Chaïb : «On a quitté la CAN sans perdre un seul match» La série des matchs inoubliables de la sélection des Fennecs reprend. Elle coïncide, cette fois, avec le déroulement de la CAN 2010. Le journal se propose de revenir sur quelques matchs ayant marqué les esprits. On a choisi de démarrer ce tour d'horizon des matchs de l'EN par la fameuse CAN 80 et le début de la grande épopée des Verts avec les Madjer, Belloumi et autres Bensaoula, sans les professionnels, faut-il le préciser, qui mènera les Fennecs vers ce Mondial espagnol de 82, à la CAN 2004 et cette extraordinaire résurrection des coéquipiers d'un certain «haramy» Achiou, aujourd'hui, malheureusement absent de la sélection qui se trouve en Angola depuis le 7 janvier courant. Justement ce groupe est constitué en partie de l'équipe qui avait battu l'Egypte, à Sousse, et qui a fait le déplacement en Angola. 14.03.1984 – Bouaké (Côte-d'Ivoire) Phase finale de la Coupe d'Afrique des nations Arbitre : Picon (Ile Maurice) Algérie : Cerbah, Sadmi, Chaïb, Kourichi, Guendouz, Kaci Saïd Mohamed, Madjer, Fergani, Bensaoula (Bouiche Nacer), Belloumi, Menad (Yahi) Entraîneur : Khalef Cameroun : Bell, Toube, Aoudou, Doumbe Lea, Sinkot, Kingue (Kunde), Abéga, Mbida, Ebongué, Milla, Djonkep (Nguea) Entraîneur : Ognanovic On est toujours durant la phase finale de la CAN 84. Huit équipes seulement étaient qualifiées pour jouer la phase finale. On jouait directement les demi-finales. Il n'y avait pas de quarts de finale. L'Algérie et le Nigeria, qui se trouvaient dans le même groupe, s'étaient qualifiés aux demi-finales à la suite d'un match où le moins que l'on puisse dire est qu'il ressemblait étrangement à un certain RFA-Autriche du Mondial espagnol. Cela peut paraître étonnant, mais à l'époque, les clubs professionnels, principalement les clubs français, ne mettaient pas de gaité de cœur les joueurs algériens à la disposition de l'équipe nationale algérienne. Fawzi Mansouri évoluait à Mulhouse puis à Montpellier, Kourichi venait du LOSC, Bensaoula du HAC. Madjer et Bensaoula, qui avaient débarqué la veille du match contre le Ghana et qui s'étaient retrouvés sur le banc des remplaçants lors de cette même rencontre, se retrouvaient titulaires à part entière contre le Cameroun. Une absence à noter lors de cette rencontre contre le Cameroun, celle de Mansouri Fawzi. Ce dernier avait pourtant figuré sur la feuille de match contre le Ghana. Le latéral droit de l'équipe nationale avait été rappelé par son club. Une chose inimaginable aujourd'hui. Les professionnels sont protégés par la FIFA. Au sujet du match proprement dit, la presse de l'époque avait titré en grande manchette : «Entre Mundialistes». Allusion faite à la participation des deux équipes au Mundial espagnol. C'était la première fois que l'Algérie et le Cameroun se rencontraient après les phases finales du championnat du monde disputé en Espagne en 82. Merzekane était resté à la maison Chaâbane Merzekane, qui ne devait avoir que 25 ans, n'était pas retenu à la phase finale de la CAN 84. Mansouri et Sadmi se relayaient au poste de latéral droit. Cette absence n'était pas due à une régression de son niveau ou un autre problème, sauf qu'à cette période, le défenseur, qui s'est rendu célèbre par ses belles chevauchées contre la RFA en 82, était handicapé par une blessure à la main et plus exactement au scaphoïde. Chaïb : «On a quitté la CAN sans perdre un seul match» Libéro au sein de son club formateur, le RCK, Mohamed Chaïb s'est distingué aussi en équipe nationale dans les années 80, il a même participé à la phase finale de la CAN 90. Il revient dans cet entretien sur ce match contre le Cameroun, disputé à Bouaké en 84. * Comme l'atteste les fiches techniques de l'époque, vous aviez pris part à toutes les rencontres de l'équipe nationale en Côte d'Ivoire, en 84. Quel était votre poste ? J'étais aligné le plus souvent au poste de latéral gauche. Malgré le fait que, dans mon club, j'évoluais au poste de libéro. Face au Cameroun, j'ai joué à gauche de la défense. * Le nom de Fawzi Mansouri ne figurait pas dans la composition de la sélection durant ce tournoi… Il a rejoint son club. Les professionnels n'avaient pas les facilités qu'on observe actuellement. C'était très compliqué à un joueur évoluant en France de rejoindre aussi facilement l'équipe nationale. * Quel était votre adversaire ? J'étais en face d'Ebongué, le Cameroun était truffé de stars, à l'image de Milla, Abéga ou Djonkep. Le match était très serré. On a dû aller aux tirs au but pour départager les deux équipes * Vous n'étiez pas retenu parmi les joueurs qui avaient tiré les penalties, n'est-ce pas ? Effectivement, je n'étais pas inscrit sur la feuille remise à l'arbitre. C'était le choix du staff technique, certains joueurs pouvaient se proposer pour tirer un penalty. Quand on arrive à ce stade, cela peut se jouer sur des détails insignifiants. On avait perdu 4 à 5. Mais il faut reconnaître qu'on avait rencontré la meilleure équipe au stade des demi-finales. Le Cameroun était redoutable. L'équipe avait remporté le trophée en 86. On avait de notre côté raté de nombreuses occasions. * A la fin de la partie, des joueurs camerounais avaient ôté leur maillot et le faisaient tourner. Que s'est-il passé par la suite ? Un joueur du Cameroun en faisant tourner son maillot au-dessus de sa tête avait touché Cerbah au visage qui se dirigeait vers le vestiaire. Il y a eu un accrochage entre les deux joueurs. * Vous aviez écrasé toutes les équipes qui se sont retrouvées sur votre passage, sauf le Nigeria, avant le stade des demi-finales, comment cela s'est-il fait ? On avait un bon groupe, le même ou presque qui avait conduit les Verts au Mondial espagnol. Certains joueurs du cru ont acquis de l'expérience en allant se frotter aux championnats européens. On avait commencé par battre le Malawi par 3 à 0. Puis c'était au tout du Ghana (2-0). Avec deux victoires et six points, on était qualifiés. C'était le cas du Nigeria qui avait réussi à passer le cap du premier tour, après ses deux premiers matchs. * Puis vint ce fameux troisième match contre le Nigeria… Que voulez-vous que je vous dise, c'était un match truqué. Comme les deux équipes étaient déjà qualifiées aux demi-finales avant ce match, elles se sont entendues à ne pas trop épuiser leurs forces. * Un remake du match RFA-Autriche, n'est-ce pas ? Il est vrai que notre match face au Nigeria a eu lieu presque deux ans après le fameux match entre l'Allemagne et l'Autriche. Disons que ces deux équipes nous avaient appris la leçon. * Certains anciens de la glorieuse équipe des années 80 font de mauvais présages et pensent à voix haute que cette CAN 2010 risque d'être la plus mauvaise dans toute l'histoire du football algérien. Quel est votre avis à ce sujet ? De mauvaises prestations des Verts lors des Coupes d'Afrique des nations, il y en a eu avant. Vous faites allusion à la piètre prestation de l'EN face au Malawi. * Pensez-vous franchement que le Malawi était très fort ? Je pense que le Malawi est une modeste équipe, mais qui est disciplinée sur le terrain. Quant à nos joueurs, à qui on avait demandé de gérer leurs efforts sous la forte chaleur, j'estime qu'ils n'ont fourni aucun effort pour espérer gagner ce match. Ils étaient tout simplement inertes. * Pour ne pas être accusé de tirer sur l'ambulance. Comment peut-on remédier à la débâcle du premier match ? Il faudrait que l'équipe nationale retrouve les valeurs qui ont été les siennes durant le parcours des éliminatoires combinées de la CAN et de la Coupe du Monde 2010. Avec la volonté de gagner, on peut arriver à de bons résultats dans cette CAN. Entretien réalisé par Mouloud B. Cela s'est passé ce jour-là * Peters James arrête son dîner pour répondre aux questions L'entraîneur des Greens Eagles arrête de manger pour répondre aux questions d'un journaliste algérien. Peters James est nigérian, mais ce qui a attiré notre curiosité, c'est le fait que les Africains soient trop gentils et disponibles. Mais on doute fort qu'actuellement on ose aller déranger un Didier Drogba en plein dîner. Quoiqu'on soit certain que la star de Chelsea est une personnalité aimable. * On parle du désenclavement des régions du Sud On est en 1984 et le Premier ministre de l'époque se rend en visite de travail dans les wilayas de l'extrême-sud du pays. On veut désenclaver les villes comme Djanet. Le désenclavement du Sud est toujours d'actualité. * Belloumi retrouve la forme depuis le retour de Khalef C'est du moins ce que nous lisons dans l'entretien que la star du football nationale avait accordé à un journaliste venu l'interviewer. Belloumi déclarait avoir retrouvé le mental avec le retour de Khalef dans les affaires de l'équipe nationale.