500 Chnaoua ont investi hier matin le 5-Juillet . Amrouche : «On n'hésitera pas à boycotter le derby si la Ligue ne change pas de domiciliation» Tandis que tous les amateurs de la balle ronde attendaient cette seconde finale entre le MCA et l'USMH qui pourrait ne pas avoir lieu, face à l'entêtement de la Ligue nationale présidée par Mahfoud Kerbadj pour faire jouer ce derby au 1er-Novembre, les supporters, lassés de voir leur équipe ballottée de toutes parts par les instances du football ont décidé de passer à l'action. Tandis que les joueurs s'apprêtaient à effectuer leur dernière séance de la saison à l'annexe du 5-Juillet sous une matinée printanière, les camarades de Besseghier étaient loin de se douter qu'ils allaient vivre un début de journée très mouvementé. Et pour cause, près de 500 supporters étaient présents sur le lieu d'entraînement pour manifester leur mécontentement et inciter les joueurs à passer au boycott. 10 h 30 : Les Chnaoua envahissent le 5-Juillet Une demi-heure avant le coup d'envoi de la séance, les supporters étaient déjà en très grand nombre amassés dans le parking du stade olympique. Les fans en question attendaient l'arrivée de tous les joueurs pour prendre les choses en mains. Au même moment, Farid Zémiti et Ait Mouhoub étaient tout deux sur le terrain pour préparer le programme du jour. 10 h 45 : Les joueurs étaient tous à Hadjout pour débuter la séance Bien avant le coup d'envoi, tous les joueurs de l'équipe ont rejoint la pelouse du stade Hadjout pour la dernière séance avant le jour j. Tout le monde s'apprêtait à entamer le menu de la matinée dans une ambiance bonne enfant. 11 h 00 : Les supporters prennent possession des lieux Au moment où les joueurs allaient débuter leur séance par quelques tours de piste, ils ont vu des centaines de fans investir le lieu de travail. A l'unisson, les contestataires ont demandé aux joueurs et au staff technique d'annuler tout simplement cet entraînement. Face à la volonté des fans, les joueurs ont dû s'exécuter en prenant place aux alentours du terrain. «Pas question que les joueurs s'entraînent aujourd'hui. Trop c'est trop. Il y a un acharnement contre le club. A nous de passer à l'action pour faire entendre notre voix, celle du peuple du Mouloudia» c'est la tonalité de la majorité des protestataires. «Pourquoi la Ligue nationale au nom du spectacle et pour retransmettre le match a décidé de délocaliser la demi-finale de la Coupe d'Algérie entre le MCO et l'USMA à Zabana alors que les Oranais voulaient jouer à Bouakeul ? Il y a du deux poids deux mesures» dira un autre supporter sur un ton coléreux. 11 h 10 : Hadj Ahmed accosté par une cinquantaine de fans Après avoir fait un tour à la Ligue nationale pour essayer de changer la donne, Rafik Hadj Ahmed s'est par la suite rendu au stade olympique. Dès qu'il a été aperçu, le chargé du management du club fut accosté par une cinquantaine de fans. Avec sa diplomatie et son sens de la communication, Hadj Ahmed s'est adressé aux supporters en leur confirmant que les dirigeants étaient en train de tout mettre en œuvre afin que le derby soit délocalisé dans une autre enceinte de la capitale. «Croyez-moi, nous sommes en train de faire tout notre possible pour qu'on change la domiciliation du derby» a lancé Hadj Ahmed aux supporters qui étaient à ce moment là dans une phase d'hystérie générale. 11 h 20 : Les joueurs regagnent les vestiaires Face à la détermination des supporters présents sur les lieux, les joueurs n'avaient d'autre choix que de rebrousser le chemin. Il était 11 h 20 lorsque l'ensemble des troupes ont regagné le vestiaire du stade où les joueurs sont restés un bon quart d'heure cloîtrés loin des regards indiscrets, quoique une vingtaine de fans étaient agglutinés au grillage qui protège les vitres du vestiaire pour espionner et savoir ce qui se passait dans l'espace réservé aux joueurs. 11 h 25 : Zémiti et Aït Mouhoub entourés par les fans A défaut de s'adresser aux joueurs, Farid Zémiti et Ait Mouhoub ont cristallisé toutes les attentions. En effet, plus de cent fans ont entouré les deux techniciens afin de leur faire part de leur revendication de boycotter le match. «On est à vos côtés, mais il est évident qu'on laissera pas l'équipe jouer le match dans le cas où il sera programmé comme prévu à Lavigerie. Là-bas, c'est l'intégrité physique des joueurs qui sera mise en danger» a lancé à très haute voix un supporter à l'endroit de l'entraîneur mouloudéen qui a accueilli toutes les réclamations avec beaucoup de diplomatie avant de quitter Hadjout. 11 h 30 : Amrouche demande par téléphone à ses troupes de quitter les lieux Devant une situation d'une telle confusion, Rafik Hadj Ahmed a joint par téléphone le président du conseil, Hocine Amrouche. Celui-ci, a demandé explicitement aux joueurs de quitter les lieux et de rentrer chez eux. Par ailleurs, Amrouche a confirmé aux joueurs que le club allait procéder au boycott dans le cas où la Ligue nationale persistait à faire jouer le derby à Lavigerie. «Dans le cas où il y aurait un changement dans la programmation, on se donnera rendez-vous ce soir au Hilton pour la mise au vert. Dans le cas contraire, on boycottera le match» a dit Amrouche ses joueurs par téléphone. 11 h 45 : Besseghier et les siens ont regagné leur véhicule Il était environ 11h 45 lorsque les joueurs à tour de rôle ont commencé à quitter les lieux pour se rendre à leur domicile. C'était l'occasion pour les supporters de solliciter leurs idoles pour des photos souvenirs. Au passage, chaque élément a reçu des consignes des contestataires afin de boycotter le derby. «Nous sommes tous à vos côtés. Soyez solidaires pour qu'on soit réhabilités dans nos droits. On ne va pas se laisser faire indéfiniment par la Ligue et les instances du football» a glissé un supporter à Bouguèche au moment où celui-ci s'apprêtait à prendre place dans son véhicule. Bouguèche : «On ne peut pas aller contre la volonté de nos supporters» Dans une tentative de l'approcher au moment de quitter le stade olympique, on avait toutes les peines du monde à solliciter Hadj Bouguèche pour une déclaration à propos des événements qui ont contraint les joueurs à annuler leur entraînement. Hadj nous dira quand même une phrase lourde de sens. «Ecoutez, on ne peut pas aller contre la volonté de nos supporters. C'est aussi simple que cela» nous a lancé Bouguèche avant de s'éclipser. 11 h 50 : Attalah, le dernier à quitter l'enceinte olympique Le secrétaire général de l'équipe, Dahmane Attalah, était au milieu de toute cette foule le dernier à quitter les lieux. Le commandant, tel le capitaine d'un navire, s'est assuré que tous les joueurs, staff technique, staff médical ont quitté le stade d'entraînement avant qu'il n'en fasse lui aussi de même. 11 h 55 : Les supporters se donnent RDV au bureau de Amrouche à El Achour Après avoir capoté la séance de travail des joueurs, les supporters ont dans la foulée décidé de poursuivre leur mouvement de contestation. Cette fois-ci, l'objectif était de se rendre au bureau du président du conseil d'administration, Hocine Amrouche, qui est situé à Al Achour. Un cortège impressionnant de supporters s'est donc rendu sur les lieux pour faire entendre leur voix. 12 h 05 : Près de 700 fans agglutinés à l'entrée de la cité Dix minutes plus tard, plus de 700 fans étaient amassés aux alentours de la cité dont l'entrée est gardée par des vigiles. Sollicitant le président du conseil, Hocine Amrouche a opté pour le silence radio, ce qui a eu pour effet d'exaspérer les contestataires qui voulaient avoir un interlocuteur fiable à qui exposer le problème. 12h 15 : Les forces de police interviennent Par crainte de dépassements, les forces de police ont été sollicitées en urgence. A 12h 15, deux véhicules étaient sur les lieux. Mais très vite face à cette présence massive des Chnaoua, les policiers allaient être totalement dépassés par les événements 12h 25 : Les protestataires forcent le passage et entrent dans la cité Après une demi-heure d'attente, la pression est montée d'un cran. La tension était palpable et un certain stress se lisait sur le visage des protestataires qui ont fini par forcer le passage sans que personne ne puisse contrarier leur volonté de se faire entendre par Amrouche. 12h 35 : Deux fumigènes lancés sur le siège de Amrouche A force d'attendre l'intervention de Amrouche qui n'a pas eu lieu, les contestataires ont décidé de passer à l'action en lançant deux fumigènes à l'endroit du siège du président du club. C'était une sorte de tir de sommation avant d'investir le bureau de président du conseil qui est resté cloîtré chez lui. 12h 45 : Les vitres du bureau vandalisées Et pour se faire entendre, les supporters ont choisi de vandaliser les lieux en cassant deux vitres du bureau à l'aide de pierres. C'était le signe fort que les présents n'allaient pas lâcher l'affaire tant que le président Amrouche se mure dans son silence. 12h 55 : Arrivée des renforts Face à cette situation critique qui pouvait prendre des tournures dramatiques, les policiers présents ont appelé les renforts qui sont arrivés vers 12h 55. L'objectif était de sécuriser très vite le périmètre et de rassurer tous les riverains. 12h 58 : Amrouche intervient en affichant la volonté du club de boycotter le match Devant l'insistance des supporters de plus en plus nombreux, Hocine Amrouche n'avait d'autre choix que de sortir pour rassurer les supporters qui voulaient avoir des réponses précises. Le président du conseil a pris son courage à deux mains, sortant pour s'adresser aux Chnaoua. Le discours de Amrouche était clair. Le club n'ira pas à l'encontre de la volonté des supporters dans le cas où la Ligue nationale ne change pas de domiciliation. Amrouche : «On n'hésitera pas à boycotter le derby si la Ligue ne change pas de domiciliation» «Ecoutez, nous sommes tous avec vous. Nous n'allons pas nous laisser faire aussi facilement. Dans le cas où la Ligue s'entête à faire jouer le derby à El Harrach, nous allons tout simplement boycotter le match. Et notre décision sera irrévocable. Tout se décidera avant 17h» a lancé Amrouche à très haute voix aux Chnaoua présents sur les lieux. Une intervention énergique qui a eu un impact fort auprès des supporters qui ont eu le sentiment pour une fois d'avoir le soutien de Sonatrach. 13h 10 : Convaincus, les protestataires rebroussent le chemin Convaincus par le discours du président Amrouche qui a frappé très fort, les fans ont décidé aussitôt de quitter les lieux avec le sentiment d'avoir atteint leur objectif, à savoir celui de mettre une grosse pression sur les instances de football qui n'ont cessé de s'acharner sur le Mouloudia depuis l'incident de la remise des médailles. 13h 15 : Destination Bab El Oued, le fief du club et de la contestation Après avoir fait réagir Amrouche, les supporters ont décidé de se rendre à Bab El Oued, fief du club et lieu de toutes les contestations. Une fois dans leur environnement, les Chnaoua ont préparé la suite de leur mouvement de contestation qui risque de s'inscrire dans la durée dans le cas où les instances de football ne lâcheraient pas du lest. ------------------------------------------ Un quota de 250 places, une insulte pour les Mouloudéens Alors que le stade du 5-Juillet suffit à peine à répondre aux attentes des Chnaoua, les dirigeants de l'USMH ont décidé de réserver un quota de 250 places aux supporters du Mouloudia. Une insulte en somme pour le Mouloudia qui se voit mal disputer un match de cette envergure avec le soutien de 250 supporters. A croire qu'on va jouer une rencontre d'inter quartiers. Un argument qui vient ajouter de l'eau au moulin des Mouloudéens qui n'arrivent pas à croire que l'on puisse programmer une telle affiche dans un stade exigu qui peut à peine répondre aux attentes d'une équipe de Ligue amateur.