'il fallait pour jouer autrement. Il a dû faire avec ce qu'il avait sous la main. Idem pour Benchikha et pour Halilhodzic. Il en sera de même pour celui qui prendra le relais, au cas où le Bosniaque quitterait ses fonctions. Il y a du talent brut en Algérie - il y en a eu de tout temps - mais une politique des clubs basée sur le résultat immédiat et sur la surenchère en matière de primes et de salaires a réduit les jeunes joueurs au statut de mendiants, quémandant un bout de terrain et un minimum d'équipements pour s'entraîner. Ceux qui sont actuellement sélectionnés font de leur mieux, mais ils ont été insuffisamment formés. L'Algérie ne forme plus. Nous n'avons plus de génies du football, à cause d'une politique fédérale défaillante. C'est facile de tomber sur Islam Slimani, mais on oublie qu'il est issu d'un petit club, la JSM Chéraga, et qu'il n'a jamais bénéficié d'une formation de jeune d'élite. On peut ramener Marcello Lippi, Aimé Jacquet ou même Vicente Del Bosque, ça n'y changera rien. ------------------------ Nuit cauchemardesque au Kwa-Martiane Au coup de sifflet final de l'arbitre malgache qui a officié le match Algérie-Togo, les espoirs des Algériens se sont dissipés. L'Equipe nationale algérienne venait d'être éliminée de ce tournoi, alors que quarante millions d'Algériens s'attendaient à ce que les Verts réalisent un bon parcours dans cette CAN, après avoir épaté durant les éliminatoires. La déception était totale dans le camp des Verts. L'ambiance était morose au vestiaire et à l'hôtel Kwa-Maritane. La délégation algérienne y a passé une nuit cauchemardesque. Raouraoua a regagné directement l'hôtel sans parler à personne Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, s'est dirigé directement à l'hôtel Kwa-Maritane, puis dans sa chambre, déçu de l'élimination prématurée des Verts, sans parler à personne. Halilhodzic s'enferme dans sa chambre Vahid Halilhodzic était dans un état critique à la fin du match, suite à l'élimination de l'Equipe nationale de la CAN. Tellement déçu, il était à cours de mots pour s'adresser à la presse nationale. Ces deux résultats négatifs ne l'enchantent pas de communiquer avec des gens, il a préféré s'enfermer dans sa chambre. Il n'a ni mangé ni dormi Le sélectionneur national s'est privé de nourriture, tout comme lors du premier match, tellement sa déception a atteint son paroxysme. Halilhodzic était choqué à telle enseigne qu'il a perdu l'appétit. Selon une source bien informée, il n'a pas fermé ses yeux toute la nuit. Il a été choqué par la réaction des supporters Vahid Halilhodzic était vraiment choqué par la réaction des supporters, car depuis qu'il a pris en main l'Equipe nationale, en juillet 2011, ils ne lui ont jamais manqué de respect. La nuit du 26 janvier restera gravée dans sa mémoire, lui qui a déclaré à la conférence de presse qu'il comprend la réaction du public. Idem pour les joueurs. La majorité d'entre eux n'en revenaient pas, après avoir été bombardés de toute sorte de projectiles. Les joueurs ont perdu le sommeil Les joueurs ont aussi vécu une nuit cauchemardesque. La majorité d'entre eux n'a pas fermé les yeux toute la nuit, suite à cette élimination au premier tour de cette CAN. Ils ont veillé jusqu'à 4h du matin. Suite à cette défaite humiliante, beaucoup n'avaient pas l'appétit de manger. ------------------------ Les remplaçants face à la Côte d'Ivoire A présent que l'Equipe nationale algérienne est éliminée de la CAN, Vahid Halilhodzic compte opérer quelques changements au sein son effectif au troisième et dernier match des Verts dans cette compétition, ce mercredi, face à la Côte d'Ivoire. Ainsi, on croit savoir, selon l'entourage du sélectionneur, que des changements vont avoir lieu dans le but de donner la chance à certains joueurs de montrer leur talent, à l'instar de Faouzi Ghoulam qui n'a toujours pas joué de matches officiels sous les couleurs de l'EN, alors que c'est un joueur talentueux. Halilhodzic profitera de cette occasion pour incorporer Doukha dans les bois, Bezzaz, Boudebouz et Aoudia en attaque, tandis que Bouazza devrait se produire au milieu du terrain. Cette rencontre lui permettra de juger les joueurs en question, pour préparer dès maintenant le match du mois de mars pour les éliminatoires de la Coupe du monde face au Bénin, au stade Tchaker de Blida.